Afrique du Sud. En défense des métallos : stop aux mensonges!

Les patrons, les politiciens capitalistes de l’ANC (Congrès national Africain) et la DA (Alliance Démocratique) et les médias hurlent d’une même voix contre les travailleurs du métal. Ils dénoncent leur grève en coeur et blâment les métallurgistes d’être responsables de tous les problèmes de l’économie capitaliste sud-africaine. Les médias fourmillent d’experts pour se prononcer à ce sujet, mais ce ne sont en fait qu’un ramassis de porte-paroles du capitalisme.

Ces «experts» affirment tous que la grève des métallurgistes va « paralyser l’économie » et causer la ruine de l’Afrique du Sud. Cela est-il vrai ? Non! Il s’agit d’un non-sens. Ces mensonges visent à tenter de monter la population contre la grève, les métallurgistes et leurs syndicats. La réalité, c’est que ce sont les patrons qui sabotent l’économie.

La “violence” des gréviste ?

Afin d’aider à faire entrer ces mensonges dans la tête des gens, la grève est dépeinte dans les médias comme étant “violente”. Les “experts” aiment à parler du “droit au travail”, c’est-à-dire le droit à recourir à des jaunes, des briseurs de grève, et à saper la grève! L’Alliance Démocratique veut même faire adopter une loi disant que si une grève est “excessivement” violente, elle ne serait alors plus protégée par la loi, ce qui permettrait aux patrons de licencier les grévistes sans le moindre problème.

Cette proposition de la DA ouvre grand la voie à l’utilisation d’agents provocateurs de la part des patrons et des politiciens capitalistes. Si une telle loi est adoptée, tout ce qu’il conviendra de faire pour briser une grève sera d’envoyer des voyous engagés par les patrons pour causer des problèmes afin de pouvoir déclarer la grève non-protégée et permettre ainsi de menacer les grévistes de licenciement s’ils ne reprennent pas le travail. L’Alliance “Démocratique” n’est intéressée que par la défense des droits et privilèges des patrons.

Qui crée les richesses de la société ?

D’où provient toute la richesse de l’économie ? Fondamentalement, il s’agit de la nouvelle valeur ajoutée par les travailleurs dans le processus de leur travail – en particulier dans le secteur de l’industrie manufacturière. Les “experts” affirment que cette grève sera grandement dommageable puisque l’industrie manufacturière représente 15% de l’économie sud-africaine. Cela signifie donc que 15% de la production économique du pays est générée par 230.000 métallurgistes uniquement dans un pays de 52 millions de personnes !

Pourquoi les “experts” ne louent-ils pas cette énorme contribution à la richesse du pays et aux profits des patrons de la part d’un si petit nombre de travailleurs ? Les métallurgistes doivent être les plus généreux du pays pour être responsables de 15% de l’économie en recevant des salaires si misérables… Ces données illustrent en réalité l’extraordinaire surexploitation dont sont victimes les métallurgistes, exploités par des patrons si avides de profits qu’ils se battent bec et ongles pour éviter une modeste augmentation salariale de 12 à 15% !

De quoi parlent-ils lorsqu’ils se réfèrent à “l’économie” ?

Dans le cadre de la lutte des patrons contre les travailleurs, ils essaient de nous rendre la situation plus confuse à l’aide de prétendus “experts” économiques. Les “experts” adorent parler “d’économie”. Mais à chaque fois qu’ils utilisent cette expression, les travailleurs doivent entendre sonner l’alarme! Les “experts” ne sont parlent pas vraiment de “l’économie”, mais plutôt des intérêts patronaux au sein de l’économie. Ces intérêts ne sont pas identiques à ceux des travailleurs au sein de cette même économie. Le secteur manufacturier représente 15% de l’économie. Après la grève, même si les métallos parviennent à arracher leur augmentation de salaire et la satisfaction d’autres revendications, ce secteur représentera toujours 15% de l’économie. La seule chose qui va changer, c’est que la part de ces 15% qui revient aux patrons du secteur en tant que profits sera plus faible et la part revenant aux métallurgistes sous forme de salaire sera plus élevée.

La seule raison pour laquelle le secteur se contracterait en raison de salaires plus élevés pour les métallurgistes, ce serait à cause du sabotage des patrons. Les patrons peuvent décider de se séparer de travailleurs ou de fermer des usines afin de restaurer leurs profits. Ils chercheraient, en d’autres termes, à saper les acquis de la grève. Ce serait là l’œuvre des patrons, et en rien une conséquence de la grève.

La grève empêche-t-elle les patrons d’investir ?

