Tous unis contre le sexisme!

Droit de vote, droit à l’avortement, égalité salariale, ouverture du marché de l’emploi, …, nous entendons souvent dire que les femmes ont tout gagné dans notre société et n’ont plus vraiment de raison de se plaindre. Malgré ces évolutions, le sexisme n’a toutefois pas disparu et ses nouvelles formes cohabitent avec les anciennes. Discriminées dans toutes les structures de la société, les femmes sont encore aujourd’hui les premières victimes de violences. Violences physiques, psychologiques, sexuelles,… une femme sur deux en Belgique subira, au cours de sa vie, un de ces mauvais traitements.

Par Mandy (Liège)

Selon l’Institut de l’égalité des chances entre hommes et femmes, en 2011, 11.000 plaintes pour viols ont été déposées, ainsi que 45.000 pour violences conjugales. La violence touche 1 femme sur 7 en Belgique et 1 femme sur 3 dans le monde. En France, 600.000 plaintes pour violences conjugales et 75.000 plaintes pour viols ont été également déposées. Il est estimé que 80% de ces viols sont commis par un proche. Même s’il ne faut pas oublier que les hommes sont également victimes de violences sexuelles, il n’en demeure pas moins que les femmes constituent la majorité des victimes.

Les violences faites aux femmes ne sont pas un cas particulier mais un phénomène de société qui touche l’ensemble de la population, toutes classes sociales confondues, et doit devenir une question sociale de première importance. Cette constatation détruit le mythe transmis par les médias selon lequel les violences seraient uniquement commises par des hommes louches dans des endroits sombres.

La violence, notre lot quotidien

Ces violences se retrouvent surtout dans la vie privée, au sein de la famille: en effet, la violence conjugale est la première cause de mortalité chez les femmes entre 16 et 44 ans en Europe. Cependant, nous les retrouvons également dans les espaces publics et sur les lieux de travail. Mains aux fesses, insultes sexistes, commentaires dégradants sur le physique ou la façon d’être habillée, harcèlement sexuel,… cette donne, pour nous les femmes, fait malheureusement partie de notre quotidien. Bien que l’agression physique semble être plus la brutale, il existe un continuum entre les violences physique, psychologique et verbale. Cette violence, intégrée par de nombreuses femmes, leur impose un véritable code de conduite déterminant les endroits et heures de sortie, la façon de s’habiller, les moyens de déplacement,… Le harcèlement, trop souvent banalisé dans nos espaces publics, suscite, lorsqu’il est mis en évidence, scepticisme et sarcasme de la part de nombreuses personnes.

Ces violences n’ont d’autre but que d’intimider, humilier et atteindre les femmes dans leur intégrité physique et mentale. Celles-ci sont en lien direct avec la position économique et sociale inférieure occupée par les femmes dans notre société.

La culture du viol

Les chiffres concernant les viols en Belgique sont alarmants avec la constatation d’une augmentation de 20% des viols de 2009 à 2011. Contrairement aux idées reçues, le viol n’est pas une pulsion sexuelle mais l’expression ultime de pouvoir, de contrôle et de suprématie d’un être humain sur un autre. Les éléments mis en avant par notre société concernant les causes de ces viols – que ce soient la consommation d’alcool, les problèmes personnels ou encore psychologiques – dépolitisent les violences faites aux femmes et minimisent le caractère structurel et social de cette violence.

Des idées reçues affirmant par exemple que les filles saoules sont les plus enclines à subir des violences sexuelles posent un lourd poids de responsabilités sur le dos des victimes en laissant entendre que celles-ci auraient pu éviter d’être violées en restant sobres. Autant le dire tout de suite, si les jupes étaient moins courtes, le harcèlement de rue n’existerait pas ! Au lieu d’accuser les victimes de l’avoir bien cherché, ne serait-il pas plus constructif de lutter contre le ramassis de clichés que nous retrouvons sur la sexualité féminine et de s’adresser aux responsables de ces actes ? Le corps d’une femme n’appartient qu’à elle-même, tout ce qui n’est pas ‘‘oui’’, c’est non, un point c’est tout !

