Lutte pour un salaire minimum au Nigéria

Le Democratic Socialist Movement (DSM, CIO-Nigéria) mène campagne pour l’entrée en vigueur du nouveau salaire minimum légal de 18.000 naïras (équivalent à 80€) par mois. Nous publions ci-dessous le texte du tract qui a été distribué dans l’Etat d’Osun (sud-ouest du Nigéria), où les travailleurs sont entrés en grève en soutien à cette revendication.

Tract du DSM (CIO-Nigéria)

Salaire minimum de 18 000 naïras : les travailleurs doivent faire passer la lutte au niveau supérieur.

  • Pour l’organisation de meetings de masse, de marches de protestation, de piquets à travers tout l’état.
  • Pour la création de comités de grève dans tous les départements
  • Pour un salaire minimum de 18 000 naïras pour tous les volontaires OYES, avec le droit pour eux d’être syndiqués.

Le Democratic Socialist Movement (DSM) de l’Etat d’Osun appelle les travailleurs de cet état à intensifier leur juste lutte pour la pleine entrée en vigueur du salaire minimum légal de 18.000 naïras en organisant une action de masse pacifique et une sensibilisation de masse du public large afin de stopper la propagande du gouvernement Aregbesola contre les travailleurs.

Il est parfaitement évident que le gouvernement Aregbesola, qui s’est hissé au pouvoir sur le dos de la population pauvre et laborieuse de l’état d’Osun, est déterminée à priver les travailleurs de leur salaire minimum auxquels ils ont pourtant légalement droit. Au contraire, il tente d’utiliser toutes les armes de son arsenal pour obtenir la défaite des travailleurs, non seulement pour la lutte actuelle, mais aussi pour le futur. Par conséquent, les travailleurs et leurs dirigeants doivent rompre avec l’illusion qu’une grève qui consiste simplement à rester chez soi pourra vaincre le gouvernement. La nature déteste le vide. En l’absence d’actions de masse bien organisées, avec des campagnes publiques de masse, y compris la mobilisation non seulement des travailleurs du secteur public, mais aussi de la population pauvre et laborieuse en général, les pauvres gens sont laissées à la merci de la propagande du gouvernement. Il nous faut réaliser que ce sont les pauvres qui sont le plus affectés par la grève, de sorte que notre but ne doit pas être d’avoir une grève prolongée, mais de forcer le gouvernement à céder aux revendications des travailleurs dans les plus brefs délais. Sans des actions et campagnes de masse bien organisées, la grève sera prolongée, ce qui peut épuiser les gens, y compris ceux qui soutiennent la grève. Cela peut donner aux dirigeants syndicaux un prétexte pour finalement accepter un moindre salaire de la part du gouvernement. Et cela, nous devons l’éviter.

Comme nous l’avons déjà dit dans plusieurs de nos publications, des grèves passives empêchent les travailleurs d’organiser des campagnes de masse – incluant des manifestations, meetings, piquets, conférences, etc. pacifiques de masse, qui pourraient aider les travailleurs à toucher d’autres personnes, en particulier les pauvres, qui sans cela pourraient être trompés par la propagande du gouvernement, selon laquelle les travailleurs veulent manger la plupart des ressources de l’état, sans mentionner toutefois la somme réelle du budget de l’état qui est mangée chaque jour par une poignée de cadres gouvernementaux. Plus que cela, les travailleurs doivent parler aux pauvres via des meetings de masse, des manifestations et des tracts, doivent leur expliquer ce qu’une hausse de salaire représentera pour les paysans, pour les commerçants sur les marchés, pour les artisans, etc., dont les ventes et le revenu s’accroitront eux aussi. C’est-à-dire, qu’une hausse des salaires est une forme de redistribution de la richesse en faveur des pauvres.

