Crise politique et candidatures de gauche au menu des élections espagnoles

podemos_maiL’espoir d’une politique de rupture anti-austérité en Espagne se traduit par la recherche d’un débouché politique en cette période d’échéances électorales. Les élections municipales et celles de nombreuses communautés autonomes (équivalant à nos Régions) prennent place ce 24 mai. C’est le premier grand test pour Podemos avant les élections générales de cette fin d’année.

Par Boris Malarme

Discrédit des partis traditionnels et fragmentation de la carte politique

Les derniers sondages donnent l’impression que la croissance électorale explosive de Podemos a atteint son apogée, temporairement du moins. Au lieu d’un scénario d’une croissance ininterrompue de Podemos brisant la domination bipartite du PP (droite conservatrice) et du PSOE (social-démocratie) jusqu’à la victoire électorale aux élections générales, on assiste à un morcèlement de la carte électorale. De celui-ci a pu, entre autre, émerger la formation populiste de droite Ciudadanos (parti des citoyens) surfant sur un discours anti-corruption, dans un contexte de scandales incessants. Cette situation de crise et d’instabilité politique rend compliquée la formation des futurs gouvernements locaux et régionaux.

L’approche politique de Pablo Iglesias et de la direction de Podemos consiste à modérer le programme politique, en renonçant entre autres au non-paiement de la dette et à l’introduction d’un revenu de base pour tous, afin de paraitre plus ‘‘réaliste’’. Cette attitude est remise en question. Ce débat doit être initié et mené parmi les membres et sympathisants de Podemos via des assemblées. Il est nécessaire de présenter une perspective audacieuse de gauche radicale, en ligne avec le programme initial de la formation. La leçon de la débâcle électorale d’Izquierda Unida (Gauche Unie) en Andalousie – en grande partie due à sa participation à un gouvernement d’austérité avec le PSOE sous le prétexte de faire barrage à la droite – doit également être tirée.

Notre section-sœur en Espagne, Socialismo Revolutionario (SR), qui travaille au sein d’Izquierda Unida comme au sein de Podemos, appelle à voter en faveur de candidats qui s’opposent à l’austérité. SR lutte pour des autorités qui osent mener une véritable politique de rupture, de non-paiement de la dette et de nationalisation des banques et des secteurs clés de l’économie sous contrôle et gestion démocratique.

Les listes de confluence de gauche aux municipales

Dans certaines villes, les listes de confluence de gauche permettent une candidature anti-austérité unifiée pour les municipales avec la participation entre autres de Podemos, d’Izquierda Unida, d’écologistes de gauche, de nationalistes de gauche, de syndicalistes, d’activistes des mouvements sociaux, etc. C’est le cas par exemple avec Zaragoza en Común, Marea Atlántica à A Coruña, Barcelona en Comú (malgré l’absence de la CUP, parti nationaliste de gauche catalan). Dans toutes ces grandes villes, les listes de confluence de gauche sont deuxièmes dans les sondages. Barcelona en Comú est même donnée gagnante dans certains sondages, ouvrant la possibilité d’une mairie anti-austérité tirée par Ada Colau, porte-parole de la plate-forme contre les expulsions des logements. Toutefois, dans de nombreuses villes, ce processus a été chaotique, comme à Madrid où la direction locale d’Izquierda Unida a décidé de se présenter à côté de la liste Ahora Madrid.

Socialismo Revolutionario a joué un certain rôle dans ce processus de confluence de gauche à Badalona, une municipalité voisine de Barcelone, en défendant un front uni de gauche et des mouvements sociaux. La liste Guanyem Badalona en Comú est soutenue par Podemos, la CUP, Procés Constituent, SR et les secteurs critiques d’IU et des Verts. Le secteur critique d’IU – l’aile gauche à laquelle participe SR – s’est opposé à la direction qui a renoué avec la vieille coalition entre IU et les Verts. Ceux-ci ont été rejoints par les perdants des primaires de Podemos. Cet exemple est indicatif de la situation dans de nombreuses villes en Espagne où l’obstacle principal était incarné par certaines directions d’IU qui ont considéré les listes de confluence de gauche comme une atteinte à leur petite part de pouvoir. Il est urgent d’unir les secteurs critiques autour d’un programme de virage à gauche et en faveur d’un front uni à la base, au sein ou en dehors d’IU.

Des mairies de gauche ou des élus de gauche pourraient être utilisés pour aider à stimuler la résistance active des travailleurs contre l’austérité autour d’un programme qui désobéit à l’imposition de coupes budgétaires par le gouvernement national.

Partager :
Imprimer :

Soutenez-nous : placez
votre message dans
notre édition de mai !

Première page de Lutte Socialiste

Votre message dans notre édition de mai