L’enseignement boit la tasse faute de moyens

L’enseignement est déjà bien habitué aux différentes pénuries et aux bâtiments vétustes ou ne respectant pas les normes. Les inondations de la mi-juillet en Wallonie ont laissé des traces qui risquent d’être visibles encore longtemps. En plus de milliers de familles privées de logement, 134 implantations ont été touchées par ces inondations inédites, mais auxquelles il va probablement falloir s’habituer. Même si la plupart des écoles pourront rouvrir à la rentrée, certains élèves et professeurs vont avoir une rentrée bien amère voire pas de rentrée du tout.

Par Jérémiah (Liège)

Faire face aux dégâts des eaux

C’est le cas des écoles présentes à Angleur, un quartier proche de l’Ourthe, un des plus sinistrés de Liège. Certains élèves y feront leur rentrée dans des classes sans chauffage ou dans des locaux humides. D’autres encore dans des préfabriqués en attendant la fin des travaux. Les mêmes préfabriqués utilisés depuis des lustres dans de nombreuses écoles à cause du sous-financement chronique.
Une solidarité extraordinaire s’est manifestée après cette catastrophe, que ce soit pour dégager des classes, mais également en don de matériel informatique, des frigos pour la cuisine,… Mais cela n’est pas suffisant pour reconstruire des écoles exsangues après la catastrophe, c’est aux pouvoirs publics de s’en charger !

Du côté des politiques, seuls 5 millions d’euros ont jusqu’ici été prêtés à 0% d’intérêt pour les frais directs liés aux destructions. Il va donc falloir à un moment rembourser cette somme ! Nous savons que les budgets des écoles sont déjà bien maigres. Il est scandaleux de présenter la facture aux sinistrés, y compris que ce soient des écoles. Le reste des frais repose sur les assurances des écoles, qui ne vont pas tout indemniser.

Une aide directe, publique et sans condition doit être octroyée aux écoles sinistrées, mais nous devons également mettre la pression pour un financement public massif de toutes les écoles, peu importe le réseau, et peu importe la région. Ceci dans le but de rénover toutes les écoles, de les isoler correctement et d’en construire de nouvelles pour pallier également directement à la pénurie des places pour les élèves de première secondaire (notamment).

La pandémie sévit toujours

Sur le front de la pandémie, les travailleurs et les directions vont une fois de plus devoir adapter leur rentrée. En Wallonie, celle-ci sera moins restrictive, car les élèves pourront enlever leur masque lorsqu’ils sont en classe ou en pause, ils restent en revanche obligatoires lors des déplacements. Cet assouplissement ne sera pas en vigueur à Bruxelles au vu du taux de vaccination chez les jeunes beaucoup moins élevé (20% contre 53% en Wallonie), le masque y sera obligatoire partout. Ces mesures à elles seules ne diminuent bien entendu pas les inquiétudes des collègues, elles posent même les jalons d’une potentielle 4e vague dans les écoles.

Le variant delta est devenu majoritaire et est 2 à 3 fois plus contagieux que la souche précédente. Selon l’épidémiologiste Antoine Flahault, de l’université de Genève : « Dans la mesure où les moins de 12 ans restent les seuls non éligibles à la vaccination et que les 12-17 ans sont encore peu vaccinés ou du moins, moins souvent vaccinés que leurs ainés, ils deviennent le principal réservoir et vecteur des transmissions actuelles. » Tant que nous laissons le vaccin entre les mains des multinationales, nous ne pouvons pas avancer plus rapidement dans la campagne qui se joue aussi à l’échelle mondiale.

En d’autres termes, ces mesures sparadrap sont potentiellement dangereuses pour le personnel qui n’est pas protégé à 100 % malgré le vaccin. Dans des classes de 25 à 30 élèves, la probabilité de clusters dans les classes est très importante. Même si les jeunes sont moins à risque de développer des formes graves que les aînés, ce n’est pas un risque que nous devrions prendre pour les élèves ET le personnel. Mais alors que faire ?

Le matériel de protection doit être distribué gratuitement aux élèves et au personnel des établissements par les pouvoirs organisateurs ou régulateurs. Ceux-ci doivent être de qualité et en quantité suffisante.

Des classes plus petites

Lors de l’enseignement hybride (distanciel et présentiel), certains collègues ont pu donner cours à des demi-classes (15 élèves voire moins), ce qui a grandement amélioré la qualité de leur enseignement. Ils ont pu consacrer plus de temps à chaque élève. De plus, moins d’élèves par classe permettrait de maintenir une distance physique pour se protéger davantage du variant delta.

Des actions syndicales ont été menées en fin d’année scolaire précédente contre le manque de mesures effectives et efficaces prises par la Fédération Wallonie-Bruxelles. Ces actions étaient peu nombreuses, mais ont été très bien suivies. Les travailleurs de l’enseignement et les élèves méritent mieux que les miettes habituelles données à ce secteur. Il est temps d’avoir un réel plan d’action pour obtenir un refinancement public conséquent, à hauteur des réels besoins du terrain comme l’engagement de personnel supplémentaire, la construction de nouvelles écoles, la rénovation des écoles. Il faut également maximum 15 élèves par classe, un enseignement gratuit, de qualité et démocratique, capable de prendre réellement en compte chaque enfant et adolescent.

Partager :
Imprimer :

Soutenez-nous : placez
votre message dans
notre édition de mai !

Première page de Lutte Socialiste

Votre message dans notre édition de mai