Non, le racisme n’a rien de normal !

Alors qu’il essayait d’attirer à lui des électeurs de Geert Wilders, le premier ministre hollandais sortant Mark Rutte a tiré sur les migrants : qu’ils aient enfin l’air normal ou qu’ils dégagent ! Une fois les élections passées, il a reçu – sans rire – l’éloge de l’establishment européen pour avoir été l’homme qui a fait barrage au racisme et au populisme…

Par Geert Cool

Cela fait penser à ceux qui pensaient de même en Belgique au sujet de la N-VA: De Wever et sa clique n’avaient-ils pas enrayé la progression du Vlaams Belang? Le philosophe de gauche Ludo Abicht s’était d’ailleurs exprimé en ces termes : ‘‘J’ai été sympathisant du Front antifasciste et de Blokbuster ainsi que de tous les mouvements de gauche qui ont essayé en vain de lutter contre le Vlaams Blok. En même temps, j’ai toujours défendu que la seule manière de bloquer le vent qui souffle dans les voiles du Blok serait le développement d’un parti flamand nationaliste conservateur, mais démocratique.’’

Cet argument ne tient pas compte du sol à partir duquel poussent des préjugés raciaux. Le racisme peut toujours faire des percées électorales en l’absence de réponse collective de la part du mouvement des travailleurs. Voilà pourquoi Theo Francken parvient à être l’homme politique le plus populaire de Flandre avec son approche excessivement condescendante et arrogante des réfugiés. Lui et ses camarades de parti sont en pleine surenchère de propos racistes.

Zuhal Demir a débuté à son poste de Secrétaire d’Etat à la lutte contre la pauvreté et à l’égalité des chances en s’en prenant à Unia, anciennement Centre pour l’égalité des chances et la lutte contre le racisme. Liesbeth Homans ne voulait pas se laisser dépasser par Demir et a parlé d’Unia comme du ‘‘centre pour les immigrés geignards’’ (traduction libre). Demir n’en est pas restée là et a expliqué le nombre record de personnes ayant fait appel à une banque alimentaire l’an dernier (143.287 personnes !) par ‘‘l’afflux massif de réfugiés’’.

L’abolition de la double nationalité est juridiquement impossible à l’heure actuelle, mais la N-VA s’engage à remettre cette question à l’ordre du jour. L’eurodéputée Sarah Smeyers n’a d’ailleurs pas tardé à dire qu’en l’absence de possibilité de revenir sur la double nationalité, des règles plus strictes devaient entrer en vigueur pour obtenir la nationalité belge. Elle veut instaurer un examen de citoyenneté pour tous ceux qui veulent devenir belges et ceux dont au moins un parent n’a pas la nationalité belge. De Roover, chef de fraction à la chambre, a appelé à l’interdiction de la ‘‘propagande politique étrangère’’ en Belgique. Il s’agit de trois propositions copiées du fameux programme raciste en 70 points du Vlaams Belang à l’époque où il s’appelait encore Vlaams Blok.

Est-ce ainsi que l’on stoppe le racisme et l’extrême droite ? Il est vrai qu’en procédant de la sorte, la N-VA rend difficile au Vlaams Belang de sortir de son coin. Mais, en attendant, les provocations racistes pleuvent toujours. Si la N-VA se concentre aujourd’hui si fortement sur les réfugiés et les migrants, c’est en partie dû au fait que le ‘‘changement’’ qu’elle promettait pour la majorité de la population équivaut à une baisse du niveau de vie. Elle se déchaîne donc sur de nombreux boucs émissaires : les Berbères, les migrants, les travailleurs sociaux, les chômeurs,… Si le mouvement ouvrier ne tape pas du poing sur la table en faveur de ses propres revendications, il est plus facile d’attirer l’attention sur des questions telles que celles de l’asile et de la migration.

On ne stoppe pas l’extrême droite de cette manière. La bulle de la N-VA se dégonflera un jour, c’est inévitable. Sa politique néolibérale est impopulaire. Le Vlaams Belang va sûrement faire son retour en profitant de la voie tracée par la N-VA. Peut-être que ce parti pourra encore obtenir des scores impressionnants.

On ne barrera pas la route aux préjugés racistes en les reprenant à son compte. Nous nous opposons au racisme, notamment parce qu’il divise les masses et rend par conséquent plus difficile de lutter pour une autre société, une société débarrassée des inégalités et des problèmes sociaux associés.

Un programme massif d’investissements publics dans le logement social, la santé, l’éducation, les infrastructures, les besoins sociaux,… s’en prendrait drastiquement aux diverses pénuries sociales tout en créant de nouveaux emplois socialement utiles. Ce sera plus que nécessaire pour s’en prendre à la racine des inégalités. Pour cela, la population devra prendre le contrôle démocratique des secteurs -clés de l’économie. Cela exige de mener une politique socialiste cohérente en tant qu’alternative à la misère du capitalisme. Mener un combat acharné contre ce gouvernement d’apprentis-Thatcher est la première étape pour construire cette alternative.

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