A nouveau plus de 100.000 le 24 mai? 2e plan d’action : A bas le gouvernement et l’austérité

agents_penitentiaires_17mai2016

Nous sommes encore en plein dans les élections sociales. Quelle en est la participation? Quelle délégation progresse? Quelles seront les relations entre syndicats? C’est encore largement inconnu. Pour les patrons et les politiciens, nos militants sont égoïstes et nos candidats ignorent ce qui se passe au boulot. Dans les médias, les syndicats sont quotidiennement décriés. Pourtant, nous nous renforçons. Il n’y a jamais eu autant de candidats auparavant : 132.750 ! Le nombre de membres des syndicats a grimpé de 200.000 depuis 2006. 75% des électeurs flamands et 81% des francophones estiment que les syndicats sont importants pour défendre nos droits sociaux. Mobiliser cet immense réservoir de soutien en faveur d’une alternative aux politiques néolibérales, voilà tout l’enjeu du plan d’action des syndicats.

Le plan d’action que la direction syndicale a présenté n’est pas des moindres (voir encadré). Il ne pouvait guère en être autrement: Kris Peeters est allé trop loin. Et qu’il ajoute, au beau milieu des Panama Papers, que nous vivons tous au-delà de nos moyens est incroyablement arrogant. Bientôt, les salaires et le droit de grève seront à l’agenda et alors pourra commencer cet été le véritable élagage selon Peeters. Il ne serait pas surprenant qu’un nouveau saut d’index survienne encore. Face à tant de foyers de lutte, la FEB en rajoute une couche en contestant la protection des délégués syndicaux.

Casser la grève sous prétexte de “mission humanitaire”

Le Premier ministre Charles Michel veut que “cette coalition unique change l’ADN de la société.” Comprenez: le gouvernement va à l’épreuve de force. Son attitude à l’égard de la grève des gardiens de prison montre jusqu’où il veut aller. Tout au long de l’année, les prisonniers doivent se soulager devant leurs codétenus en raison de cellules surpeuplées, mais quand les gardes désespérés décident d’entrer en grève, le gouvernement envoie les militaires pour «mission humanitaire». Si le gouvernement applique contre les grèves les mêmes moyens que contre les attentats, comment dès lors être surpris que l’extrémiste patronal Van Eetvelt suit la logique jusqu’à nous qualifier de terroristes?

Armée ou pas, si nous sommes de retour à Bruxelles à plus de 100.000, le gouvernement sera secoué. C’est avec ce message qu’il faut aller vers nos entreprises : nos actions peuvent arracher de bons résultats. Nous ne devrions pas attendre la fin des élections sociales: la meilleure campagne électorale, c’est celle qui répond aux enjeux actuels. Il faut diffuser nos affiches et nos tracts, mais surtout également prendre le temps, avec le noyau militant, de convaincre l’ensemble des collègues de rejoindre le mouvement cette fois-ci. Pourquoi ne pas faire une liste de mobilisation complétée jour après jour ? Chaque secteur, chaque entreprise, chaque travailleur est à nouveau touché par au moins une des mesures. Nous devons en discuter et organiser des assemblées du personnel là où c’est possible. Pourquoi ne pas soumettre au vote le plan d’action afin de maximiser la participation?

Mettre de côté les intérêts particuliers des patrons

Personne ne participerait à une telle assemblée du personnel? On ne peut le savoir qu’en essayant. Mais même avec une présence décevante, vous pourrez au moins signaler que vous avez offert à chacun la possibilité de participer aux décisions. Le patron s’y oppose? Cette confrontation va au-delà de l’entreprise, il s’agit de la préservation de nos droits sociaux et ses intérêts particuliers doivent céder la place. Vous n’osez pas prendre la parole devant tant de gens ? Demandez à votre secrétaire ou si nécessaire à un délégué expérimenté votre secteur d’activité d’être invité comme conférencier. Votre entreprise est proche d’une zone résidentielle? Pourquoi ne pas demander aux voisins d’accrocher à leur fenêtre l’affiche de mobilisation ? Prenez des dispositions concrètes pour le 24 mai, à l’entrée de l’entreprise si possible. Amenez un mégaphone, des drapeaux, du café et une radio. Assurez-vous de l’animation au point de départ.