Les travailleurs doivent expliquer à la population pauvre et laborieuse de l’état, via des actions de masse, que les soi-disant projets de développement pour lesquels le gouvernement Aregbesola prétend vouloir dépenser les ressources de l’état ne sont rien d’autre qu’une ruse. Par exemple, le gouvernement a prétendu avoir économisé plus de 8 milliards de naïras au cours des derniers huit mois, mais cela ne s’est pas reflété en termes d’infrastructures sociales telle que l’éducation, la santé, l’approvisionnement en eau, la construction de logements, etc., pour lesquelles le gouvernement avait pourtant prévu plusieurs milliards dans le budget 2011. Le secteur de l’éducation n’a reçu aucune amélioration fondamentale au cours des neuf derniers mois, comme on peut le constater par le piètre état de nos institutions primaires, secondaires et tertiaires : classes en ruine, laboratoires, bibliothèques, ateliers, à l’équipement inadéquat – lorsqu’il est présent –, manque de salles de sports, etc.). Tandis que le gouvernement proclame partout la gratuité de l’enseignement – ce que nous applaudissons –, il a refusé de financer les écoles comme il se doit en termes d’équipement ou de fonds de fonctionnement, ce qui fait que ce sont les élèves, les étudiants, et même les enseignants qui doivent contribuer par eux-mêmes pour certains matériel et pour la réparation des bâtiments. Le programme de cantine scolaire, qui permettait aux élèves du primaire de manger à l’école gratuitement, a été annulé sans aucune alternative. Dans le secteur de la santé, en plus de l’absence de toute amélioration des bâtiments et équipements, le gouvernement, faisant preuve d’une grande irresponsabilité, a ignoré les revendications des travailleurs de la santé en grève justement pour un refinancement des installations et de meilleurs conditions de service. La plupart des villes et communautés de l’état manquent d’un approvisionnement de base en eau potable, puisque le gouvernement est clairement non-existant dans ce secteur ; pourtant le gouvernement veut que l’état soit propre, sans pour autant construire de tuyaux d’acheminement de l’eau.

Sur base de ces exemples, il est clair que les soi-disant projets de développement du gouvernement ne sont rien de plus qu’un gaspillage des ressources de l’état en voyages autour du monde sous prétexte de recherche d’investisseurs, en super salaires pour les politiciens et en faux contrats avec des boites privées (alors qu’il serait possible au ministère des Travaux de réaliser les mêmes projets à bien moindre cout, pour peu que ce ministère soit correctement pourvu en termes de personnel et d’équipement). Les travailleurs doivent expliquer à la population que, avec la hausse du revenu qui lui a été octroyé par le fédéral, le gouvernement Aregbesola pourrait non seulement payer le salaire de 18 000 naïras, et toujours avoir assez que pour pouvoir développer l’état, si seulement on réduisait comme il se doit les salaires énormes des politiciens au pouvoir. Les travailleurs doivent exiger que le gouvernement révèle publiquement quelle est la part du budget d’état qui est consommée par les politiciens en place.

De plus, les travailleurs doivent également inclure les revendications des autres couches opprimées de la population qui sont en ce moment en lutte, comme par exemple les volontaires du plan OYES (un plan d’“activation des jeunes”, soi-disant pour réduire le chômage mais qui en réalité fait travailleur ces jeunes pourtant bien souvent diplômés dans des emplois basiques du style éboueur, dans des conditions épouvantables et pour des salaires de misère – 10 000 naïras (20€) par mois – NDT) qui ne reçoivent qu’un salaire de misère (moins de 10 000 naïras), à qui on interdit de se syndiquer et qui n’ont pas accès aux mêmes droits qu’un travailleur normal (ce qui est contraire au code du travail, qui force chaque employeur engageant plus de 50 salariés à régulariser leur embauche). Les travailleurs doivent reprendre cette revendication en particulier, afin d’éviter que les volontaires OYES ne soient utilisés pour briser les grèves. Nous avons aperçu un élément de cela il y a quelques jours, lorsque le gouvernement a voulu monter de pauvres volontaires OYES contre leurs collègues. Nous appelons les volontaires OYES à ne pas se faire manipuler par le gouvernement contre les autres travailleurs : le gouvernement de l’état ne représente pas leurs intérêts, mais désire simplement exploiter leurs conditions afin de vaincre les grévistes. Nous appelons aussi les travailleurs et leurs syndicats à inclure les revendications non seulement des volontaires OYES, mais aussi celles des pauvres en général dans leurs luttes actuelles. Seule une lutte unie des travailleurs, des chômeurs (y compris les volontaires OYES), des paysans, des artisans, des petits commerçants, des étudiants, des professionnels, etc. pourra vaincre ce gouvernement anti-populaire.

