Port du voile : aux femmes de décider !

Action d’étudiants anversois contre l’interdiction du port du voile en mars 2017. Photo : Liesbeth

Un procès, intenté par quelques parents contre l’interdiction du port du foulard dans deux écoles de l’enseignement officiel à Maasmechelen (Limbourg) a fait rebondir la polémique. Quelques hommes politiques et autres commentateurs en ont profité pour remettre en cause la liberté de choix des femmes. Le président de la N-VA, Bart De Wever, a tweeté : ‘‘Je me convertis à la religion du monstre spaghetti volant et j’envoie mes enfants à l’école avec une passoire sur la tête. Égalité de traitement pour toutes les croyances.” Le philosophe Maarten Boudry a été jusqu’à déclarer que la liberté de culte ou de croyance est superflue et devrait être abolie.

Par Michael

La campagne ROSA (Résistance contre l’Oppression, le Sexisme et l’Austérité) défend le droit des femmes à s’habiller comme elles le désirent. Qu’il s’agisse d’une mini-jupe, d’un t-shirt troué, d’un pantalon ou d’un voile. Nous défendons le droit des femmes à librement choisir de porter ou non le voile ou le foulard. Cela signifie que nous sommes opposés aux conservateurs qui veulent interdire le port du voile, mais que nous sommes aussi opposés aux autres conservateurs qui veulent l’imposer. Le combat antisexiste est synonyme de lutte pour la liberté de choisir comment s’habiller.

Les défenseurs de l’interdiction du voile prétendent qu’elle s’applique à tout symbole religieux visible. Ils font semblant de ne pas remarquer qu’ils s’en prennent essentiellement à l’interdiction du voile. Les musulmans sont les boucs émissaires des populistes de droite, c’est connu. En mettant l’accent sur la pression sociale que les filles peuvent subir pour porter le voile, ils entretiennent l’illusion que cette interdiction serait une protection pour les jeunes musulmanes.

Cela ne signifie pourtant pas que les musulmanes non-voilées ne sont pas confrontées aux intimidations diverses, aux regards insistants ainsi qu’aux remarques racistes et islamophobes. Le choix conscient de porter un voile ne se limite généralement pas à la religion. Cela fait partie de la formation d’une identité culturelle, où joue même parfois l’élément de résistance à l’islamophobie. L’interdiction ne met d’ailleurs pas fin à la pression sociale réelle que certaines jeunes filles subissent pour porter le voile. Cela renforce juste leur isolement puisqu’elles n’ont plus accès à l’école officielle ou sont obligées de se rendre dans une école musulmane.

Ce débat sur le port du voile masque de vrais problèmes de discrimination et de manques de moyens, dans le domaine de l’éducation par exemple. Nous défendons un enseignement accessible à toutes et tous, un enseignement qui tienne compte des différents milieux et qui dispose du personnel qualifié en suffisance pour faire face aux discriminations au sein de l’établissement, qu’il s’agisse de la pression des pairs ou du racisme. Ce sont des conditions préalables au développement personnel de toute une génération issue de l’immigration. Aujourd’hui, notre système éducatif reproduit les inégalités fondées sur l’origine. De Wever ne tweet pas à ce sujet, investir plus de fonds publics dans l’éducation ne figure pas dans son agenda.

Pour que le libre choix soit possible, la position sociale des femmes est importante de même que des perspectives d’avenir décentes. Cela suppose des emplois de qualité et des salaires correspondants, indépendamment du sexe, de la religion ou de l’apparence. Ce n’est qu’alors qu’il sera possible de prendre ses propres décisions et de fonder sa propre indépendance financière. Nos actions militantes à l’occasion de la Journée Internationale de Lutte pour les Droits des Femmes ont été chaleureusement accueillies par les jeunes musulmanes, avec ou sans voile, pour qui la lutte contre le sexisme est liée à la lutte contre le racisme et à la prise de conscience que nous devons agir ensemble contre les politiques antisociales.

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