Premier janvier, festival public à Luoyang organisé au cimetière des martyrs de la révolution
Ceci est un rapport des manifestations qui se sont déroulées la semaine passée dans la ville de Luòyáng (1), province de Hénán, à la suite de la décision du gouvernement local de vendre le Cimetière Mémorial des Martyrs, qui sera transformé en un cimetière privé réservé aux riches. Cet événement est extrêmement symbolique, montrant bien que plus rien – même pas les tombes des héros militaires – n’est à l’abir de la folie de la privatisation qui s’est emparée des dirigeants "communistes" actuels.
De la part d’un observateur local
Démanteler, démanteler encore, démanteler les vivants, démanteler les morts ; démanteler la campagne, démanteler les villes, démanteler les masses, démanteler les martyrs.
En décembre 2007, dans le Hénán, le journal "Dahe" (2), le premier, a divulgué l’information que le Cimetière Mémorial des Martyrs de Luòyáng allait être démantelé. Ce cimetière avait été construit pour commémorer les soldats de l’Armée de Libération Populaire (ALP) morts pour libérer Luòyáng du régime du Guómíndang lors de la période révolutionnaire de 1945-9. Sur un total de huit cimetières, six ont été démantelés par le gouvernement local afin de construire des cimetières privés avec des emplacements à vendre pour plusieurs dizaines de milliers du yuan (3).
Les autres chaînes publiques ont rapidement relayé la nouvelle. Quelques personnes, surtout membres de la jeunesse maoïste et du "fenqin", un groupe nationaliste, ont publié des images et des articles critiquant les actions du gouvernement. Désireux de dissiper la colère de ces gens et de réagir aux critiques, le gouvernement de la ville de Luòyáng a répondu qu’il n’allait pas démanteler le cimetière des martyrs, mais au contraire le "rénover". Afin de couper court à toute objection, un des responsables du cimetière fut aussi viré.
Ceci a mené à l’organisation d’un festival public au cimeetière, ce premier janvier 2008, en guise de protestation face à l’action du gouvernement local. A peu près 200 personnes se sont rassemblées dans le cimetière à neuf heures, surtout des membres des jeunesses maoïstes et pro-militaires, et quelques parents des martyrs. Le gouvernement de Luòyáng a alors envoyé des douzaines de gendarmes et de policiers anti-émeutes pour surveiller l’événement et barrer la route principale qui mène au cimetière. Mais tout se déroula dans le calme et la police se retira du cimetière.
Un coup porté aux illusions
L’impact du festival de protestation de Luòyáng perdure encore. Les manifestants ont bien expliqué que si le gouvernement ne donnait pas une réponse satisfaisante, la protestation reprendrait. Sans vouloir exagérer l’importance de cette affaire (qui n’est malheureusement en aucun cas le pire des crimes commis par ce gouvernement), nous trouvons tout de même ici face à un des actes de démolition des plus monstrueux et détestables.
La réalité est le meilleur des professeurs. Cette affaire a porté un grand coup à tous ceux qui entretiennent encore des illusions dans le régime actuel, ainsi que pour tous ceux qui crient "mort aux USA et au Japon" et "rayez Taiwan de la carte".
Nous respections ceux qui sont morts lors de la lutte de libération de la Chine de la domination impérialiste, et dont les idéaux étaient ceux de l’égalité sociale. Nous comprenons ceux qui aujourd’hui recherchent parmi cette génération un modèle et une inspiration, même si nous croyons en la nécessité d’une approche politique et d’un programme différents, càd. basés sur la classe salariée, socialistes et internationalistes. A cette occasion, nous aimerions rappeler à la jeunesse maoïste et au "fenqin" de ne pas se laisser leurrer par le "patriotisme" et le "socialisme à la chinoise".
Un vernis "socialiste" ne peut plus suffir à cacher le noyau capitaliste qui prévaut dans la société actuelle. Qui est-ce qui vend le peuple ? Qui est-ce qui trahit la révolution ? Qui est-ce qui sert l’avidité du capital ? Tout ceci est bien assez clair.
- Luòyáng est une des plus anciennes villes de Chine, située dans le Hénán province de la Chine où on trouve le plus d’habitants, sur les rives du Fleuve Jaune, au centre du pays
- Presse d’Etat régionale, le Dahe est le 65ème plus grand journal du monde
- 10.000 yuan valent 1040€, et le salaire moyen d’un travailleur chinois est de 105€ par mois