Vers un nouveau parti unitaire de gauche radicale en Grèce

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Début août, l’île grecque de Thassos a accueilli le camp jeunes organisé par Youth Against Racism in Europe (YRE, Jeunes contre le Racisme en Europe), la campagne antifasciste et anticapitaliste de Xekinima, notre organisation-sœur grecque. Comme d’habitude, une petite délégation de militants belges était également présente.

Rapport de Mathias (Gand)

griekskamp1-300x225Ce 22e camp d’été antifasciste fut parmi les plus couronnés de succès. L’évènement a pris place à la suite d’une période fort intense et agitée avec la campagne pour le référendum sur le mémorandum de la Troïka ce à quoi ont succédé les discussions portant sur la nécessaire construction d’une nouvelle opposition de gauche contre la politique d’austérité acceptée par le gouvernement Tsipras. La participation au camp fut exceptionnelle : plus de 500 militants ont en effet assisté aux discussions parmi lesquels de nombreux syndicalistes issus de dizaines de syndicats différents ainsi que divers dirigeants de mouvements sociaux, au milieu d’une petite foule de jeunes et de travailleurs. 25 orateurs internationaux étaient également de la partie, dont le député irlandais Paul Murphy (Socialist Party, organisation-sœur irlandaise du PSL) ou encore Victor Egio, un conseiller municipal de gauche espagnol.

Si la détente n’a pas été oubliée (projections de films, concerts,…) toute l’attention était bien entendu consacrée au développement de la situation économique et sociale grecque. Le panel d’orateurs en était l’expression, avec notamment un journaliste de l’ERT (la Radio-Télévision hellénique, qui fut au centre d’une lutte emblématique contre les coupes budgétaires), divers militants antifascistes,… La mobilisation contre la construction d’une mine d’or extrêmement polluante à Skouries fut tout particulièrement abordée, au côté de plusieurs combats syndicaux présentés par des acteurs de premier plan de ces luttes. La crise des réfugiés dans la région méditerranéenne a aussi occupé une bonne partie du débat politique.

Sans surprise, la discussion principale a concerné la trahison du gouvernement dirigé par SYRIZA, pourtant propulsé au pouvoir sur base de l’espoir d’un changement social et d’une rupture avec la logique austéritaire. Toute une couche de militants éprouve frustration et colère suite au changement d’orientation décidé par Alexis Tsipras. Parmi ces activistes, les discussions vont bon train concernant les étapes à franchir dans la création d’une nouvelle opposition de gauche en dehors de SYRIZA. Un débat a pris place durant ce camp en présence de quelque 300 personnes à ce sujet. Un large panel d’intervenants figurait à la tribune, dont des représentants de la Plateforme de Gauche de SYRIZA, de l’organisation de jeunesse de SYRIZA, de l’alliance anticapitaliste Antarsya et, bien sûr, de Xekinima.

Le président de l’organisation de jeunesse de SYRIZA, Simos Simotas, a exposé une position remarquablement combative. Parmi les jeunes, plus de 85% avaient voté ‘‘NON’’ au référendum sur le plan d’austérité et la section de jeunesse du parti se distancie expressément du gouvernement. Simotas a défendu l’unification des forces de gauche à l’extérieur de SYRIZA afin de mener la lutte contre chaque nouvelle mesure d’austérité. Il a convenu avec nous que cette formation doit être construite à partir de la base et non par le sommet et qu’elle se doit de disposer d’un programme de rupture avec l’Union européenne et le capitalisme.

Quelques jours à peine après la tenue de ce camp, un appel de la Plateforme de Gauche et de 12 autres organisations a été publié pour la construction d’un mouvement de gauche contre le nouveau mémorandum (en savoir plus). Xekinima se trouve parmi ces signataires. De cet appel a émergé un nouveau parti, l’Unité populaire (LAE), qui réunit actuellement 25 députés et représente donc ainsi la troisième faction parlementaire grecque. Tsipras a annoncé la tenue d’élections anticipées dans l’objectif de se débarrasser de l’aile gauche de son parti et de mesurer sa popularité avant que les coupes budgétaires et autres mesures antisociales ne fassent concrètement subir leur effet.

La situation actuelle représente un énorme défi pour la gauche radicale grecque. Les nouvelles élections qui se tiendront à la fin du mois de septembre constitueront la première échéance de ce nouveau parti. Mais l’essentiel sera d’organiser la riposte sociale contre chaque mesure d’austérité, partout dans le pays. Les premières indications du programme de LAE vont dans le bon sens: la fin de l’austérité et des privatisations, la nationalisation sous contrôle social démocratique du secteur financier et des secteurs clés de l’économie, le refus de payer la dette publique,…

Vous désirez participer au prochain camp d’été de nos camarades grecs ? réservez dores et déjà vos deux premières semaines d’août 2016.

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