Une manifestation et une grève, cela ne suffira pas, les enjeux sont trop élevés. La FGTB a raison de prévoir avant juillet une grève de 24 heures, le 24 juin. La menace serait sinon que l’attaque contre la semaine des 38 heures, contre les pensions des fonctionnaires et pour une flexibilité accrue soit débordée par de nouvelles mesures. Un certain nombre de centrales de la CSC ne l’entendent pas autrement. Mais ce n’est pas un hasard si le gouvernement prévoit son véritable travail de coupe pour cet été. Il espère moins d’attention et plus de clémence. Voilà pourquoi les syndicats doivent considérer leur plan d’action au-delà de l’été. La force des syndicats, ce sont les militants. Ils donneront forme au plan d’action dans l’entreprise et si possible dans les quartiers des environs également.

Un taxshift? Ce gouvernement doit tomber!

Un plan d’action qui s’étale sur 5 mois peut être très fort. Cela nous donne le temps nécessaire pour bombarder d’arguments les collègues. Mais l’été ne pourrait pas l’affaiblir ? Allons-nous à nouveau nous laisser rouler par un taxshift qui s’est avéré être une attaque contre notre pouvoir d’achat? Nous avons appris du plan d’action de 2014 que le gouvernement ne veut pas fléchir, il ne “négocie” que des détails. Pourquoi ne pas dire les choses comme elles le sont: le gouvernement lance une épreuve de force politique, son renversement est la seule réponse appropriée. Une grève politique? Ce ne sont pas les syndicats mais bien le gouvernement qui place chaque conflit social sur l’agenda politique. Quel est le problème avec une grève politique de toute façon ? Cela nous a donné la journée de 8 heures, le suffrage universel et les congés payés. Le gouvernement a beau jeu de parler de «valeurs occidentales», il veut nier les moyens qui ont permis de leur faire voir le jour.

Ce gouvernement n’est pas fort. Sa politique économique est un échec. Le déficit budgétaire est à nouveau dans la zone de danger européenne. La dette publique est en augmentation malgré les taux d’intérêt plus bas. Avec la Finlande, notre pays est le seul en Europe à voir baisser son taux d’emploi. Et si demain les prix du pétrole augmentent à nouveau ? Que faire si la Banque centrale européenne ajuste sa politique de création monétaire et de bas taux d’intérêt ? Que faire si l’économie chinoise glisse vraiment dans la récession? Que faire si David Cameron perd le référendum sur le Brexit? Chez qui pensez-vous que le gouvernement ira encore frapper ? Si nous renversons le gouvernement, celui qui le suivra devra chanter sur un autre ton. Il sera confronté à une classe ouvrière plus consciente d’elle-même.

Les syndicats peuvent redessiner le paysage politique

Un mouvement qui balayerait par la grève le gouvernement et l’austérité conduira inévitablement à la question de l’alternative politique. Simplement revenir aux coalitions de centre-gauche qui appliquent l’austérité à un rythme plus lent serait une énorme déception. Les syndicats sont les plus grandes organisations du pays. Leurs appels sont massivement suivis. Beaucoup de jeunes, y compris des non-syndiqués, essayent à leur manière de renforcer la lutte sociale, avec Tout Autre Chose, Nuit Debout et d’autres mobilisations spontanées. Un deuxième plan d’action ne doit pas se limiter à stopper l’austérité ni à la chute du gouvernement. Il doit unir les forces dans l’entreprise, dans les quartiers et dans la rue pour instaurer une politique différente.

Ailleurs en Europe, de nouvelles formations de gauche comme la coalition espagnole Podemos-Izquierda Unida défient les partis traditionnels. Depuis que Jeremy Corbyn s’est retrouvé président du parti travailliste, une guerre civile s’y déroule entre la droite blairiste et la gauche corbyniste. La campagne de Bernie Sanders aux États- Unis illustre le potentiel pour un parti qui rompt totalement avec les politiques de Wall Street. Une rupture des syndicats belges avec leurs «partenaires» traditionnels pour prendre une initiative audacieuse ouverte aux nouveaux mouvements sociaux, au PTB et à d’autres forces de la gauche radicale pourrait générer un enthousiasme débordant et, dans un délai de quelques mois, redessiner le paysage politique du pays. Le PSL y contribuera et continuera à lutter pour mettre fin à ce système obsolète de la propriété privée et du profit afin de promouvoir un socialisme démocratique et moderne où les connaissances et les ressources disponibles bénéficieraient à tous.

  • 24 mai : manifestation en front commun syndical
  • 31 mai : manifestation des services publics en front commun
  • 25 mai – 17 juin : actions à thème
  • 20 – 24 juin : sensibilisation dans les entreprises
  • 24 juin : grève générale de la FGTB (avec le soutien probable de centrales de la CSC)
  • 29 septembre : manifestation en front commun
  • 7 octobre : Grève générale en front commun


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