La réponse habituelle des “experts” est de dire que si les patrons ont de plus faibles bénéfices, alors ils ne seraient pas en mesure d’investir et de créer de nouveaux emplois. Eh bien, tout ce que nous pouvons dire à cela est : qu’est-ce qu’ils peuvent bien encore attendre maintenant ? La part de la richesse produite nationalement qui va aux salaires n’a cessé de diminuer ces dernières années. Les entreprises sud-africaines disposent d’une réserve de liquidités de 500 milliards de rands sud-africains (environ 34 milliards d’euros, NDT). Ils ont tellement d’argent qu’ils ne savent pas quoi faire avec ! Cette somme pourrait être investie pour créer des emplois. Mais pour les capitalistes, il est plus rentable de spéculer avec cette somme sur les marchés financiers. Tout ce qu’ils veulent, c’est des bénéfices, encore plus de bénéfices.

Comment se fait-il que la grève des métallurgistes, qui a commencé il y a peu, soit subitement devenue l’excuse expliquant pourquoi les capitalistes ne peuvent pas investir ? Cet argument est bien évidemment un non-sens. En réalité, les capitalistes sont en grève de l’investissement depuis des années : les investissements des entreprises d’Afrique du Sud dans l’économie sont maintenant 3% inférieurs à ce qu’ils étaient en 2008! Est-ce la faute des métallurgistes? Non, tout ce temps, les patrons ont simplement saboté l’économie.

La grève rendrait-elle le pays moins compétitif ?

Les “experts” rétorqueront que des salaires plus élevés pour les métallurgistes rendraient l’Afrique du Sud “moins compétitive”, et que des délocalisations s’ensuivraient vers des régions du monde où les salaires sont plus bas. Les “experts” présentent ce phénomène comme s’il était tout aussi inévitable que le lever du soleil à l’Est. C’est un mensonge. Encore une fois, les patrons menacent de saboter les gains de la grève. Ce qu’ils disent vraiment, c’est qu’ils vont fermer leurs entreprises en Afrique du Sud et les déplacer à l’étranger pour obtenir des profits plus élevés pour eux-mêmes plutôt que de payer les métallos avec un salaire équitable.

Les capitalistes veulent être gagnants sur les deux tableaux. L’ANC, soutenue par les grandes entreprises sud-africaines, est allé très loin dans la défense et l’application des idées dominantes néolibérales du capitalisme mondial, qui affirment que les obstacles au commerce doivent être supprimés, les services publics privatisés, les marchés ouverts et que la loi de la concurrence doit être élevée au dessus de tout. Globalement, cette stratégie a permis aux grands capitalistes d’Amérique et d’Europe de transférer le pouvoir et la richesse de la classe des travailleurs à leur propre classe sociale. Quand cela les arrange, les patrons sud-africains soutiennent ce processus, et quand ce n’est pas le cas, ils en blâment les travailleurs. Pour les travailleurs, le néo-libéralisme est synonyme de nivèlement des salaires par le bas. C’est ainsi que des usines qui avaient été délocalisées en Chine parce que les salaires y étaient plus bas qu’ailleurs sont en train d’être transférées vers des pays aux salaires encore plus faibles en Asie du Sud-Est.

Le socialisme peut répondre à ces mensonges

Ces problèmes sont liés au système capitaliste. C’est pourquoi les travailleurs doivent être armés d’idées socialistes. Les problèmes des capitalistes n’ont aucune raison d’être nos problèmes. Nous devons disposer d’une claire compréhension que la seule alternative est une alternative socialiste. Les travailleurs doivent exiger la transparence de la comptabilité des sociétés sud-africaines qui prétendent qu’ils ne peuvent pas rivaliser avec les entreprises étrangères. Des comités de travailleurs doivent ensuite examiner leurs profits, les rémunération de la direction, les frais d’entretien, les salaires versés aux travailleurs et les prix qu’ils facturent pour leurs produits ou services. Mais même dans les cas où les entreprises parviendraient à prouver qu’elles ne peuvent pas rivaliser avec leurs concurrents, les travailleurs ne devraient pas soutenir les profits capitalistes en demandant à la classe ouvrière de payer des prix élevés pour des biens et des services ou en maintenant les salaires au plus bas au nom de la classe capitaliste.

Si les entreprises ne peuvent véritablement pas rivaliser, dans un premier temps, nous allons exiger leur nationalisation sous le contrôle démocratique des travailleurs. Ce doit être la revendication essentielle du mouvement syndical en lutte pour défendre les emplois. Mais au final, seule une société socialiste peut mettre fin à la course vers le bas des conditions de travail et de salaire et sera capable de donner de bons emplois et un bon niveau de vie à tous les travailleurs et leurs familles.

De la même manière qu’ils sont organisés dans les syndicats, les travailleurs doivent être politiquement organisés, dans des partis comme le Workers and Socialist Party (WASP) afin de lier la lutte sur les lieux de travail à une lutte commune de la classe des travailleurs pour une société socialiste.

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