Le PTB a tenu sa Protest Parade à Bruxelles

Sous un soleil digne de la fin de l’été, des milliers de personnes se sont rendues à Bruxelles dans le cadre de la Protest Parade, les organisateurs du PTB parlant de 7000 participants. Cette manifestation a clairement illustré que la gauche existe toujours bel et bien, de même que la recherche d’alternatives face aux plans d’austérité drastiques du gouvernement de droite dure.

Le plan d’action des syndicats allant crescendo jusqu’à la grève générale du 15 décembre prochain a posé le défi de construire un mouvement de masse pour faire chuter le gouvernement Michel. Mais nous ne voulons pas seulement faire tomber Michel 1er, c’est toute la politique d’austérité qui doit être balayée. L’arrivée au pouvoir d’une nouvelle tripartite appliquant une politique similaire après la chute de ce gouvernement ne représenterait aucunement une alternative. De nombreuses attaques – comme la suppression progressive de la retraite anticipée ou la remise en cause de l’index – s’appuient sur des politiques menées par le gouvernement précédent. Wouter Beke (CD&V) a déclaré que l’actuel accord gouvernemental aurait tout autant pu être conclu avec les socialistes. C’est surtout le rythme des attaques qui est aujourd’hui différent.

Mais Wauter Beke a raison, un gouvernement Di Rupo 2 ne serait pas une alternative. Nous avons besoin d’un nouveau parti de masse des travailleurs pour rompre avec la politique d’austérité, un parti dans lequel le large éventail d’opinions présent dans le mouvement des travailleurs trouverait sa place. Dans ce cadre, avec sa position de première force de gauche radicale possédant également un poids électoral et plusieurs députés, le PTB est naturellement dans la meilleure position pour jouer un rôle important. Mais devant l’offensive de la droite, nous allons avoir besoin de toutes nos forces. Un piquet de grève est plus fort si tout le monde est présent, dans le respect des sensibilités de chacun au-delà des frontières syndicales ou de statut (ouvrier, employé, intérimaire, travailleur d’un sous-traitant, stagiaire,…). Cela s’applique également à la représentation politique du mouvement des travailleurs. Pour arriver à la constitution d’une alternative large, l’ouverture et le respect des spécificités de chacun sont cruciaux.

Une telle ouverture n’était pas présente à la Protest Parade. Nous avons vu tout le contraire avec une manifestation uniformisée où chaque drapeau, pancarte,… appartenant à d’autres organisations était renvoyé manu militari à la fin de la manifestation. Que les autres forces de gauche, tant les partis que les associations, se retrouvent comme convenu à la fin du cortège, cela ne représentait aucun problème et cela n’a, du reste, été contesté par personne. Mais le simple fait d’aller dire bonjour à des collègues présents ailleurs dans le défilé avec un drapeau ou une pancarte était interdit, ce qui constitue une forme extrême d’imposition du silence pour tout type de discussion. Nous avions visiblement mal compris l’invitation de Raoul Hedebouw, porte-parole du PTB et élu fédéral, faite envers tout le « peuple de gauche ».

Du côté francophone, lorsque le PTB avait annoncé une ouverture sous la forme de Gauche d’Ouverture, cela avait à juste titre été salué par la FGTB de Charleroi & Sud Hainaut comme un pas en direction de l’appel lancé par cette régionale le 1er mai 2012 pour réunir sur une base anticapitaliste toutes les forces politiques à la gauche du PS et d’Ecolo. Si la FGTB de Charleroi & Sud Hainaut avait décidé de mettre davantage l’accent sur cet appel en prenant part à la Protest Parade ou si d’autre sections et délégations combatives avaient décidé d’y participer, se seraient-elles vues confinées à la fin du cortège? Ou alors ces délégations auraient-elles eu à se diviser entre ceux qui voulaient manifester au sein du cortège et ceux qui voulaient manifester avec les drapeaux, les pancartes et les tracts d’autres organisations, derrière la ligne du service d’ordre ?

Pour stopper l’offensive de la droite, la tripartite n’offre aucune alternative, comme nous l’avons dit. Nous sommes à l’aube d’un mouvement de résistance qui a, face à lui, de grands défis. Les Thatchers belges veulent s’en prendre drastiquement à notre niveau de vie et changer le rapport de forces en faveur du capital. Notre camp, celui du mouvement des travailleurs, doit riposter avec toute sa force. La devise de «l’unité dans la diversité», la base de la solidarité, ne peut que nous renforcer.

