PS et SP.a dans les cordes malgré la résistance sociale

Ne soyons pas pris en otage par l’absence d’alternative politique!

La lutte contre ce gouvernement a été impressionnante, avec un plan d’action allant crescendo à l’automne jusqu’à une grève générale nationale massive le 15 décembre. Non seulement le gouvernement mais aussi toute la politique d’austérité se sont retrouvés vigoureusement secoués. Les derniers sondages indiquent toutefois que la N-VA et le MR ne reçoivent pas de sanction sévère. Le PS et le SP.a ne bénéficient pas de l’énorme aversion qui vit des deux côtés de la frontière linguistique face à l’austérité. Comment est-ce possible?

Par Jarmo, article tiré de l’édition de juin de Lutte Socialiste

Une étude post-électorale dirigée par l’institut ISPO (Instituut voor Sociaal en Politiek Opinie-onderzoek) a dévoilé quelques données remarquables concernant les élections du 25 mai 2014. Il semble que seuls 6% des électeurs flamands ont déterminé leur vote sur base de considérations communautaires. En 2007 et 2010, ce chiffre était respectivement de 13,3 et 19,7%. Après 8 ans de crise, le communautaire a cédé la place à un certain nombre de problèmes socio-économiques fondamentaux : pour 43% des électeurs la création d’emplois était une priorité, pour 37% la santé et pour 32% les pensions. Ce n’est pas précisément ce sur quoi les forces de droite peuvent se baser.

Sans surprise, la social-démocratie belge n’a pas pu se démarquer sur ces thèmes. Après des années de participation au pouvoir, le PS et le SP.a sont largement responsables de la destruction des conquêtes sociales,… Dans ces conditions, il n’est pas illogique de chercher une alternative ailleurs. Sans véritable force de gauche capable de s’attirer la confiance des masses, la victoire de ce qui se présente comme ‘‘alternative’’ est inévitable. La N-VA a remporté les élections du 25 mai non pas sur ce qui fait son activité de base – le communautaire – mais sur l’absence de solution de rechange fiable face aux partis traditionnels.

Le PS et le SP.a se concentrent maintenant sur eux-mêmes. Les élections présidentielles du SP.a, qui auront lieu en juin, ne sont qu’un concours de popularité où – selon les mots de Frank Vandenbroucke lui-même – l’essentiel est de ne pas donner l’impression que l’on voudrait faire un virage à gauche. Le PS est quant à lui en plein ‘‘chantier des idées’’. Mais derrière les belles paroles (répondre aux ‘‘contraintes européennes et budgétaires’’, réfléchir sur le ‘‘capitalisme financier’’ qui gangrène l’économie, faire ‘‘contre-poids’’ à la droite et ‘‘l’idéologie néolibérale’’,…), on ne trouve aucun contenu concret ni même la moindre remise en cause de la participation enthousiaste du PS à la logique néolibérale durant les 25 années où il fut au pouvoir au niveau fédéral.

En Grande-Bretagne, les conservateurs – pourtant largement détestés – sont parvenus contre toute attente à gagner les élections après 5 ans de politique austéritaire sauvage. Ce ne fut pas tellement une victoire de la droite, mais bien une défaite du Parti travailliste, incapable de convaincre l’opinion publique qu’il représente encore une alternative au gouvernement conservateur.

Ce développement a de profondes implications pour notre combat contre l’austérité. Les dirigeants syndicaux qui se baladent la main dans la main des partis comme le PS, le SP.a ou le CD&V ne peuvent que nous conduire à l’impasse. Ils considèrent que la lutte est inutile tant que la N-VA représente un certains poids électoral et que la social-démocratie ne se développe pas dans les sondages. Ils semblent être aveugles face au formidable coup que le mouvement syndical a infligé au gouvernement à l’automne dernier. A l’époque déjà, nous avons défendu que le retour des autres partis traditionnels au gouvernement ne constituerait en rien une avancée fondamentale. Développer nos luttes nécessite de lier le combat syndical au développement d’une alternative politique prête à se jeter à corps perdu dans la bataille pour renverser ce gouvernement et représenter les intérêts du monde du travail.

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Première page de Lutte Socialiste