Défendons le droit à l’avortement – C’est aux femmes de décider et de disposer de leur corps

Le 27 mars, une deuxième soit-disant ‘‘Marche pour la Vie’’ s’est déroulée à Bruxelles, avec environ 3.000 personnes. Un rassemblement de protestation contre cette Marche a été appelé en toute vitesse et a mobilisé quelques centaines de personnes. Le droit à l’avortement est toutefois largement soutenu dans la société. Même des organisations comme Vie Féminine, qui considérait que l’avortement était inacceptable à l’époque où cette loi a été votée, défendent aujourd’hui le maintien de la loi.

Par Anja Deschoemacker, article tiré de l’édition de mai de Lutte Socialiste

Le danger de cette Marche n’est pas qu’elle puisse avoir le soutien d’une majorité parlementaire mais plutôt qu’on puisse être confronté dans un proche avenir à des piquets devant les centres d’avortement pour culpabiliser et intimider les femmes qui s’y rendent. Aujourd’hui, il y a peu de discussions sur la loi concernant l’avortement, on trouve peu de réponses face aux faux arguments du camp anti-avortement. Si ce camp est capable de croître par manque d’opposition, une pression sera instaurée sur le financement de ces centres (financement qui laisse déjà largement à désirer aujourd’hui). Dans différents pays, le droit à l’avortement est d’ailleurs surtout menacé par les assainissements sur le financement des centres.

Les organisateurs de la Marche ont des arguments capables de susciter une certaine sympathie, comme leur plaidoyer en faveur d’une autre approche de la société envers les personnes handicapées. Ils comparent la loi belge sur l’avortement à la pratique d’avortement du régime nazi. Mais cela ne tient pas debout : les femmes qui n’allaient pas produire de bons ariens étaient obligées d’avorter et/ou d’être stérilisées avec le but de libérer la société de personnes ‘‘inférieures’’. La femme enceinte n’avait aucun choix.

Le PSL lutte pour de meilleurs soins de santé, et donc pour plus de moyens, plus de personnel, plus d’équipements, notamment afin d’intégrer les personnes handicapées dans la société et d’alléger la charge des soins qui repose sur leurs familles. Aujourd’hui, une partie de plus en plus grande des soins aux malades, aux personnes âgées, aux personnes qui ont un handicap,… est rejetée sur le dos des familles. Il faut leur offrir un espace pour respirer et la possibilité de pouvoir encore faire d’autres choses en plus des soins. Toutefois, de nombreuses familles n’ont ni la portée ni les moyens de prendre ces choses en main sans conséquences dramatiques pour leur qualité de vie.

Les jeunes organisateurs de cette Marche réactionnaire affirment qu’ils ne sont pas de droite, mais qu’ils sont au contraire les champions progressistes des droits de l’Homme, des droits des personnes à naître dans ce cas-ci. Ils disent ne pas vouloir attaquer celles qui ont avorté, mais justement les aider. Différentes générations et d’innombrables femmes partout dans le monde se sont ‘‘trompées’’, selon eux, en se battant pour le droit à l’avortement.

Dans le climat actuel, avec une couche de la population qui cherche refuge dans les valeurs traditionnelles, cela peut encore avoir un certain succès. Si nous ne voulons pas les laisser faire, il nous faut mettre sur pied un contre-mouvement actif et ne pas attendre de mobiliser à la dernière minute. Nous appelons toutes les forces qui défendent le droit à l’avortement à discuter ensemble pour construire une large campagne sur ce thème. Le PSL s’engagera dans chaque campagne sérieuse défendant le droit à l’avortement.

Nous pensons qu’une telle campagne doit aussi dire que les femmes ne devraient pas avorter uniquement sur base de motivations financières et qu’il est inacceptable que la société rejette toute la responsabilité des enfants sur le dos de la mère. Nous devons nous battre pour que donner naissance ne conduise pas à la pauvreté et/ou ne pousse pas les femmes à revenir au foyer.

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