Augmentation du minerval pour les étudiants étrangers

Bientôt, le plafond du prix du minerval d’un étudiant étranger pourrait passer de 4.175 euros à 12.525 euros, selon un avant-projet de décret organisant le refinancement de l’enseignement supérieur.

Par Nina (Bruxelles)

Actuellement, les universités et hautes écoles sont autorisées à faire payer jusqu’à 5 fois le minerval classique (835 euros pour les universités) aux étudiants étrangers. Il existe des exceptions. Les étudiants ressortissants d’un pays PMA (les pays les moins avancés, selon l’ONU), ceux ayant le statut de réfugié ou de résident, les étudiants venant d’un pays de l’Union européenne ou encore les jeunes dont le pays a conclu des accords avec la Fédération Wallonie-Bruxelles continueraient à payer la même somme que les étudiants belges.

Si le projet est adopté, les institutions de l’enseignement supérieur pourront multiplier le prix du minerval classique par 15 et non plus par 5 pour les étudiants étrangers, hors exceptions citées précédemment. Ce projet répond à la demande émise depuis longtemps de la part des recteurs d’augmenter les frais d’inscription. Ils ont cependant fait parvenir une note confidentielle à l’Académie de recherche et d’enseignement supérieur (Ares) dans laquelle ils réclament l’abolition des exceptions citées plus haut et demandent qu’on leur accorde la possibilité de décider eux-mêmes des étudiants étrangers auxquels accorder une aide financière.

Précarisation des étudiants étrangers

Ce projet précarisera encore plus les étudiants étrangers, déjà victimes des administrations de l’enseignement supérieur. Le 1er mars au matin, une vingtaine d’étudiants étrangers de l’ULB ont bloqué le siège de la direction du service d’inscription. Ils protestaient contre la réclamation de plusieurs milliers d’euros de frais d’inscription supplémentaires, ils avaient en effet reçu une menace de désinscription si ces montants n’étaient pas payés dans les semaines qui suivaient, une surprise à laquelle ils ne s’attendaient pas. Ces étudiants avaient pourtant reçu la confirmation de leur inscription après avoir payé le minerval classique en début d’année, les services d’administration s’étaient-ils tout à coup rendus compte qu’il y avait là une possibilité de grappiller quelques euros suite à l’obligation de faire des économies émise par le gouvernement ? (1)

Mais quel est le but du projet de décret? Les représentants des étudiants craignent que cela ouvre les portes à un refinancement de l’enseignement par les étudiants eux-mêmes…

Le but serait-il de dissuader les étrangers de venir étudier en Belgique francophone ? Selon le recteur de l’ULB, Didier Viviers, le but serait de refléter le réel coût des études. Il déclare de plus qu’à l’étranger on considère que le prix traduit la qualité.(2) Mais cela ne vaut que pour les familles qui ont les moyens de payer ces montants ! De plus, si le but est de mettre en avant la qualité de l’enseignement, il faudrait déjà que cet enseignement soit de qualité. Mais avec les économies toujours plus importantes faites sur le budget dédié à l’enseignement, celle-ci ne fait qu’en pâtir.

Si on souhaite que la qualité de l’enseignement belge soit reconnue à l’étranger, il serait par exemple temps de rénover les auditoires qui tombent en ruines, surtout dans les filières plus artistiques ou sociales. Le but de l’enseignement ne devrait pas être utilitariste. Actuellement la priorité est mise sur les filières utiles au monde de l’entreprise. Il est nécessaire de mettre plus de professeurs à disposition des étudiants, surtout en première année de baccalauréat, où les étudiants s’entassent dans les auditoires.

Pour un refinancement public massif de l’enseignement !

Le pacte d’excellence, une réforme de l’enseignement que prépare le gouvernement et dont les informations restent pour l’instant assez secrètes, inquiète les enseignants. En effet, Eugène Ernst (CSC) et Pascal Chardome (CGSP) tiennent le même discours : ‘‘On veut réformer l’école, sans y mettre les moyens. Nous craignons donc que l’enseignant soit la seule variable d’ajustement… Nous ne voulons pas d’un pacte qui menacerait l’emploi, le statut, ou les conditions de travail.’’ (3)

La seule solution pour obtenir un enseignement de qualité serait un refinancement massif de l’enseignement, avec réouverture de l’enveloppe fermée dédiée à ce budget. Ce refinancement ne peut pas se faire en allant chercher dans les poches des étudiants ou des familles, ceux-ci devant déjà assumer des frais toujours plus importants en termes de logements étudiants, de transports, etc. Étudier est un droit, pas un luxe, et il est nécessaire d’y mettre tous les moyens possibles !

Des moyens financiers, il y en a ! Il serait temps que les richesses produites par les travailleurs ne soient plus accaparées par quelques riches mais servent au bien-être de tous. Cela passe par un enseignement pleinement accessible et de qualité, pour tout le monde, qu’importe le pays d’origine.

(1) ‘‘Des étudiants étrangers contestent leur minerval’’, Le Soir, 2 mars 2016.
(2) Dans une interview réalisée par Valentine Van Vyve, journaliste pour La Libre.
(3) BOUILLON P., ‘‘Le pacte d’excellence’’, Actualité, 3 mars 2016

Partager :
Imprimer :

Soutenez-nous : placez
votre message dans
notre édition de mai !

Première page de Lutte Socialiste

Votre message dans notre édition de mai