1er mai. Caddie trop cher, personnel en solde, inégalités accrues : luttons pour une autre société!

Ce 1er mai, discours officiels et conversations entre participant.e.s se sont fortement concentrés sur les élections de 2024. Tant la social-démocratie que le PTB ont inscrit leurs interventions dans le cadre des campagnes électorales. D’autres partis tentent de s’approprier une partie des débats du 1er mai avec leurs propres activités, comme l’ont fait les libéraux et le Vlaams Belang.

La bataille entre le PS et les libéraux a été largement relayée par les médias dominants. Elle portait principalement sur la forme que prendrait une réforme fiscale : l’argent serait-il prélevé sur les plus riches ou, au contraire, sur les chômeurs, entre autres ? La guerre verbale entre le PS et l’Open VLD et le MR montre que le gouvernement Vivaldi est usé. Le duel s’est bien entendu limité aux mots, au plaisir des deux camps. Dans le contexte du 1er mai, cela a permis au PS de redorer son profil de gauche, ce qui n’est pas un luxe face à la concurrence du PTB. Les libéraux, quant à eux, ont pu mettre davantage en avant leur côté antisocial.

Lors des défilés, l’attention s’est portée sur la lutte du personnel de Delhaize. Les expressions de soutien ont résonné partout, y compris dans les villes où la social-démocratie fait partie des autorités locales qui autorisent l’envoi de la police avec des huissiers pour briser les piquet de grève. A Gand, des syndicalistes ont même été arrêtés lors d’un piquet de grève samedi dernier ! Le soutien en paroles et la présence symbolique du personnel de Delhaize, aussi importants soient-ils, ne nous permettront pas d’atteindre nos objectifs. Il est essentiel d’étendre la lutte pour stopper le plan de franchisation et défendre le droit à l’action collective.

L’efficacité de la mobilisation de masse pour faire respecter les droits s’est manifestée de manière détournée ce week-end : une rave illégale à Saint-Trond n’a pas pu être arrêtée par la police en raison du grand nombre de fêtards. La FGTB, notamment Thierry Bodson, a fortement insisté sur la journée d’action du 22 mai dans l’ensemble du secteur de la distribution. C’est effectivement important et la journée d’action du 22 mai doit être utilisée pour renforcer et élargir la lutte au niveau local et stopper la mise sous franchise.

Si nous perdons la bataille chez Delhaize, Carrefour sera le prochain sur la liste, et ce quelques années à peine après une restructuration majeure accompagnée de pertes d’emplois. Le PDG de Carrefour Belgique l’a déclaré dans une interview accordée à De Tijd : « Le statu quo n’est pas une option ». Le journal ajoute : « Lorsque les derniers piquets de grève seront levés et que les indépendants reprendront tous les Delhaizes, une nouvelle ère s’ouvrira également pour Carrefour. » Il s’agira d’entamer des discussions sur les conditions au sein des différentes commissions paritaires du secteur.

Magnette et le PS ont mis l’accent sur la taxation des riches, en proposant de doubler la taxe sur les valeurs mobilières et d’autres mesures visant à faire payer davantage les plus riches. Il répond ainsi aux libéraux qui veulent faire payer davantage les plus faibles, notamment les chômeurs. Magnette reçoit un coup de poignard dans le dos lorsque Conner Rousseau lance lui-même l’idée des « emplois de base », en gros le travail forcé des chômeurs après deux ans et ce, à un salaire minimum. Cela ouvrait la porte à une réduction des allocations de chômage dans le temps, ce dont Bouchez s’est immédiatement emparé pour dire en riant que Vooruit le dépassait par la droite. Les libéraux peuvent en rire, c’est particulièrement douloureux pour celles et ceux qui se font encore des illusions vis-à-vis de Vooruit. En outre, la proposition de Rousseau repose sur des salaires minimums pour des emplois qui ont normalement un salaire de départ plus élevé. Il introduit donc deux échelles de salaires pour un même emploi. La logique est en fait identique chez la direction de Delhaize concernant le personnel des 128 magasins : le personnel « ancien » aux anciennes meilleures conditions cède progressivement la place au nouveau personnel aux conditions moins bonnes.

