Où est l’opposition à la politique néolibérale?

Face aux mesures musclées qui ont été proposées par les négociateurs de l’Orange bleue et aux empoignades lors des négociations pour la formation du gouvernement, le manque d’opposition digne de ce nom a été frappant. Les rares déclarations et critiques sont restées étonnament mesurées et prudentes.

Plusieurs partis espèrent sans doute encore être invités à la table des négociations pour la formation d’un gouvernement ou, au moins, pour la réforme de l’Etat. Le SP.a a déjà dit qu’il était prêt à faire l’appoint pour arriver à une majorité des deux-tiers pour une réforme de l’Etat tandis que le PS monterait volontiers dans un gouvernement.

Il n’était donc pas question de montrer une véritable opposition aux propositions qui ont déjà été lancées. Caroline Gennez, la nouvelle présidente du SP.a, a déclaré : « Vu que la majorité n’y croit pas elle-même, l’opposition n’a pas beaucoup de travail ». On pourrait penser que c’est l’occasion idéale d’avancer des alternatives, mais c’est évidemment là que le bât blesse.

La sortie de Gennez sur le « gouvernement pour le grand capital » que voulait mettre en place Leterme ne valait que pour la prolongation des centrales nucléaires. Pour le reste, la social-démocratie a repris à son compte la défense des intérêts patronaux. Luc Van Den Bossche (SP.a) a insisté sur la nécessité d’une formation rapide du gouvernement parce qu’une impasse « enterre la position concurrentielle de notre pays ». Pour sa part, le PS trouvait que le projet en matière de budget était insuffisant parce qu’on y tenait compte d’un déficit au lieu de couper davantage dans les dépenses. Avec de telles « critiques », on voit que l’option d’une tripartite reste donc bien ouverte.

Il y a bien eu des critiques verbales, notamment de la part de Groen, sur le fait que la note du formateur « n’était pas à la hauteur ». Groen et Ecolo sont prêts à négocier leur appui éventuel à une réforme de l’Etat. La réaction d’Isabelle Durant au flirt poussé de son parti avec des grosses pointures du MR a été de dire que si Ecolo n’était pas enthousiaste à propos de l’Orange bleue, il n’en reste pas moins que « nous sommes des gens de dialogue ».

Le Mouvement Ouvrier Chrétien a déclaré que « l’état des lieux concernant l’agenda social » ne les « rassurait pas ». Il a appelé les négociateurs à élaborer un programme « socialement juste ». La FGTB a déclaré qu’elle n’était « pas en faveur » des mesures proposées parce qu’elles sont taillées sur mesure pour le patronat.

Les mesures antisociales des partis pressentis pour former le gouvernement ont pourtant de quoi susciter une réplique plus cinglante sur les plans syndical et politique. Les réactions des soi-disant partis d’opposition démontrent clairement que les travailleurs n’ont plus aucune représentation politique. Rien d’étonnant à ce qu’ils tournent de plus en plus le dos aux politiciens traditionnels et parfois à « la politique » en général.

Si nous ne réagissons pas nous-mêmes aux attaques qui se préparent contre notre niveau de vie, les néolibéraux iront de plus en plus loin dans leur offensive. On a besoin d’une opposition active. C’est une tâche importante à laquelle doit s’atteler une initiative comme le CAP.

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