Seules les actions de masse peuvent arrêter les conflits impérialistes

Environ 10.000 personnes ont participé à la manifestation contre la guerre à Gaza du 27 juillet dernier à Bruxelles. Moins d’un mois plus tard, 5000 personnes se rassemblaient à nouveau dans la capitale pour protester contre la violence de l’État israélien. Ces manifestations et la vague d’actions locales qui ont pris place dans notre pays témoignent de l’indignation et du soutien grandissant pour la cause palestinienne.

Par Elise (Charleroi)

Cette colère du public s’est rapidement manifestée à la suite de l’offensive «Bordure protectrice» déclenchée le 8 juillet dernier par le gouvernement Netanyahu. Ce dernier a instrumentalisé la mort de trois jeunes israéliens comme prétexte pour justifier la nécessité d’une intervention militaire à Gaza. Depuis le début de l’offensive, près de 2.000 Palestiniens ont trouvé la mort, dont une grande proportion d’enfants étant donné que l’âge moyen des 1,8 million d’habitants de la bande de Gaza n’est que de 17 ans. Plus de 460.000 personnes ont été déplacées.

Une situation dans l’impasse

Selon le gouvernement israélien, cette attaque était nécessaire pour neutraliser la force militaire du Hamas à Gaza et supprimer les tirs de roquettes. En réalité, cette vague de violence ne fait que renforcer le désespoir du peuple palestinien, encourageant le sentiment de vengeance et le risque d’actes terroristes envers les citoyens israéliens. De plus, l’offensive à Gaza a déjà causé la mort de 53 soldats israéliens, un bilan bien supérieur au nombre de victimes des tirs de missiles effectués par le Hamas et autres milices palestiniennes dans les douze dernières années.

Les négociations n’offrent que peu d’espoir, étant donné que le gouvernement israélien exige une démilitarisation
totale de Gaza par le Hamas comme condition pour un cessez-le-feu, tandis qu’Israël garderait l’ensemble de ses moyens d’agression militaire envers les Palestiniens. Les revendications du Hamas et du Djihad islamique concernent principalement la levée du siège sur Gaza et la fin des agressions israéliennes. Mais celles-ci ne son pas acceptables pour le gouvernement Netanyahu qui s’est engagé dans une guerre de prestige présentée comme la seule solution pour garantir la sécurité du peuple israélien.

Même si une trêve durable est finalement négociée, les conditions de vie des Palestiniens resteront épouvantables étant donné les conséquences dévastatrices des attaques des deux derniers mois : pénurie d’eau potable et d’électricité, destruction des systèmes d’évacuation, destruction d’un tiers des hôpitaux… Le risque d’apparition de maladies est augmenté et la population devra affronter une grave crise humanitaire.

Le rôle des puissances impérialistes

Face à cette crise, les gouvernements occidentaux hésitent à prendre position. Il faut dire que ces pays ont du mal à cacher leurs relations lucratives avec Israël. Ainsi, alors que la Maison-Blanche a timidement regretté les attaques de l’armée israélienne sur les écoles de l’ONU, les États-Unis octroient toujours une énorme aide économique et militaire à Israël, ayant ainsi contribué à la création de l’une des plus puissantes armées du monde. Pour la Grande-Bretagne, c’est le commerce d’armes très lucratif avec Israël qui justifie la position pro-Israël du premier ministre David Cameron.

À force de briser et de diviser les différentes autorités palestiniennes qui se sont succédé et de multiplier les colonies et le contrôle sur Gaza, le gouvernement israélien a favorisé la radicalisation du peuple palestinien et la montée de forces islamistes telles que le Hamas ou le Djihad islamique. Une fois de plus, les puissances impérialistes se retrouvent confrontées au monstre de Frankenstein qu’elles ont elles-mêmes contribué à développer. En Syrie et en Irak, aux frontières d’Israël, les milices de l’État islamique sèment la terreur et menacent les intérêts des puissances occidentales dans la région. Comble de l’ironie quand on sait que ces milices djihadistes trouvent leurs racines dans la résistance des sunnites suite à l’invasion américaine de l’Irak en 2003, et qu’elles ont été financées et armées par la Turquie, l’Arabie saoudite et le Qatar avec l’approbation des USA, qui voyaient là un moyen d’affaiblir le pouvoir de Assad en Syrie et de créer un futur ennemi pour l’Iran.