Les militants du PSL seront présents dans la lutte contre ce gouvernement des riches, côte à côte avec leurs collègues, leurs amis, leurs connaissances,… et ce au-delà des divergences politiques. Il nous faudra de grands efforts pour faire chuter ce gouvernement, et cela nous conduira évidemment à débattre de la manière de traduire le plus efficacement possible le plan d’action syndical sur notre lieu de travail, des prochaines étapes à construire si le gouvernement reste sourd à nos revendications lors de la grève du 15 décembre, de ce qui devrait remplacer le gouvernement Michel,…

Mener et stimuler ce débat, à la fois au travail et dans les actions ou encore parmi les militants, fait partie intégrante de la préparation des prochaines étapes de notre lutte. Le PSL pense à ce titre pouvoir y offrir un apport constructif.

Nous avons envoyé une proposition de déclaration à diverses organisations qui nous avaient dit être favorables à une réaction commune.


Réaction d’Eric Byl

Certains lecteurs commençaient à être impatients face au silence de « socialisme.be » vis-à-vis des événements que nous commentons ci-dessus et des allégations exprimées par le PTB sur son site à l’encontre du PSL. Nous avons délibérément reporté la publication d’une réponse. Nous ne voulions pas réagir à chaud et préférions laisser les événements retomber quelque peu. Dans le feu de la polémique, on peut en effet avoir tendance à réagir sans considération pour le contexte politique. On peut aussi, comme l’auteur d’un article sur le site du PTB, écrire des choses qui ne sont pas conformes à la vérité et même carrément contradictoires. C’est ainsi que Max Van Cauwenberghe, apparemment l’un des responsables du service d’ordre du PTB, a écrit que les militants du PSL auraient jeté des pétards au service d’ordre du PTB. Ceux qui étaient sur place savent très bien qu’il n’y avait pas de pétards. Il affirme également qu’un membre féminin du service d’ordre a été frappé, a eu des côtes froissées et au moins deux semaines d’incapacité de travail. C’est une lourde accusation. De la part du PTB, qui dispose de suffisamment d’avocats et de médecins, on peut se demander comment cela se fait qu’ils n’ont pas immédiatement publiquement identifié le responsable. L’explication est simple : ce que Max décrit n’est jamais arrivé. Si Max avait un peu réfléchi avant d’écrire ou avait au moins relu une fois son article, il n’aurait pas tout d’abord parlé de façon désobligeante d’une cinquantaine de membres du PSL pour ensuite parler de « de nombreux membres » du PSL qui ont tenté de forcer leur présence aux premiers rangs. Laisser tout d’abord les choses retomber avant d’écrire est vraiment très utile et peut vous aider à éviter d’inutiles malentendus.

Ce que le service d’ordre du PTB a osé dans le cortège de la Protest Parade n’a plus été vu depuis les années ‘80. J’ai moi-même eu Jan Hasaers du PTB au téléphone la soirée précédent la manifestation. Sa proposition que le bloc anticapitaliste se retrouve derrière le PTB lors du rassemblement me semblait chose évidente. Je n’avais pas compris que cela signifiait pour lui et pour le PTB qu’il était interdit à des individus ou à des amis d’aller voir le reste de la manifestation en portant des drapeaux ou des pancartes du PSL pour y saluer un collègue ou aller à la recherche d’une connaissance. Toute personne qui avait un drapeau du PSL, d’EGA ou de Blokbuster, qui portait une pancarte du PSL ou qui avait quelques journaux à vendre était, dans le cortège du PTB, manu militari interpelé et renvoyé derrière les lignes du service d’ordre. Ce n’est pas ce que j’avais compris au téléphone, au contraire, Jan avait même explicitement confirmé qu’il n’y avait aucun problème pour nos ventes de journaux. Le PSL a au moins eu droit à un appel téléphonique, même s’il n’était pas possible de comprendre les intentions réelles du PTB. D’autres n’ont pas du tout été contactés, mais ont tout de même été interpelés sans ménagement pour être renvoyés à l’arrière. C’est au moins arrivé à un anarchiste avec son drapeau rouge et noir. En dépit des affirmations de Max, la LCR s’est aussi plainte que ceux qui voulaient diffuser son tract ont été renvoyés à l’arrière. Le PTB affirme que le PSL ne s’en est pas tenu aux accords convenus entre Jan Hasaers et moi-même au téléphone, mon sentiment était que cette discussion était beaucoup plus fraternelle et ouverte que les actes du service d’ordre du PTB. Cette manifestation fut un succès, mais l’absence totale de drapeaux, pancartes, journaux ou tracts d’autres organisations de gauche nous fait froid dans le dos. Nous espérons que ce n’est pas là le renouveau démocratique que le PTB dit vouloir.


Photos de la Protest Parade

Par PPICS

Par Loïc

Par Liesbeth

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