Pas de fin en vue pour la crise politique

Les vacances sont presque finies. Fin septembre, la N-VA tiendra un congrès où elle retirera sans doute son soutien au gouvernement. En attendant, les mauvaises nouvelles économiques pleuvent. Leterme a déclaré qu’il ne croit plus aux dates-butoirs. Mais les occasions de blocage au sein du gouvernement ne vont certainement pas manquer au cours des prochains mois.

Anja Deschoemacker

L’équipe Leterme va-t-elle survivre aux congrès du CD&V et de la NV-A ? Va-t-elle pouvoir fabriquer un budget qui tienne la route ? Des négociations communautaires vont-elles pouvoir vraiment commencer alors qu’on en est encore à se bagarrer sur qui peut participer à cette concertation : les deux « Etats régionaux » imaginaires (Flandre et Wallonie) dont parlent les partis flamands ou toutes les structures importantes de la Belgique, donc les trois Régions (y compris Bruxelles) et les trois Communautés (y compris la germanophone) ? Le gouvernement va-t-il pouvoir jouer un rôle actif dans les négociations sur les salaires qui s’annoncent ?

La seule chose qu’on peut dire avec un peu de certitude est que tous les partis traditionnels craignent aujourd’hui des élections et que le gouvernement va faire tout qui est dans en son pouvoir pour tenir en place. Pour les politiciens professionnels du gouvernement, des élections signifient évidemment mettre en danger leur propre pouvoir d’achat ! Mais surtout les patrons les poussent à ne pas jeter le pays dans le chaos au moment où leurs profits sont mis sous pression par la crise économique.

Avec ce nouveau budget, comme avec celui de l’an dernier, le gouvernement va certainement encore multiplier les promesses non chiffrées. La nécessité de faire quelque chose pour les revenus les plus bas est encore plus forte après cet été d’inflation record. Mais, en même temps, les patrons hurlent comme des enfants gâtés pour réclamer plus de cadeaux. Et on ne sait pas encore ce que le gouvernement pourra dépenser, alors qu’il devra peut-être aussi renflouer des banques fragilisées par les conséquences de la folle chasse aux profits qu’elles ont menée ces dernières années.

Les négociations salariales s’annoncent très difficiles. Les « partenaires sociaux » vont-ils réussir à conclure un accord (ce qui n’a pas été le cas il y a deux ans parce que la direction de la FGTB n’a pas réussi à trouver une majorité dans ses rangs) ? Ou se dirigera-t-on vers une situation comme celle qu’a évoquée récemment (1). Cortebeeck, le président de la CSC, dans laquelle les secteurs devraient négocier séparément au printemps, ajoutant qu’un tel scénario serait « en faveur des secteurs forts, mais au détriment des secteurs plus faibles ».

Le gouvernement va essayer par tous les moyens de faire payer la crise par les travailleurs et les allocataires sociaux. Au sein du gouvernement – comme de l’opposition parlementaire –personne ne mettra en avant le fait que les entreprises ont fait des profits record les dernières années et qu’on devrait utiliser cet argent pour protéger la population contre la hausse du coût de la vie et contre un nouvel élargissement de la pauvreté. En même temps, les partis traditionnels vont continuer à faire tourner sous nos yeux la grande roue communautaire. Avec les élections régionales et européennes – et peut-être fédérales – en vue, il va pleuvoir des provocations. Pourtant – parce qu’ils n’ont pas d’autre choix – ces partis finiront sans doute par aboutir à un accord, bien que cela ne se passera probablement qu’après les élections de juin 2009.

Mais, d’ici là, nous devons lutter pour imposer nos propres revendications : un budget qui réponde aux besoins des gens qui vivent de leur salaires et de leurs allocations et une augmentation réelle du salaire brut en plus de l’index. Et nous devons nous préparer à faire face à des attaques encore plus sérieuses, une fois qu’un nouveau gouvernement disposera après juin 2009 d’une période de quatre années sans élections.


  1. Interview au Knack, 20 août 2008
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