22 avril: La fonction publique peut-elle tirer tout le mouvement vers une lutte généralisée?

services_pAttaquer les services publics, c’est s’en prendre à chacun d’entre nous !

On le sait, l’objectif et la tactique du gouvernement Michel I est la même que celle du gouvernement précédent : nous faire payer la crise des capitalistes ! Même si le rythme est plus soutenu et les attaques plus frontales que précédemment, le même refrain thatchérien nous est seriné : ‘‘il n’y a pas d’alternative’’… Toujours le T.I.N.A. de Thatcher (there is no alternative) qui sert de prétexte à saper nos conditions de vie et accroître davantage les inégalités.

Par Maud (Bruxelles), article tiré de l’édition d’avril de Lutte Socialiste

Le patrimoine de ceux qui n’en n’ont pas

Et pour mener ces attaques brutales, quelle cible pourrait être mieux choisie que les services publics? En effet, s’il est un secteur qui assure une certaine redistribution des richesses et la solidarité en garantissant l’accès pour tous à des droits fondamentaux tels que l’enseignement, la santé, l’eau,… c’est bien celui des services publics. Le gouvernement ne s’y est pas trompé en y imposant, outre le saut d’index, des restrictions budgétaires à tous les secteurs (administrations publiques, justice, enseignement, …) à tous les niveaux (fédéral, régional et local) notamment en ne remplaçant pas 4 fonctionnaires sur 5 et en allongeant les carrières tout en rabotant les pensions qui pourtant figurent déjà parmi les plus basses en Europe. La spécificité des pensions du secteur public est attaquée. La bonification des diplômes et la non-valorisation des prestations contractuelles allongeront les carrières pour une pension moindre, au final. On constate une nouvelle harmonisation par le bas.

Les services publics qui nous garantissent un minimum de vie décente sont maintenant présentés comme des charges afin de continuer à les individualiser, à les privatiser davantage, à creuser les inégalités et aller encore plus vite vers une société à deux vitesses.

Les attaques menées contre ce secteur nous concernent tous. Comme usagers, ce sont nos services publics, que nous finançons avec nos salaires différés (précompte, taxes). Pour les travailleurs de ce secteur, c’est donc une double peine. Et quand il s’agit des travailleuses, c’est triple sanction puisque en plus, elles auront, en général, à assumer les tâches qui ne seront plus prises en charge par les services publics.

Un secteur sous pression de tous côtés

Partout dans le secteur, les conditions de travail se dégradent, les exemples ne manquent pas. On a pu le voir avec l’action des accompagnateurs de train qui subissent des agressions répétées lors des contrôles de titres de transport. S’ils n’étaient pas en sous-effectif et pouvaient exécuter les contrôles en binôme, le risque d’agression pourrait être réduit.

Il faut dire que les chemins de fer sont particulièrement touchés par les mesures d’austérité. On le constate aisément face aux suppressions de trains matinaux ou du soir, de petites gares, aux nombreux retards enregistrés, à l’état de propreté des trains sans compter un matériel moins sécurisé parce que moins bien entretenu. On voit donc une remise en cause du service public et déjà une sous-traitance de nombreux services. Le citoyen est poussé vers les transports individuels. Pour saper la capacité de réaction face à ces économies à tout va, le gouvernement n’hésite pas, au passage, à pousser en avant une sape de l’action collective en remettant à l’ordre du jour le service minimum.

Quand on sait que le personnel des chemins de fer éprouve les plus grandes difficultés à pouvoir prendre ses congés et accumule de nombreuses heures supplémentaires, on voit très bien comment, si un service minimum était imposé, il deviendrait impossible d’encore pouvoir organiser une action de protestation. Ce n’est pas d’un service minimum dont nous avons besoin mais d’une politique de transport axée sur les besoins de la population et pas sur la chasse aux profits ! Il nous faut un service maximum !

Au niveau local, dans les villes et communes, les suppressions d’emplois ont commencé. On assiste à une précarisation (recours abusif aux contrats précaires et manque d’emplois statutaires) et une flexibilisation de l’emploi occasionnant une surcharge de travail pour le personnel restant en fonction, avec pour conséquence la dégradation des services à la population. Et la tendance risque peu de s’inverser quand on pense, outre les coupes budgétaires, aux nombreux exclus du chômage qui doivent se tourner vers les C.P.A.S., ce qui va grever davantage le budget local.

L’enseignement et la culture sont également fort touchés par la diminution des subventions qui leur sont allouées. Ceci a déjà mené à l’augmentation du minerval dans les universités flamandes, sans compter le manque de places dans les écoles et la hausse des tarifs scolaires et parascolaires. Comme c’est le cas aussi pour les crèches.

Le secteur de la justice est quant à lui au bord de la ‘‘faillite’’, ce qui a conduit à une première en Belgique: une journée d’action du pouvoir judiciaire le 20 mars dernier, à la veille du Conclave budgétaire.

Vers la grève du 22 avril

Le rassemblement syndical du 19 mars a marqué le coup d’envoi du second plan d’action. Il faut espérer que ces actions ne se mènent pas en ordre dispersé, le privé d’un côté, le public de l’autre.

Une action de grève des services publics est annoncée pour le 22 avril prochain. Si la CGSP espère voir les autres syndicats la rejoindre pour cette action, il faudrait aussi une unité large des travailleurs de tous secteurs pour pouvoir déstabiliser le gouvernement jusqu’à sa chute et marquer notre refus de toute politique d’austérité! Ce n’est que par la lutte de tous les travailleurs avec ou sans emploi que nous pourrons imposer nos propres revendications et montrer au gouvernement qu’il y a des alternatives à l’austérité !

Malgré une retombée de la tension construite par le premier plan d’action, l’opposition aux nombreuses mesures anti-sociales du gouvernement reste présente. Le potentiel est là. Il nous faut un deuxième plan d’action plus dur et plus massif, graduel, menant à une grève générale nationale de 48 heures éventuellement reconductible pour balayer le gouvernement Michel et toute la politique d’austérité!

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