Le 25 novembre dernier, pour la Journée internationale de lutte contre les violences envers les femmes, des centaines de milliers de personnes ont occupé les rues d’Italie. Malgré l’extrême droite au gouvernement, malgré la répression et malgré l’intense propagande misogyne dans les médias, les mobilisations n’ont pas perdu leur souffle. Les cris des femmes, des personnes LGBTQIA+ et des opprimé.e.s résonnent encore plus fortement, avec une rage redoublée.
Par Giulia (Liège)
Le 11 novembre, une étudiante de 22 ans, Giulia, était assassinée par son ancien compagnon. Ce fut la goutte d’eau qui a fait déborder le vase, le débat sur les causes systémiques des féminicides a embrassé la société italienne comme jamais jusqu’alors. Les autorités sont apparues pour ce qu’elles sont : complices des violences. Elles ne pouvaient plus se cacher derrière des minutes de silence ou des veillées funèbres.
Basta ! Les victimes en ont assez de pleurer. Il est temps de balancer à la poubelle les injonctions sur la « bonne » manière de réagir à une agression et toute cette rhétorique de la « bonne victime » à la tête baissée. Dans la rue, les femmes et les personnes LGBTQIA+ portaient des slogans inspirés des vers de la poétesse Cristina Torres Caceres : « Si demain c’est moi, si je ne reviens pas demain, maman, détruis tout. »
L’émancipation des femmes ne sera complète qu’avec celle de tous les peuples opprimés
Et basta l’hypocrisie des politiques ! Le 25 novembre, on trouvait des cortèges de femmes palestiniennes dans les rues de Rome, tout comme ailleurs en Europe et notamment à Bruxelles. Le bloc de soutien au peuple palestinien a été pris pour cible par la police, stoppé et aspergé de gaz lacrymogène tandis qu’une vingtaine de personnes étaient arrêtées. En réaction, une carte blanche signée par 21 collectifs dont la Campagne ROSA réaffirmait très justement que « Le combat pour l’émancipation des femmes n’est complet que dans la lutte pour l’émancipation de tous les peuples opprimés. »
L’ONU Femmes met en évidence, dans un rapport de décembre, l’impact disproportionné du conflit sur les femmes et les enfants de Gaza. « Deux mères tuées toutes les heures et sept femmes tuées toutes les deux heures. (…) Chaque jour, 180 femmes accouchent à Gaza sans eau, sans analgésiques, sans anesthésie pour les césariennes, sans électricité pour les incubateurs et sans fournitures médicales. » Parmi les victimes de ces trois derniers mois, 70% des personnes tuées sont des femmes et des enfants.
Les oppressions liées au genre, déjà présentes à différents degrés selon les contextes, deviennent encore plus marquantes lorsque la violence de la guerre secoue les peuples. Les féminicides et les viols deviennent des armes de guerre, comme ce fut le cas par le Hamas lors de l’attaque du 7 octobre. Les actes de violences du Hamas envers les femmes doivent être condamnés, de même que celles de son sponsor iranien, récemment secoué par une lutte féministe de masse. L’approche du Hamas qui consiste à considérer chaque habitant d’Israël, du nourrisson au vieillard, comme un combattant, ne peut pas représenter une solution, encore moins pour les femmes et les personnes LGBTQIA+.
Mais nous rejetons également l’instrumentalisation de ces violences par l’État israélien pour justifier le massacre en cours dans la bande de Gaza. À plusieurs reprises, l’État israélien a tenté de se présenter comme un îlot de bienveillance au milieu d’un monde oriental hostile aux droits des femmes et des personnes LGBTQAI+ alors qu’il s’agit d’un régime théocratique conservateur qui encourage le harcèlement et les agressions sexuels envers les Palestiniennes enfermées dans ses prisons.
Combattre une oppression signifie de les combattre toutes
La lutte pour les droits des femmes ne peut être reléguée au second plan. Toutes les oppressions – racisme, antisémitisme, islamophobie, sexisme, queerphobie ou oppression nationale – sont entretenues et renforcées par le même système d’exploitation et de violence capitaliste.
Ce 8 mars, nous défendrons l’héritage de la féministe socialiste Clara Zetkin qui, lors de la Journée internationale de lutte pour les droits des femmes de 1915, avait pris la tête d’une manifestation anti-guerre réunissant des dizaines de milliers de personnes en plein Berlin. Occupons les rues en solidarité avec les femmes et les personnes LGBTQIA+ de Gaza et d’ailleurs ! Luttons pour la fin de la guerre, la fin de l’occupation, la fin des violences de genre et la fin de toute forme d’oppression !