Retirons notre sport des mains des requins capitalistes !

La compétition tronquée par le grand business

Avec la faillite du Beerschot AC, aucune équipe anversoise ne jouera en première division la saison prochaine. Jamais cela ne s’était produit auparavant dans le football belge. Les raisons de la ‘disparation’ des clubs anversois ne doivent certainement pas être trouvées du côté d’un éventuel manque d’enthousiasme chez les supporters ; ceux-ci sont toujours restés massivement derrière leur équipe. La mauvaise gestion de certaines personnes qui considèrent nos équipes comme des investissements intéressants pour s’enrichir eux-mêmes est à la base de la crise de notre football. C’est un signal typique de l’évolution que vit le football belge et international : le caractère populaire du sport est de plus en plus victime de la logique des investissements tournés vers le business de la petite élite qui peut se la permettre.

Par un supporter de football anversois

Une équipe de football est en premier lieu portée par le réseau social qui l’entoure. Ce sont les grands noyaux de travailleurs qui, semaine après semaine, investissent leur argent et leur temps dans leur équipe favorite, qui sont la base du football. Malgré le fait qu’ils n’ont quasiment rien à dire dans la gestion de l’équipe, ils continuent à la soutenir du fond du cœur. Ce sont les intérêts de ces gens – la colonne vertébrale de chaque équipe de football – qui disparaissent à l’arrière-plan, loin derrière les intérêts d’une petite minorité de grippe-sous qui veulent s’en prendre à notre passion.

Le City marketing étouffe la ville d’Anvers

Bart De Wever, bourgmestre NVA d’Anvers, s’est violemment heurté à la réalité lorsqu’il pensait avoir trouvé la solution idéale pour résoudre la crise du football anversois. En quelques minutes, il a clarifié n’avoir rien compris de l’esprit du sport et de la mentalité des supporters anversois. Dans le cadre du City marketing, il proposait de fonder une nouvelle équipe sous le nom Antwerpen United. Si cela n’était pas possible, le bourgmestre envisageait même de reprendre une équipe issue de Flandre occidentale pour la faire jouer dans le stade du Beerschot, le Stade Olympique à Kiel.

Mais la réalité, que De Wever n’a absolument pas comprise, c’est que les équipes et les clubs sont très fortement liés à leur base locale, à cause du réseau social qu’ils créent, et par la fonction sociale qu’ils jouent dans la société. Pour une telle construction artificielle, il n’y a, ni à Anvers ni ailleurs, aucune base de soutien. Anvers connait trois grands noyaux de supporters (Antwerp, Beerschot et Berchem), et aucun des trois n’est intéressé par un plan de city marketing qui balance à la poubelle l’historique et la tradition de ces équipes.

Un millier de fans de football anversois se sont rendus à l’hôtel de ville sur la Grande Place pour protester contre cette situation. Ils revendiquaient des investissements de la ville dans les équipes et les structures sociales existantes, au lieu de construire un montage élitiste et artificiel où seul un petit nombre d’hommes d’affaires a quelque chose à gagner. Le fait que la ville ne veuille pas faire cela est dans la logique de la ligne politique antisociale de la majorité au conseil communal : l’appauvrissement et la casse des espaces publiques, combinés à des projets mégalomanes qui appauvrissent la population mais enrichissent les city managers.

Le qataris Saint-Germain contre l’Oligarchie de Monaco

Notre football nous est volé. Parmi les équipes qui arrivent encore à jouer au top, rares sont celles qui n’ont pas étés reprises par de riches oligarques russes ou des cheiks pétroliers du Qatar. Il y a 10 ans, Chelsea FC a été racheté par Roman Abramovitch, avec l’idée de sortir de la grisaille annuelle habituelle qui était de jouer en milieu du tableau et de se battre pour une éventuelle qualification européenne. Manchester City FC a connu une même évolution 5 ans plus tard, racheté par un homme d’affaire des Émirats arabes unis, et est désormais devenu une équipe du top européen. Il y a 2 ans, le Paris Saint-Germain a été repris par Qatar Sports Investments et est ainsi redevenu champion de France cette année après 19 années d’attente. Et dernièrement, l’AS Monaco est remonté en Ligue 1 française après sa reprise par le milliardaire russe Dmitry Rybolovlev, et ambitionne déjà de défier Paris pour le titre l’an prochain. A partir de maintenant, le championnat français risque fort de ressembler à un duel PSG-ASM, ou plutôt nantis qataris contre nantis russes. Qui va gagner? On s’en fout. Qui va perdre ? Le football, et ses vrais supporters.

