Le mouvement ouvrier chrétien à la recherche d’un nouveau parti

"A la recherche d’un nouveau partenaire". C’est le titre de l’article du président de la CSC, Luc Cortebeek, dans Visie (hebdomadaire de la CSC en néerlandais) du 8 avril 2005. Il cite les différents conflits sociaux où les organisations de travailleurs sont diamétralement opposés au patronat et au gouvernement : les négociations pour l’accord interprofessionnel, la représentation syndicale dans les entreprises de moins de 50 travailleurs, et dans le dossier qui n’est pas le moindre : les pensions. Sa conclusion est qu’il n’y a pas de partenaires “avec qui nous pouvons lancer une discussion sur ces thèmes de manière sérieuse”.

Bart Vandersteene

Dans chacun de ces dossiers la CSC et la FGTB doivent mener la lutte contre un patronat agressif qui lance ses attaques sur nos salaires et nos conditions de travail et contre un gouvernement au sein duquel le SP.a et le CD&V jouent ouvertement du côté du patronat. Les ministres Vandenbroucke, Van den Bossche, Leterme, Vervotte,… se trouvent dans tous les dossiers de l’autre côté des barricades. Il est pénible de constater qu’Yves Leterme et Inge Vervotte sont prétendument des représentants de l’ACW (l’ACW est le mouvement ouvrier chrétien en Flandre) au sein du CD&V. Le grand écart de ces ministres pour, d’un côté prendre des responsabilités politiques au sein du gouvernement flamand, et de l’autre se donner l’image de mandataires de l’ACW devient de plus en plus délicat à assumer. A l’intérieur de l’ACW, il y a de plus en plus de voix qui s’expriment pour cesser de collaborer exclusivement avec le CD&V. La direction doit donc également manoeuvrer pour obtenir le soutien d’une résolution dans laquelle la préférence est de travailler ensemble avec le CD&V. Une formulation qui laisse certainement une large place à d’autres initiatives.

Ce n’est pas un hasard si cette discussion, déjà vieille d’une décennie, remonte à la surface. Après une cure d’opposition de 5 ans, le CD&V prend à nouveau des responsabilités dans le gouvernement flamand. Dans l’opposition, l’aile ouvrière peut encore essayer de faire illusion avec un langage progressiste. Mais depuis le travail en commun structurel avec le NVA (fort à droite), la participation gouvernementale,… l’ACW se pose de plus en plus la question de la nécessité d’un nouveau parti des travailleurs. En Wallonie, le PS domine et est conscient que de nombreux travailleurs chrétiens cherchent un parti qui les défende. C’est la raison pour laquelle Di Rupo crée une ouverture vis-à-vis du monde chrétien, place dans ses cabinets des représentants du MOC,… afin de donner une « alternative » aux déçus du CDh et de récupérer de précieuses voix aux élections. Cela ne peut faire illusion qu’un temps car de nombreux travailleurs sont conscients que le PS ne défend plus leurs intérêts.

Le groupe autour du journal Beweging (Mouvement) dans l’ACW a formulé ce besoin d’un parti pour les travailleurs chrétiens dans un tract diffusé en octobre 2004 après le congrès de l’ACW: «Les travailleurs, les allocataires et leur famille, ont besoin d’un véritable parti social qui défende radicalement les intérêts et la solidarité parmi les travailleurs et ceux qui ont droits à des allocations, jusqu’à amener sur le terrain politique la défense de ses positions. La constitution de l’ACW en tant qu’organisation sociale autonome avec un programme socialprogressiste peut constituer un pas important.» C’est l’exigence de rupture avec le CD&V et la création d’un parti des travailleurs distinct. Cette dynamique changerait la politique dans le pays et pèserait sur la FGTB qui reste dominée par une social-démocratie embourgeoisée.

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