Portugal. Pour un gouvernement de gauche anti-austérité, non à ‘‘l’austérité douce’’!

p10portugalAprès des années d’austérité, la résistance et la pression exercée par la classe des travailleurs sur la situation politique se fait de plus en plus visible au Portugal.

Par Ben (Charleroi), article tiré du mensuel Lutte Socialiste

Officiellement, la situation économique portugaise s’améliore : croissance et exportations en hausse, chiffres du chômage en baisse, etc. Mais à côté des chiffres officiels se trouve la terrible réalité de la crise et des conséquences de l’austérité. Un quart des Portugais sont sous le seuil de pauvreté, les coupes ont été nombreuses dans les dépenses publiques, les salaires ont connu une baisse de l’ordre de 15%, les pensions ont été rabotées, etc. La situation est telle que l’émigration atteint des sommets : près de 400.000 Portugais ont préféré émigrer. Si cela n’avait pas été le cas, les chiffres du chômage seraient d’ailleurs largement plus élevés.

Une nouvelle période d’instabilité politique

Aux dernières élections générales d’octobre 2015, aucun des anciens partis établis – l’ex-social-démocrate ou la précédente coalition de droite – n’a pu gouverner seul. La coalition gouvernementale est restée première sortante des élections avec un peu moins de 37%, mais elle a perdu sa majorité dans un contexte d’abstention record de plus de 44%. Seule une petite minorité de la population a donc voté pour eux. Comme un camarade l’expliquait: ‘‘durant la campagne, ils ont essayé de cacher le vrai visage des leaders du gouvernement- des exécutants qui mènent les travailleurs vers un degré d’exploitation jamais vu depuis la révolution d’avril 1974.’’

La panique des commentateurs de droite du moment est un des éléments permettant de mesurer la crise politique extrême dans laquelle est entré le pays. Pour les masses, il est devenu très clair que tous ces partis – y compris l’aile droite du Parti soi-disant Socialiste – sont des partis de l’austérité et d’un capitalisme pourrissant. La classe dominante portugaise et européenne a montré sa peur de chaque remise en question de l’austérité par la tentative du Président d’alors de remettre le pouvoir à la coalition de droite sortante, en dépit des résultats. Cela n’a pas fonctionné et, sans majorité claire, le Portugal s’est retrouvé avec un gouvernement ‘‘Socialiste’’ minoritaire grâce au soutien parlementaire de la gauche – le Bloc de Gauche et le Parti communiste – suite à des négociations entre ces partis. Ce gouvernement est donc très instable et cela s’est aggravé avec l’élection du candidat de droite Marcelo Rebelo de Sousa aux élections présidentielle de fin janvier.

Et maintenant ?

La coopération du Bloc de gauche et du PCP, si elle devait prendre forme de manière plus principielle, ne pourrait se faire qu’en se basant sur des négociations publique point par point. C’est-à-dire face à l’opinion des travailleurs en mouvements et permettant donc aux masses portugaise d’exprimer ouvertement leurs positions. Ce n’est malheureusement pas le cas, la gauche a choisi de laisser la classe des travailleurs en dehors du processus, faisant des négociations à huit clos, celles-ci aboutissant à des accords plus à droite.

De toute manière il est clair que seule la mobilisation des masses portugaise pourra mettre la pression nécessaire pour que les revendications des travailleurs soient implantées. Le Portugal est entré dans une nouvelle période très complexe qui présente de grandes opportunités mais aussi de grands dangers. Sous la pression des événements internationaux, mais aussi des luttes de masses qui s’étaient développées contre le précédent gouvernement, l’ex-sociale-démocratie, dans sa tentative pour survivre, pourrait être forcée de faire quelques concessions. Cela pourrait susciter des illusions (très brèves) dans le réformisme, et maintenir les travailleurs à domicile. Mais d’un autre côté, la gauche a eu une croissance parlementaire importante, surtout le Bloc de Gauche, et cette visibilité attire une nouvelle génération de travailleurs et de jeunes dans les luttes.

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