Les pensions des fonctionnaires ne sont pas trop hautes : celles du privé sont trop basses!

pensions_misereKris Peeters a certainement lu Machiavel qui, au 16e siècle déjà, conseillait aux politiciens de son époque de “ne jamais gaspiller l’opportunité offerte par une bonne crise”. Alors que la plupart des gens étaient encore sous le choc des attentats du 22 mars et se sentaient moins motivés par la lutte sociale, le gouvernement a abusé de la situation pour lancer une nouvelle batterie de mesures antisociales parmi lesquelles une nouvelle attaque contre les pensions des fonctionnaires.

Par Tim (Bruxelles), article tiré de l’édition de mai de Lutte Socialiste 

La Belgique fait partie du peloton de tête concernant les pensions les plus basses d’Europe. Une pension légale ne se monte qu’à peine à 1.100 € par mois, une somme insuffisante pour un niveau de vie décent, sans même parler du coût d’une maison de repos. Sans surprise, près d’un Belge de plus de 65 ans sur cinq vit sous le seuil de pauvreté (Le Vif, 27 mai 2015).

Comme la presse nous l’a fait comprendre à plusieurs reprises ces dernières semaines, les pensions des fonctionnaires sont, en brut, plus élevées de mille euros. Mais il s’agit d’une moyenne dont le calcul inclut également les pensions très élevées des hauts fonctionnaires. Beaucoup de fonctionnaires ont de plus une carrière “mixte” qui combine des années dans la fonction publique et dans le privé, leur pension est donc plus basse. Tout ça est facilement oublié. La majorité des fonctionnaires en Belgique ne dispose que d’une pension comprise entre 1.500 € et 1.700 €, équivalente à la moyenne européenne. Ce ne sont pas les pensions des fonctionnaires qui sont trop élevées, ce sont celles du privé qui sont trop basses pour vivre humainement.

Le gouvernement évite cette discussion et organise une chasse aux sorcières contre les prétendus “privilèges” des fonctionnaires, à l’instar des “tantièmes préférentiels” qui prennent en compte la pénibilité de la fonction pour obtenir une pension complète en moins de 40-45 années de carrière. Il veut aussi supprimer la “bonification de diplôme”, qui assure que les années d’études soient prises en compte dans le calcul de la pension dans certains cas. Dans le même élan, les mécanismes qui permettent aux fonctionnaires, qui ont d’abord travaillé comme contractuels avant de devenir statutaires, de ne pas être discriminés par rapport à leurs collègues statutaires sont aussi remis en question.

Personne ne niera que la législation des pensions est très complexe, très certainement concernant les fonctionnaires. Cela provient des conditions spécifiques de travail des diverses catégories professionnelles. Les tantièmes préférentiels ou la bonification des diplômes existent essentiellement dans des professions où l’on accède à un âge plus avancé. Nombre de ces règles existaient également dans le secteur privé, mais elles ont disparu en conséquence de précédentes vagues de mesures austéritaires. Maintenant, le gouvernement veut finir le boulot.

Le PSL défend une approche différente: chacun a droit à une pension décente indépendamment de la manière dont elle est calculée. Une pension de 1.500 € à 1.700 € par mois est un minimum. Nous nous opposons aux tentatives de diviser les différentes couches de la classe des travailleurs entre elles. Les syndicats doivent riposter par une campagne en faveur d’une pension décente pour tous et de l’extension des éléments positifs du statut de fonctionnaire aux autres travailleurs. Les Panama Papers, les chiffres de la grande fraude fiscale,… démontrent suffisamment clairement que les moyens existent pour que cela soit réalisé.

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