Non à l’austérité. Oui aux avortements sécurisés.

Mon corps, mon choix !

Par Emily (Namur)

Depuis plusieurs années, un mouvement réactionnaire – qui se fait malencontreusement appeler ‘‘pro-life’’ – se construit à travers le monde, l’Europe et la Belgique. Il s’oppose au droit des femmes à librement disposer de leur corps et plus spécifiquement au droit à l’avortement. À côté de cela, les gouvernements mènent de toutes parts des politiques de coupes à la tronçonneuse dans les services publics. Il en résulte, de facto, une réduction de notre champ des possibles. Les mesures d’austérité impactent, en premier lieu, les personnes qui sont déjà dans une position économique plus vulnérable, et donc en particulier les femmes. Nous ne pouvons accepter cette limitation de nos choix de vie, qu’elle soit due à des groupes réactionnaires ou au gouvernement à la solde du patronat.

Tout d’abord, légal ou non, l’avortement est un phénomène qui existe. Non sécurisée, cette procédure tue une femme sur huit. Défendre le droit à l’avortement c’est défendre le droit des femmes à ne pas mourir des suites d’un avortement à risque. De plus, refuser l’accès à l’IVG peut avoir des conséquences funestes. Ainsi, la vie d’une Irlandaise, Savita, aurait pu être sauvée si l’avortement qu’elle réclamait avait été pratiqué. Mais on le lui a refusé et cette femme est décédée des suites des complications de sa grossesse.

Ensuite, dans les pays où l’avortement est légalisé (ou plutôt dépénalisé, comme en Belgique), le combat n’est pas fini, que du contraire. Face à la dégradation des conditions matérielles de vie des 99% de la population – suite à la crise économique et aux mesures d’austérité prises à la faveur du grand patronat -, la position des femmes se précarise encore davantage. Ceci est un contexte propice aux attaques contre nos acquis. La droite a compris que les manifestations permettent d’organiser et de développer un mouvement, alors que la gauche semble l’avoir partiellement oublié. Nous avons vu l’ampleur que peuvent prendre leurs mobilisations en Espagne, en France et ailleurs et dû constater que s’organiser paye. Les mouvements réactionnaires sont tout de même parvenus à interdire l’avortement en Espagne dans plus de 90% des cas. Cela représente une catastrophe en termes de santé publique et un retour en arrière de 30 ans. Tirons-en les leçons ! Nous avons besoin de systématiquement donner une réponse aux mouvements réactionnaires, de ne jamais leur laisser le champ libre, ni leur laisser croire qu’ils représentent la majorité sociale.

En plus, défendre l’avortement c’est aussi réclamer un refinancement massif des services publics. En Suisse, le remboursement de l’IVG va être remis en cause sous la pression des mesures d’austérités prises par le gouvernement. En Belgique, les coupes dans les soins de santé sont nombreuses et concrètes au quotidien. En plus de la mise sous pression des moyens alloués aux plannings familiaux, le gouvernement a, entre autres, coupé les remboursements de certains examens gynéco ou encore le budget pour le monitoring des bébés à risque d’une mort subite du nourrisson, etc. Il faut encore ajouter que dans les 10 à 15 prochaines années, la majorité des médecins formés à la pratique de l’IVG seront retraités. À l’austérité s’ajoutera alors la pénurie de praticiens capables de pratiquer l’avortement dans les meilleures conditions.
Nous revendiquons la mise en place de réelles politiques de prévention des grossesses non désirées. Ne laissons pas l’éducation sexuelle à internet ! Mais pour qu’elle puisse s’opérer de manière sérieuse, nous avons besoin de plus de moyens pour l’enseignement, davantage d’enseignants, des classes plus petites. Il est également essentiel de réclamer une contraception gratuite, accessible à tous et de qualité. Aujourd’hui, la contraception coûte plus cher qu’un avortement et est partiellement remboursée seulement jusqu’à 21 ans.

Pour un véritable choix !

Ensuite, il est inacceptable qu’actuellement un quart des femmes avortent en Belgique pour des raisons principalement financières et que 80% des mères célibataires survivent sous le seuil de pauvreté. De plus, c’est une situation qui va, avec les mesures d’austérité, encore se dégrader. Exiger un VRAI choix, c’est se battre pour pouvoir avoir des enfants sans s’appauvrir. Tout d’abord, il faut des allocations familiales qui couvrent le réel coût d’un enfant. Ensuite, des emplois de qualités sont nécessaires, avec des salaires décents, un temps de parcours domicile-travail réaliste et des horaires fixes et raisonnables. Non aux heures supplémentaires ! On compte des dizaines de milliers de chômeurs alors que les travailleurs subissent une charge de travail excessive. Nous exigeons un partage du temps de travail entre tous. La Belgique a également besoin d’ouvrir énormément de places de crèches. La pénurie actuelle fait grimper les prix et contraint certains parents à diminuer leur travail sans que cela ait été leur projet de base. Enfin, nous avons besoin de logements capables d’accueillir une famille. Ils sont aujourd’hui trop chers au regard des revenus et les listes d’attentes pour des logements sociaux débordent.

Nous l’avons vu, le droit à l’avortement doit être lié aux revendications sociales. L’émancipation des femmes passe par l’émancipation de l’ensemble de la classe des travailleurs, des jeunes et des allocataires sociaux. Il est nécessaire d’offrir une réponse face aux mouvements réactionnaires. En plus de cela, nous devons combattre les mesures d’austérités qui restreignent les possibilités de choix des femmes, et plus largement de l’ensemble de notre classe. Les partis traditionnels ont choisi leur camp au côté du patronat. Choisissons le nôtre et luttons ensemble pour une société qui n’utilise plus le sexisme pour nous diviser, la femme comme un objet et qui ne la place plus dans une position socio-économique inférieure pour faire des économies. Battons-nous pour une société qui réponde aux besoins des 99%.

Cette année encore, nous sommes à l’initiative de la plateforme ‘‘Pro-choix’’ qui se veut large, avec pour projet de ne jamais laisser le champ libre aux mouvements réactionnaires et de lutter pour le droit des femmes à opérer de VRAIS choix sur leur vie. Pour nous, au PSL, être ‘‘pro-choix’’ cela comprend donc, à la fois, le droit à l’avortement, la nécessité d’un refinancement massif des services publics et de la lutte pour une autre société.

Mobilisons-nous le 30 mars prochain à Bruxelles, 14h, Place Place Poelart

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