Le flux naturel de la compétition est bouleversé : le sport disparait à l’arrière-plan et les intérêts commerciaux règnent. Un réel amateur de football a seulement un mot pour cela : la falsification de la compétition.

Football : le plus riche gagne

‘‘Le football est un jeu simple : 22 hommes courent après un ballon pendant 90 minutes et à la fin, ce sont les Allemands qui gagnent.’’ La fameuse phrase de Gary Lineker a un fond de vérité : à la fin, ce sont très souvent les plus riches qui gagnent. La compétition est de moins en moins honnête et passionnante. Dans la lutte concurrentielle qui s’exerce au sein du système capitaliste, il y a une tendance à la formation de monopoles, avec un nombre toujours plus petit d’entreprises qui restent debout.

En Belgique, aussi, depuis des années, ce sont les mêmes équipes qui dominent le sommet du classement. De temps à autre, une équipe plus populaire arrive à casser ce cordon, mais il est pratiquement impossible de construire la structure financière nécessaire pour définitivement appartenir à ce cercle limité des équipes du sommet. Notre compétition est ainsi formatée, avec un spectacle terne, délavé et prédictible, où seuls les matchs entre les clubs du top 5 ‘‘en valent la peine’’. Que de telles montagnes d’argent passent dans le football du top n’est pas seulement frustrant, mais c’est aussi mortel pour notre sport en lui-même.

Les éléments sociaux et sportifs vont de pair

‘‘Anvers a besoin d’une seule équipe au sommet, financièrement saine: pour deux, où même trois, il n’y a pas de place dans cette ville.’’ C’est un argument que les supporters anversois entendent éternellement. Cet argument n’est valable qu’à cause de la situation fondamentalement malsaine dans laquelle notre football se trouve. Dans les années ’50, Anvers comptait jusqu’à 4 équipes en D1, mais c’était dans une époque où le monde du football était fondamentalement différent.

A cette époque, les joueurs jouaient avec leur propre équipe, et n’étaient pas encore vendu sur le marché de transferts pour des montants astronomiques. Les supporters donnaient une contribution active et participative à la vie de leur équipe, les managers et investisseurs n’avaient pas encore découvert le football comme un jouet lucratif. Celui qui jouait du bon football pouvait atteindre le sommet. Entretemps, les équipes de football locales jouait leur rôle parmi la jeunesse en entretenant les jeunes de façon constructive. C’est ainsi que le sport doit être.

Ce scenario est aujourd’hui très loin de la réalité quotidienne. Aujourd’hui, le football est géré par les revenus TV, les courtiers et le big business. Les supporters doivent payer des prix toujours plus élevés pour aller regarder une équipe qui les écoute de moins en moins, et qui les gardent à bonne distance. Ce n’est plus notre sport.

Le PSL s’oppose à la manière dont le football moderne est organisé, et revendique le fait que la classe des travailleurs se réapproprie son passe-temps favori, sa passion. Dans les divisions inférieures, certains clubs montrent qu’il est possible d’avoir une équipe gérée par les supporters qui tente de répondre aux besoins sociaux attendus d’une équipe de football. Des exemples pareils doivent être utilisés et élargis par des supporters de football qui comprennent que seule une société socialiste peut sainement organiser une compétition sportive. C’est seulement ainsi que le football pourra redevenir un lieu d’apprentissage pour la jeunesse et de rencontre pour les travailleurs, synonyme de détente dans le réseau social de leur région.

‘‘Reclaim the game’’ : stoppez ces reprises, fusions et contrats qui cassent notre football et nos compétitions ! Les supporters sont l’âme de l’équipe : nous avons notre mot à dire !

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