CONTRE le sexisme – CONTRE le racisme

ls208_versoLes malheureux événements qui se sont déroulés lors du réveillon à Cologne ont fait beaucoup de bruit. Quelques jours après le Nouvel An, il s’est avéré que quelques centaines de femmes ont été victimes de vols, d’attouchements, et dans deux cas, de viol. Comment toute cette violence a-t-elle pu avoir lieu de façon relativement inaperçue sur le moment ? Cela reste une question ouverte. Au lieu d’y répondre, toute l’attention est restée focalisée sur le débat autour des refugiés et des migrants car les auteurs étaient d’origine nord-africaine selon la police. L’extrême-droite, qui estime pourtant que les femmes devraient rester au foyer sans pouvoir disposer librement de leur corps et de leur destin, a sauté sur l’occasion.

Par Tine (Anvers)

Répondre au sexisme par le racisme ne fera qu’aggraver les problèmes

L’extrême-droite n’est pas la seule à avoir tenu les réfugiés responsables des violences sexuelles. Le secrétaire d’Etat à l’Asile et la Migration Theo Francken (N-VA) a par exemple lancé l’idée d’un “Cours de respect de la femme” pour demandeurs d’asile. Les remarques au sujet du problème plus général du sexisme, dont le sexisme quotidien, ont été balayées d’un revers de la main. Lorsqu’un programme télévisé a évoquait le cas de Pol Van Driessche (NV-A) à propos de qui plusieurs femmes ont témoigné avoir dû repousser les mains baladeuses, Bart De Wever, le président de la NV-A, a parlé d’une “mise en scène nauséabonde”. Le sexisme et les attouchements sexuels sont nauséabonds, peur importe à partir de qui.

Mais différents activistes ont aussi adopté cette rhétorique qui considère le problème sous l’angle culturel. La militante pour les droits des femmes belgo-iranienne Darya Safai a écrit sur le site deredactie.be que le problème trouve son origine dans “l’apartheid de genre de la culture islamique”. Elle a appelé la communauté musulmane à s’exprimer contre les violences de Cologne et à accepter les “règles supérieures du droit occidental”. Selon Darya Safai, nous disposons ici d’une culture “dans laquelle les femmes sont traitées avec respect et peuvent vivre leur identité féminine et sexuelle sans limites.”

Les exemples de délinquants sexuels ‘occidentaux’ ne manquent pourtant pas, au-delà des cas célèbres tels que DSK, Berlusconi ou encore les récents scandales liés à l’Eglise belge. L’écart salarial entre homme et femme (de 25% pour les employées et de 17% pour les ouvrières en Belgique) existe toujours. Les femmes gagnent moins et effectuent une plus grande partie du travail domestique. De plus, la politique d’austérité alourdit encore plus ce travail domestique : il suffit de penser à la question du soin aux ainés et au manque de crèches. A cela se rajoute le sexisme quotidien, illustré par ces jeunes femmes en petites tenues qui doivent stimuler les ventes du salon de l’auto.

La culture est une expression des conditions sociales existantes. La société produit la culture, et pas l’inverse. Sous le capitalisme, cela signifie un fossé croissant entre une petite élite de super-riches et une majorité de la population qui a du mal à joindre les deux bouts ou qui vit dans la pauvreté. La course aux profits transforme les femmes en vulgaire marchandise, dans la publicité par exemple. Les pénuries sociales mènent à l’exclusion et à l’isolement, ce qui offre plus d’espace pour toutes sortes de courants conservateurs.

Répondre au sexisme et à la violence sexuelle par du racisme, ce n’est pas une solution. Nous devons coupler la lutte pour le droit des femmes à la lutte contre les problèmes intrinsèquement liés au capitalisme et qui nous touchent tous. Le chômage structurel, les listes d’attente pour les logements sociaux, l’enseignement qui devient de plus en plus cher mais qui baisse en qualité, les banques alimentaires qui rencontrent un succès croissant, le problème climatique, etc.

Nous voulons éradiquer le sexisme et le racisme mais on ne réussira y parvenir qu’au travers d’un programme orienté vers la création d’une société dont les bases pourraient enfin rendre chacun heureux. Cela exige une lutte collective, sans distinction d’origine, de sexe ou de religion. Le racisme et le sexisme nous divisent et affaiblissent donc notre lutte pour une autre société. Nous voulons une société socialiste démocratique qui éliminerait enfin le terreau fertile au racisme et au sexisme qu’est le système capitaliste.

  • 21 février: manif antifasciste, 11h, hôtel de ville de Gand
  • 5 mars: journée débats anti-sexiste avec des féministes de cologne et d’irlande, Bruxelles. 10h-17h, 45 rue du jardinier
  • 6 mars: manif femmes sans-papiers, 13h, gare de Bruxelles-central
  • 9 avril: Journée Socialisme 2016 (plus d’infos)
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