Médias, pornographie, publicité, clips : des machines à sexisme

Ça n’a pas à être comme ça !

Les femmes et la lutte pour le socialisme

Les femmes sont les plus durement touchées par la crise économique et les mesures d’austérité qui l’accompagnent. Coupes budgétaires dans les services publics et les soins de santé, destruction de l’emploi, de nombreuses femmes sont touchées par la précarité. Dans son livre, Christine Thomas revient sur les origines de l’oppression de la femme et le développement des luttes pour le droit des femmes à travers une analyse fouillée. Riche d’enseignements, ce livre doit se retrouver dans les mains de toutes celles et ceux qui pensent que les inégalités et l’oppression n’ont rien à faire dans nos vies et que la lutte est le seul moyen d’y échapper.

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Le climat sexiste est important dans les écoles. Un viol par semaine est déclaré dans les enceintes des écoles secondaires en Belgique et nous sommes enclins à penser que d’autres faits ne sont tout simplement pas signalés. 50% des viols commis concernent des jeunes filles de moins de 20 ans. Les exemples de harcèlement sexuel abondent lors des fêtes estudiantines, de festivals et des concerts. Il suffit d’y constater le nombre d’affiches et de publicités, qui bombardent les jeunes de corps féminins idéalisés et bien entendu dénudés, pour ne plus en être étonné.

Des campagnes d’informations doivent y être menées afin de briser le tabou régnant permettant de déculpabiliser les victimes de viols ou de harcèlements sexuels. Il est également nécessaire de mener une véritable éducation sexuelle et affective dans les écoles visant à démonter les préjugés, idées reçues et stéréotypes sexistes fortement ancrés dans les mentalités.

Le phénomène de violences se déroule dans un contexte où les femmes et leurs corps se voient rabaissés au rang d’objet au sein de la culture dominante.

Les représentations sexistes sont abondamment diffusées à travers un panel de programmes consommés par les jeunes (séries télévisées, émission de jeux, téléréalités, clips, etc.). La femme est alors toujours représentée en tant que beauté plastique, douce, fragile, mince, un peu bête, et surtout sexuellement disponible alors que les hommes sont actifs, forts, rationnels et occupent une position dominante.

Ces stéréotypes sexistes omniprésents, immanquablement, affectent l’idée qu’un jeune se fait de lui-même mais également de la représentation qu’il se fait des deux sexes. Aujourd’hui présente dans les espaces publics, la pornographie amène la construction de l’idée de ce que doit être la relation avec l’autre. Performance, individualisme et marchandisation deviennent alors des modèles qui structurent l’imaginaire affectif et sexuel des adolescents. La représentation de la femme niée comme être social la rappelle à l’ordre de se conformer aux désirs et attentes des hommes et ainsi de mettre ses propres envies de côté.

Les luttes menées pour plus d’égalité, d’indépendance et de liberté par les générations précédentes de féministes, de travailleuses et travailleurs ont notamment permis l’émancipation sexuelle de la femme. Ces droits connaissent un recul significatif depuis les deux dernières décennies et cela suite à la remarquable aptitude des capitalistes à faire du profit avec n’importe quoi. Les femmes sont victimes de cette course au profit : prostitution, publicité, pornographie,… tout est bon pour faire de l’argent sur le corps des femmes.

La lutte contre le sexisme ne doit pas se retrouver isolée des autres luttes, comme tentent de nous le faire croire de nombreuses féministes. Hommes et femmes doivent être unis dans le combat car nous sommes tous exploités par le système capitaliste. Les solutions individuelles fournis par nos gouvernements (telle que la mise en place d’amendes pour faire face au sexisme) ne sont pas suffisantes et ne vont pas au coeur du problème.

Ce dont nous avons besoin c’est d’une réponse collective. Seul un renversement du capitalisme pour une société socialiste basée sur les besoins de chacun et non sur le profit permettra de gagner une véritable émancipation de la femme et d’éliminer une bonne fois pour toutes les discriminations si communes dans le système présent.

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