La bourgeoisie est faible politiquement, mais quand les syndicats vont-ils passer à l’action?

Au moment où nous publions ce journal, les négociations sur la formation d’un gouvernement sont en train d’établir un nouveau record. Faute de pouvoir apporter des améliorations au niveau du pouvoir d’achat, de l’emploi ou des soins de santé, les politiciens au service du patronat ont été contraints de se livrer à une guerre communautaire. On verra dans les prochaines semaines si elle aboutira à une crise du régime. Mais, même si un gouvernement chrétien-libéral se mettait en place, ce serait un gouvernement peu stable.

Peter Delsing

Lors des négociations, la CGSP-Cheminots a lancé une grève d’avertissement contre les projets sur le service minimum. La direction syndicale avait appelé ses membres à décider « localement » quand mener une heure de grève. Il n’y avait pas de mot d’ordre concret. Or, la force des salariés repose justement sur la discussion et l’action collectives. Pour le syndicat, il existait des méthodes plus efficaces pour émettre un signal, notamment par des actions de grève organisées collectivement et nationalement. En un sens, cette grève a donné une illustration très frappante de la situation politique actuelle.

La bourgeoisie a un problème avec la génération actuelle de son personnel politique. Ses politiciens ne sont plus capables de défendre les intérêts patronaux à long terme. En face, les travailleurs ne disposent pas d’une direction pour forcer une bourgeoisie divisée et affaiblie à la défensive au moyen de l’action collective. Cette absence de direction montre, tant sur le plan syndical que sur le plan politique, la nécessité d’un nouveau parti large des travailleurs.

Le 24 octobre, un débat syndical important s’est déroulé autour de la pétition “Sauvons la solidarité” à Anvers. Ici aussi les demandes d’actions ont fusé depuis la salle et la question de la représentation politique des salariés a été posée. Cette réunion a contredit la caricature très unilatérale “des Flamands égoïstes qui veulent scissionner la sécurité sociale”, propagée par les politiciens bourgeois francophones.

Tant les travailleurs flamands, bruxellois que wallons seront victimes des mesures prévues par le gouvernement de l’Orange Bleue: coupes d’austérité dans les soins de santé, suppression de plus de dix mille emplois chez les fonctionnaires, possibilité de mettre des mineurs dans des prisons pour jeunes dès l’âge de 14 ans,…

Un nouveau gouvernement profitera moins d’une croissance économique qui se ralentit en Europe et aux USA. Les budgets menacent de devenir déficitaires pendant des années. Cela implique des coupes d’austérité telles que Leterme, Reynders et les autres hésitent encore à imaginer.

Entre-temps, les libéraux flamands trouvent que les choses pourraient aller plus vite et exigent la limitation dans le temps des allocations de chômage, l’assouplissement des règles de licenciement, de nouvelles diminutions des charges patronales, etc. Si le projet de l’Orange Bleue échoue, une tripartite avec participation des partis socialistes aura encore plus de mal à réaliser les points de son programme.

La critique du PS et du SP.a sur ce spectacle ? Beaucoup de blabla, peu d’action et surtout du chauvinisme communautaire. Laurette Onkelinx essaie de se dresser comme la Jeanne d’Arc des francophones. Vandenbroucke veut obtenir une victoire “flamande” mais, pour lui, il est plus important encore d’obtenir la scission de la politique de l’emploi (qui jetterait les travailleurs des trois régions dans une concurrence de plus en plus dure) que la scission de Bruxelles-Hal-Vilvorde.

Et les intérêts communs des travailleurs dans ce pays ? On n’entend pas un mot là-dessus. Dans la période d’effervescence qui s’ouvre devant nous, le CAP doit utiliser chaque mouvement de lutte pour mettre en avant une politique vraiment solidaire aux piquets de grève, dans les quartiers et dans les écoles. Un programme pour faire payer les riches trouvera un écho important dans les années à venir.

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