Pologne: début de mouvement contre la fermeture des mines

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Plusieurs centaines de personnes ont manifesté le 3 septembre dernier à Zabrze en Silésie en défense de la mine de Makoszowy, menacée de fermeture. Les orateurs ont parlé de prochaines manifestations à Varsovie pour défendre les emplois.

Par Tiphaine, Alternatywa Socjalistyczna (section polonaise du Comité pour une Internationale Ouvrière)

En 2015 lors de la campagne électorale, le PiS (Droit et Justice, conservateurs) avait promis de sauver toutes les mines encore en activité. Mais en juillet 2016, le gouvernement PiS a annoncé à la Commission européenne la fermeture de 4 mines pour cause de non-rentabilité.

La réglementation de l’UE sur la concurrence empêche l’Etat polonais de subventionner ces mines pour que leur activité continue. Mais il n’y a aucun plan pour remplacer l’énergie houillère par l’énergie renouvelable, ce qui veut dire que la Pologne va devoir importer davantage de charbon, notamment en provenance de Russie.

Les mineurs font valoir que si le charbon polonais n’est pas compétitif, c’est en partie à cause de la taxe carbone européenne, qui n’est pas imposée sur le charbon russe. Loin de limiter l’impact sur l’environnement, cette taxe ne fait que déplacer le problème.

Le PiS a été élu avec une rhétorique anti-européenne et ignore les avertissements de l’UE concernant les changements constitutionnels. Mais l’euroscepticisme du gouvernement polonais atteint ses limites dès qu’il s’agit de prendre une décision qui pourrait avoir des conséquences financières, et la Pologne ne veut pas perdre les subventions européennes en refusant de se plier à leurs exigences de « compétitivité ».

Pendant le rassemblement, des manifestants portaient des bannières avec les citations du Premier Ministre Beata Szydlo avant les élections, telles que «Seuls les mineurs ont des propositions, seulement il faut les écouter…» Un an plus tard, le gouvernement annonce des fermetures de mines sans même informer les syndicats et n’a pas entamé de négociations avec eux.

La désillusion est rude pour la couche de mineurs qui avaient soutenu le PiS aux élections de 2015.
Sans appeler directement à voter pour eux, les syndicats du secteur minier avaient appelé à ne pas voter pour les partis de l’ancienne coalition gouvernementale (de droite libérale). Une partie des mineurs avait activement fait campagne pour le PiS dans leur communauté.

Pour les partis traditionnels polonais, la seule alternative aux fermetures des mines non-rentables est de s’attaquer aux conditions des mineurs pour minimiser les coûts, en supprimant les avantages en nature en primes, en recourant à des sous-traitants dont les employés n’ont pas le statut de mineur et en économisant sur la sécurité.

Le chantage à la fermeture pourrait pousser les directions syndicales à accepter cette voie dramatique. En fait, la mine de Makoszowy avait déjà subi un plan de coupe d’emplois et ses résultats actuels montrent qu’elle pourrait devenir rentable en 2017. Cela n’a pas permis de sauver leur mine.

Le secteur minier n’est pas une solution durable pour la production d’énergie et pour l’environnement. Mais le charbon représente 86% de l’énergie utilisée en Pologne et ne peut pas être remplacé en un claquement de doigts.

La liquidation des mines ne peut être acceptée que si elle est compensée par un plan de transition vers les énergies renouvelable avec reconversion des emplois. Cela ne pourra jamais se réaliser sous le règne des classes capitalistes polonaise et européenne qui ne voient que le profit à court terme, et qui ne sont pas prêtes à investir pour le développement durable. Seule la nationalisation du secteur de l’énergie sous contrôle ouvrier peut répondre aux besoins de la population tout en assurant la transition énergétique.

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