Leur budget et le nôtre

Le système financier mondial que gouvernements et multinationales ont transformé en casino aux portes grandes ouvertes est aujourd’hui en pleine crise. Les effets sont dévastateurs sur le niveau de vie des populations partout dans le monde et l’inflation galopante ne fait qu’annoncer une année 2009 bien plus difficile encore pour la grande majorité d’entre nous. Depuis juin, plus de 3.000 travailleurs ont déjà perdu leur emploi en Belgique, uniquement dans les grandes entreprises ! Le nombre de faillites a atteint un niveau record cet été : plus de 1.800 entreprises en faillite de juin à août 2008, soit près de 23% de plus par rapport à la même période en 2007. (1)

Stephane Delcros

Au milieu de tout ça, Leterme – qui avait mis en avant sa «bonne gouvernance» lors de sa campagne électorale – doit aujourd’hui essayer de trouver 5 milliards d’euros s’il veut arriver à un équilibre pour son budget 2009.Mais de quel type de budget avons-nous besoin ? Dans l’intérêt des travailleurs, de la majorité de la population donc, ce dont nous avons besoin, c’est d’un budget qui permette une augmentation réelle du salaire brut et des allocations, qui se donne les moyens d’entreprendre une construction massive de logements publics de qualité, mais aussi d’écoles et d’hôpitaux gratuits et accessibles à tous ! Un budget qui aille puiser dans les superprofits des entreprises pour financer notamment la création d’emplois via une réduction du temps de travail à 32 heures par semaine sans diminution de salaire !

Mais on connaît les recettes employées pour l’élaboration des budgets par les gouvernements ces dernières années : priorité absolue aux diminutions de charges pour les entreprises en finançant celles-ci par des « trucs » comme la vente de bâtiments appartenant à l’Etat, c’est-à-dire à la collectivité. Bref, un transfert d’argent de nos poches à celles des patrons !

Mais cette recette a fait long feu : la plupart des bâtiments publics ont été vendus et, là où les gouvernements précédents pouvaient compter sur une croissance économique autour de 3%, celle-ci ne devrait atteindre péniblement que 1,6% en 2008 et même 1,2% en 2009.(2) Et la crise boursière actuelle pourrait en plus obliger le gouvernement à devoir débourser de l’argent supplémentaire pour renflouer l’une ou l’autre banque. Si Leterme veut essayer de tenir ses promesses du style « le pouvoir d’achat ne diminuera pas ! », alors le titre du film pourrait vite devenir : « Et pour quelques milliards de plus »…

Nous savons déjà tous comment le gouvernement va vouloir trouver l’argent : en « assainissant » au maximum, sur le dos des travailleurs et de leurs familles. Des diminutions du nombre de fonctionnaires sont ainsi déjà à l’ordre du jour. Mais les coups les plus durs ne viendront probablement pas avant les élections régionales et européennes – et peut-être fédérales – de juin 2009. Tous les partis traditionnels connaissent aujourd’hui une crise plus ou moins profonde, et il est clair qu’aucun d’entre eux n’a envie d’être vu comme le responsable des assainissements à venir. On peut compter sur eux pour continuer la surenchère communautaire.

Nous avons besoin d’un budget qui réponde réellement aux besoins des travailleurs et de leurs familles, pas de nouvelles baisses de charges patronales ! Un tel budget ne peut exister qu’en se donnant réellement les moyens de changer un système qui donne la priorité aux riches et à leurs profits.


(1) Direction générale statistique et information économique, août 2008.

(2) Bureau du Plan, septembre 2008.

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