En avant la répression à Anvers. La mégacoalition court derrière le VB

Ce qu’il ne faut pas faire pour combattre le VB

Plus d’argent pour la police et les caméras de surveillance sur les lieux de déversage clandestin d’immondices, “superamendes” pour leurs auteurs, contrôles porte-à-porte des illégaux et expulsions directes, main lourde contre les incivilités (même si elles proviennent le plus souvent de la pauvreté et de la régression sociale), nomination d’un “coordinateur de la sécurité” pour organiser la répression le plus efficacement possible, commissariats de police mobiles, bannissement de certains lieux publics pour les auteurs d’incivilités,… Comme cerise sur le gâteau, nous citons littéralement: “Pour les enfants avec un statut de séjour précaire comme les enfants des pays balkaniques, l’approche d’aide sociale individualisée et quelque peu laxiste s’est heurtée tout doucement à ses limites. Les droits fondamentaux de ces enfants doivent être encore plus respectés que maintenant, mais une politique de retour au pays est parfaitement envisageable dans le cadre de cette même éthique des droits de l’homme”

Jeroen Weyn

Cette énumération ne provient pas d’une brochure du VB sur la sécurité, mais des projets de la Ville d’Anvers. La coalition arc-en-ciel (SP.a, VLD, CD&V et Groen!) y cherche désespérément depuis des années le moyen de stopper la croissance électorale du VB et de restaurer sa crédibilité. A défaut de contenu, cette coalition de bric et de broc se limite à peaufiner son image. Le bourgmestre Patrick Janssens a annoncé avec le tapage médiatique qui s’impose qu’on allait s’occuper sérieusement des quartiers à problèmes d’Anvers et que la qualité de la vie et la lutte contre les “incivilités” deviendraient des priorités politiques.

Dans le “Plan Sécurité” de la Ville, on a dessiné les lignes de force pour une reprise en main de 10 quartiers. L’idée de base est toujours la même: on extrait les zones à forte “concentration d’incivilités” et on y donne libre cours à toute une batterie de mesures répressives. On ne parle pas de résoudre les problèmes sociaux, seulement d’en combattre les symptômes le plus efficacement possible. Le résultat est prévisible: s’il y a un effet, c’est que le quartier “revit” comme on dit. Le prix des loyers augmente, les familles pauvres doivent déménager pour laisser la place aux familles à deux revenus plus aisées que toutes les villes s’arrachent. On ne résout pas les problèmes sociaux, on les déplace.

Plutôt que de s’en prendre au chômage (17%) et au manque de logements (plus d’un an d’attente pour un logement social), la Ville préfère investir l’argent du Fonds des Communes, qui devait succéder au Fonds d’Impulsion sociale, dans l’extension du corps de police (qui est maintenant le plus imposant de Flandre même en termes relatifs).

Le 18 mai 2005, on a encore franchi une étape supplémentaire. Dans le nouveau règlement de police qui a été voté par le Conseil communal, on a introduit la possibilité d’une interdiction de rue. Janssens dit que le but est d’éliminer les résidus de prostitution autour de la De Coninckplein (où la Ville a ouvert sa nouvelle bibliothèque il y a peu). Mais la mesure peut tout aussi bien être appliquée aux jeunes qui traînent en rue (ou à qui que ce soit d’autre).

La proposition a été votée par 47 voix contre 4. Seuls les conseillers communaux de Groen! ont voté contre. Mais les échevins de Groen! ont forcément voté pour vu que le Collège doit prendre ses décisions à l’unanimité. Une fois n’est pas coutume, le Vlaams Belang a voté pour. Mais le VB trouve que ces mesures sont trop timides (le parti est pour une interdiction de quartier de 6 mois sans possibilité d’appel).

Faute de solution aux problèmes, on voit que la méga-coalition passe à l’application d’une version édulcorée de la politique du VB en espérant regagner des voix. La lutte contre les incivilités est certes une priorité, mais cela doit se faire d’une tout autre façon. Cela doit aller de pair avec la lutte contre la pauvreté et l’amélioration des conditions de vie dans la ville.

Tout d’abord, il faut s’en prendre au chômage. 17% des Anversois sont sans emploi et dans les “quartiers à problèmes” ce pourcentage est bien plus élevé. Celui qui n’a pas la perspective d’un revenu décent tombe facilement dans la petite criminalité. Les jeunes de ces quartiers n’ont le plus souvent aucune perspective de trouver un emploi. On ne peut pas leur offrir à tous des emplois-bidon.

Le Plan Sécurité de la Ville reconnaît que: “Les problèmes familiaux ou individuels peuvent donner lieu à des problèmes de quartier et stimuler des sentiments d’incertitude et d’insécurité”. Ils font référence au chômage, à la pauvreté et à l’isolement social.

Il faut aussi investir dans des logements sociaux plus nombreux et de meilleure qualité de telle sorte que nul ne doive consacrer plus de 20% de son revenu au logement. Les 4000 logements sociaux “promis” ne suffisent absolument pas à résoudre le problème des listes d’attente de plus d’un an. Le logement doit rester un service sans intervention des investisseurs privés (avides de profit). L’échevin CD&V Van Peel a pourtant annoncé qu’il s’opposait à la construction de ne fût-ce qu’un seul logement social.

Des sacs-poubelles gratuits et des collectes de déchets plus fréquentes permettraient d’en finir avec le déversage clandestin à Anvers.

Si malgré tout cela, il faut encore de la répression pour maintenir l’ordre, cela doit se faire avec une police organisée démocratiquement qui rende directement des comptes aux habitants du quartier.

Pour mettre ces revendications en pratique, il faut une alternative politique à Anvers. Un parti qui se base sur les travilleurs, les jeunes, les chômeurs, etc… et qui puisse défendre leurs intérêts contre la politique de droite de la Ville.

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