À Gand, un orateur de la FGTB s’est opposé aux « emplois de base » de Rousseau et a plaidé en faveur d’un véritable plan d’action pour des emplois et des salaires décents, avec une augmentation du salaire minimum à 17 euros de l’heure. Pour obtenir des commentaires positifs sur sa proposition, Rousseau a dû se tourner principalement vers les libéraux et la N-VA. Vooruit tente de vendre toutes les propositions de droite comme des moyens d’empêcher l’extrême droite de préparer une coalition avec la N-VA. La N-VA hésitera-t-elle à former des coalitions locales avec le Vlaams Belang après octobre 2024 parce que Vooruit court après elle ? Les chances sont minces…

Il faudra s’en prendre autrement pour arrêter l’extrême droite. Le Vlaams Belang s’est rendu à Turnhout le 1er mai, où il a déclaré avoir rassemblé 500 partisans. Le lieu n’est pas un hasard : l’extrême droite peut marquer des points dans les centres-villes et les campagnes, en s’appuyant sur le mécontentement lié au pouvoir d’achat ainsi qu’au démantèlement des services publics et au dossier de l’azote. Le Vlaams Belang a naturellement présenté des propositions antisociales visant à réduire la sécurité sociale. Avant de présenter ses propositions antisociales, l’extrême droite a commencé à faire référence au panier de la ménagère. Le parti espère capitaliser sur le mécontentement général concernant le pouvoir d’achat.

Au PTB, l’accent a été mis sur « l’imposition des riches » avec la taxe des millionnaires, sans se limiter à doubler la taxe sur les valeurs mobilières proposée par le PS (qui ne concerne même pas les milliardaires). Raoul Hedebouw et ses collègues ont mis le doigt sur la plaie des inégalités massives. Cependant, la manière dont ils entendent appliquer et défendre la taxe des millionnaires contre le sabotage du capital est restée vague.

« La taxe peut être votée dès demain », a déclaré Raoul Hedebouw. Bien qu’il ait été souligné qu’un rapport de force est en train de se construire « pas seulement au parlement », les propositions visant à renforcer la lutte se limitent en grande partie à appeler à voter pour le PTB. La mise en place d’un mouvement prêt à nationaliser le secteur financier si nécessaire est indispensable à l’application effective de la taxe des millionnaires. Après son succès contre les privilèges des (ex-)parlementaires, le PTB était confiant le 1er mai. Vooruit s’intéressant à la N-VA, la tâche était également plus facile du côté néerlandophone. « Ceux qui veulent une politique de gauche doivent regarder à gauche », telle était, non sans raison, l’approche de Raoul Hedebouw.

Avec le PSL, nous étions présents dans 11 villes. Nous avons mis l’accent sur trois points : étendre et approfondir la lutte contre Delhaize, imposer un impôt sur la fortune par le biais d’un rapport de force, populariser la question de la nationalisation et lutter contre l’extrême droite avec les actions Pride is a Protest, entre autres. Nous lions invariablement cela à la nécessité d’un changement social socialiste, car chaque réalisation sous le capitalisme est invariablement soumise à une pression renouvelée et parce que tous les problèmes auxquels nous sommes confrontés sont le résultat du système capitaliste.

Nous avons vendu 573 journaux ce 1er mai, soit 60 de plus que l’année dernière. Nous avons également vendu 27 abonnements annuels, juste en dessous de notre objectif de 30. Nous avons vendu 152 journaux et 9 abonnements à Bruxelles, et d’autres excellents résultats ont été obtenus à Gand (90), Liège (78), Bruges (74) et Anvers (58), entre autres. Nous souhaitons la bienvenue à nos nouveaux abonnés et espérons que celles et ceux qui ont découvert notre presse deviendront des lecteurs et lectrices réguliers de ce site web et de notre mensuel.

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