La campagne sera verte. Et après ? Et comment ?

La campagne sera verte. Et après… ? C´est par ces mots que Christophe Schoune introduisait son édito dans Le Soir le 13 février. Il faudrait ajouter : Et comment… ?

Vincent Devaux

Le constat saute aux yeux : on n’a jamais autant entendu parler de « révolution » énergétique ou environnementale que dans cette campagne électorale. Mais quelle crédibilité peut-on donner aux grandes déclarations des chefs de file des partis traditionnels qui fleurissent dans les médias ces derniers temps ? Car si tous les partis ont – apparemment – la volonté d’opérer des réformes, ils restent fort discrets sur la question des moyens. Soit le financement reste obscur (aux dépens de quel autre budget essentiel ?), soit la « contre-partie» de ces réformes consistera en de nouvelles attaques sociales.

Un autre point essentiel reste prudemment ignoré : comment opérer les changements radicaux nécessaires tout en laissant aux mains du privé les géants de l’énergie qui exercent une influence fondamentale sur le fonctionnement de la société (choix du type d’énergie, blocage des recherches en énergie verte, contrôle sur les bénéfices qui pourraient servir à la recherche,…) ? Quel parti est prêt à remettre en question une société basée sur le contrôle de la production par des actionnaires privés ne pensant d’abord qu´en terme de profits ?

Prendre l’argent dans les poches des travailleurs…

Le MR est à ce titre un bel « exemple ». L’obsession fiscaliste de Didier Reynders, donnant la priorité à la politique du bâton et de la carotte, va au final frapper les plus précaires – taxes CO2 sur les voitures (les plus anciennes et les moins chères sont les plus polluantes), taxes pour ceux qui utilisent beaucoup d’énergie pour se chauffer (l’isolation des logements est loin d’être bon marché) – sans changer grand-chose.

ECOLO ne va pas apporter de réponse fondamentalement différente des autres partis en appelant à une « Union Nationale pour le climat ». Imagine-t-on cette Union Nationale oser s’en prendre aux intérêts des grosses multinationales ? Il est certain que, pour les partis traditionnels, ce seront les travailleurs qui paieront les réformes à coup de nouvelles taxes indirectes.

… ou dans celles du patronat ?

Pourtant, l’argent ne manque pas. En 2006, les cinq plus grosses multinationales pétrolières ont fait 120 milliards de dollars de profits. Ces entreprises n’ont aucun intérêt à favoriser la recherche d’énergies alternatives et l’argent ira droit dans les poches des actionnaires ou dans des recherches destinées à augmenter leurs profits. Exxon Mobil préfère par exemple donner 10.000 dollars à chaque scientifique publiant des articles critiquant le rapport du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) qui pointe la responsabilité humaine dans le réchauffement climatique.

Si on veut être crédible sur la question environnementale, il faut exiger que les secteurs-clés de l’économie passent sous le contrôle démocratique de la population. Ce n’est qu’alors qu’il sera possible d’investir massivement dans les énergies alternatives, dans des transports en communs gratuits et de qualité,…

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