Le peuple palestinien n’a donc rien à espérer des puissances impérialistes pour son salut. La stratégie du Hamas repose pourtant sur des alliances avec les puissances arabes et a déjà montré ses limites. Ainsi, le Hamas a cesser d’avoir le soutien de l’Égypte lorsque les Frères musulmans ont été chassés du pouvoir par l’armée de Sissi. Il a également perdu celui de la Syrie et de l’Iran après avoir refusé d’accorder son soutien au régime d’Assad. Par ailleurs, la stratégie des tirs de roquettes du Hamas n’apporte aucune avancée au peuple palestinien; au contraire, elle permet au gouvernement israélien de justifier ses attaques et, en tuant des civils israéliens, crée une division et diminue le soutien pour la cause palestinienne parmi les Israéliens.

Déjà dans les années 1980, la stratégie de l’OLP de Yasser Arafat était de s’appuyer sur les pays arabes pour mener une lutte armée de libération de l’extérieur. Cependant, le soutien des pays arabes n’était lié qu’à leur propre intérêt économique. Ainsi, le Roi de Jordanie négociait en secret avec Israël pour récupérer la Cisjordanie qu’il considérait comme une province de son royaume. Cette stratégie a causé une faillite complète de la lutte palestinienne, menant à une insurrection des masses et à la première intifada en 1987.

Seules des actions de masse pourront arrêter le massacre

En 1987, la première intifada a mené à une situation de double pouvoir dans les territoires palestiniens, qui n’étaient plus contrôlés ni par l’administration civile israélienne ni par les autorités municipales palestiniennes. Le pouvoir était entre les mains de comités populaires élus dans les villes, les villages et les camps de réfugiés. Le mouvement n’a pu être arrêté que par la trahison de l’OLP de Yasser Arafat qui a repris le pouvoir des comités et créé l’Autorité palestinienne, ce qui n’a pas empêché Israël de continuer à créer des colonies. Cette impasse a débouché sur la Seconde Intifada en 2000, dominée par les attentats-suicides organisés par le Hamas, sans participation des masses et sans processus démocratique.

En Afrique du Nord, seuls les mouvements de masse des travailleurs et des jeunes ont été capables de faire tomber les dictateurs avec qui les puissances impérialistes collaboraient depuis des décennies. Le peuple palestinien ne peut compter que sur ses propres forces et celles des travailleurs israéliens pour mettre fin au conflit. Le 26 juillet dernier, une manifestation antiguerre a rassemblé 6.000 personnes à Tel-Aviv, et une autre près de 10.000 en août, dont une majorité de juifs, et ce malgré la propagande du gouvernement. Cela montre le potentiel pour des mouvements de masse dans la région.

Le monde dans la tourmente

Les minorités nationales ne peuvent espérer la fin de leur oppression sous le système capitaliste. En effet, les impératifs de profits de ce système sont antagonistes à l’octroi de droits démocratiques pour les différentes minorités d’un pays, tels que les droits linguistiques. De plus, dans une période de crise du capitalisme comme celle que nous traversons aujourd’hui, les tensions inter-impérialistes sont brutalement ravivées et donnent lieu à une multitude de conflits locaux. Dans de telles situations, chaque puissance impérialiste instrumentalise chaque nationalité, chaque ethnie pour mieux défendre ses intérêts, et ce y compris militairement. On le voit en Ukraine, où les droits de la population russophone sont utilisés comme prétexte par Poutine qui n’est en réalité guidé que par les intérêts économiques que représentent le passage du gaz russe vers l’Europe ou la base marine russe en Crimée. De la même manière, l’Union européenne utilise le sentiment anti-Poutine pour tenter de développer une emprise sur l’économie ukrainienne. Les tensions impérialistes créées par le système capitaliste mènent inévitablement à la guerre et à la misère pour les masses.

C’est pour cette raison que le Mouvement Socialiste de Lutte, section du Comité pour une Internationale Ouvrière en Israël-Palestine, section soeur du PSL, soutient non seulement la fin du siège de Gaza et des attaques israéliennes, mais également la création d’organisations indépendantes de travailleurs en Palestine et en Israël, ainsi que la lutte de masse des Palestiniens sous leur propre contrôle démocratique pour leur droit à l’auto-détermination, avec comme objectif la création d’un État palestinien indépendant, socialiste et démocratique, au côté d’un État d’Israël socialiste et démocratique, dans le cadre de la lutte pour un Moyen-Orient socialiste.

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