Congo. Une grève générale provoque des "villes mortes"

La colère est croissante alors que Kabila tente de rester au pouvoir

congoLes « Villes mortes » furent la principale caractéristique de la grève générale de l’opposition en République démocratique du Congo (RDC) le mardi 23 août dernier. Dans la capitale, Kinshasa, la police a tiré du gaz lacrymogènes sur les manifestants exigeant la démission du Président Joseph Kabila.

Per-Åke Westerlund, Rättvisepartiet Socialisterna (section suédoise du Comité pour une Internationale Ouvrière)

Les rapports parlent de rues vides, de magasins fermés et de manifestations. Beaucoup d’étudiants sont également restés chez eux. A Kinshasa, les manifestants ont érigé des barricades à proximité du siège du parti d’opposition UDPS après avoir été attaqués par la police. A Goma, dans l’Est du Congo, de jeunes manifestants ont stoppé le trafic dans un district, mais dans la plupart de la ville, peu de gens étaient en rue. La journée de protestation appelait tant à une grève générale qu’à des «Villes mortes», l’appel à la grève demandant aux travailleurs de rester chez eux.

Le vieux dirigeant de l’UDPS, Etienne Tshisekedi, est l’un des leaders de l’opposition qui boycotte l’invitation aux pourparlers du gouvernement et de l’envoyé de l’Union africaine, Edem Kodjo, du Togo. Les manifestants ont également exigé la démission de Kodjo puisqu’il est considéré comme proche de Kabila.

Le régime corrompu et brutal de Kabila œuvre à la prolongation de son mandat. En vertu de la Constitution, un président ne peut servir que deux mandats or, le second mandat de Kabila doit prendre fin le 19 décembre prochain.

Le régime prétend qu’un nouveau registre électoral peut être complété pour juillet 2017. Ce n’est qu’alors qu’un calendrier pourrait être présenté pour la tenue de nouvelles élections. Le gouvernement affirme vouloir que des élections régionales et locales prennent place avant qu’il puisse y avoir des élections présidentielles. Un tribunal a décidé que Kabila pouvait rester au pouvoir d’ici là.

Cela suit le modèle des événements survenus au Rwanda, en République du Congo (Congo-Brazzaville) et au Burundi voisins, où les présidents en exercice ont su obtenir des mandats supplémentaires. Au Burundi, où un troisième mandat du président Pierre Nkurunziza a été annoncé l’année dernière, ce qui a provoqué un soulèvement qui a duré des semaines ainsi qu’une tentative de coup d’Etat et une extrême instabilité.

Au cours du mois de janvier 2015, la RDC a été secouée par des manifestations de masse contre Kabila. Environ 40 jeunes manifestants ont été tués par les forces de l’ordre.

À l’avant-garde des manifestations actuelles se trouve la population de Beni dans la partie Nord-Est du pays. Deux personnes ont été tuées lors de manifestations contre l’échec de l’armée dans la protection de la population locale contre une force rebelle qui avait perpétré un massacre. Le Premier ministre Augustin Matata Ponyo et deux autres ministres ont été hués alors qu’ils visitaient la ville. Les différents groupes armés au Congo sont souvent liés aux mines et à l’extraction de matières premières, des activités exploitées par des entreprises privées sous contrats gouvernementaux. Des rapports de l’ONU affirment que l’armée congolaise participe elle aussi à des massacres. De nouvelles protestations sont à l’agenda. «Nous attendons le 19 décembre (…) Kabila ne peut pas rester. La population sera dans les rues tous les jours», a déclaré un manifestant à l’agence de presse Reuters.

Les puissances occidentales qui ont payé le déroulement des dernières élections, que Kabila a frauduleusement remportées, craignent maintenant que les manifestations perturbent leurs intérêts économiques en RDC et puissent même plonger le pays dans de nouvelles guerres civiles. Ils tentent donc de contenir les manœuvres provocatrices de Kabila ou peut-être de le persuader de démissionner «volontairement». Mais Kabila est d’avis de rester en fonction.

La RDC a d’urgence besoin d’un parti socialiste démocratique au programme et à la stratégie orientés vers la lutte tant contre le régime que contre le pillage impérialiste.

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