Par conséquent, le DSM propose le programme d’actions suivant :

  1. Organisation d’actions de protestation de masse, telles que manifestations, meetings, piquets, etc.
  2. Formation immédiate de comités de grève dans tous les départements. De tels comités doivent inclure tous les représentants de tous les syndicats, groupes d’action civile, comités étudiants, etc., qui organiseront des actions de masse à tous les niveaux locaux.
  3. Mise sur pied d’un bulletin/journal ouvrier régulier et de tracts afin d’informer, éduquer et mobiliser la population ouvrière et pauvre de l’état.
  4. Rassemblements réguliers aux niveaux étatique et local afin de poursuivre la construction du soutien parmi les pauvres.

Nos revendications

  1. Entrée en vigueur complète du salaire minimum de 18 000 naïras à tous les niveaux, sans exclusion du moindre travailleur ni hausse de taxes.
  2. Concession immédiate aux revendications des travailleurs de la santé en grève dans l’état, pour une amélioration massive des installations médicales dans l’état. Pour des soins de santé gratuits et adéquats.
  3. Fin immédiate des conditions d’exploitation inhumaines des volontaires OYES. Pour leur intégration immédiate dans le service civil, avec un salaire de 18 000 naïras et le droit de se syndiquer.
  4. Pour une amélioration massive des établissements d’enseignement publics, y compris l’offre d’une éducation gratuite et adéquate à tous les niveaux, et un financement viable pour les écoles. Pour la restauration et l’amélioration du programme de nutrition à l’école pour tous les enfants du primaire.
  5. Amélioration immédiate des infrastructures publiques dans l’état. Non au gouvernement des contrats ; pour un rééquipement immédiat du ministère des Travaux, afin qu’il puisse de lui-même exécuter les projets du gouvernement.
  6. Tous les cadres politiques ne doivent pas gagner plus que le salaire d’un travailleur.
  7. Transfert entre les mains publics des secteurs-clés de l’économie sous contrôle démocratique de la population laborieuse et opprimée.

Au final, les travailleurs doivent aller au-delà de revendications économiques. Nous devons nous demander pourquoi continuer à élire au pouvoir des politiciens anti-travailleurs, pour devoir ensuite nous battre contre eux lorsqu’ils arrivent au pouvoir. Pourquoi n’arrêtons-nous pas d’élire nos ennemis au pouvoir (qui sont organisés dans tous les principaux partis politiques capitalistes du Nigéria actuel). Les travailleurs et les opprimés ont besoin de leur propre parti populaire, qui mette en avant une politique pro-travailleur et pro-pauvres.

Rejoignez-nous

Si vous êtes mécontents avec la politique capitaliste anti-travailleur, anti-pauvre que mènent les gouvernements à tous les niveaux, et si vous êtes intéressés à participer à la riposte contre cette politique, l’organisation à rejoindre est le Democratic Socialist Movement (DSM). Nous sommes une organisation socialiste qui croit que les travailleurs doivent s’organiser en un mouvement ouvrier combatif et sous un drapeau politique afin de contester le pouvoir politique avec les gouvernements capitalistes qui sont aujourd’hui au pouvoir ; nous pouvons alors vaincre le gouvernement et sa politique. Nous affirmons que les travailleurs et leurs syndicats doivent se battre pour une société socialiste, où les secteurs-clés de l’économie seront placés en propriété collective, et démocratiquement contrôlés pour les intérêts de la majorité et non pas de la minorité, telle que nous le voyons en ce moment sous le capitalisme. C’est dans ce but que nous participons aux mouvements de masse des travailleurs et des opprimés. Nous participons aux mouvements ouvriers tels que la Coalition de la société civile et syndicale (LASCO), aux mouvements étudiants et de quartier. Si vous croyez en notre cause, et que vous voulez nous rejoindre, contactez-nous, soutenez-nous.

Partager :
Imprimer :

Soutenez-nous : placez
votre message dans
notre édition de mai !

Première page de Lutte Socialiste

Votre message dans notre édition de mai