Des banques resplendissantes et des écoles délabrées, ce n’est pas normal…

Au moment de discuter avec Stefanie, déléguée Setca dans l’enseignement libre et candidate pour les élections sociales à venir, on estimait que près d’un quart des enseignants était malade ou en quarantaine dans l’enseignement fondamental et secondaire. Nous sommes revenus avec elle sur l’enseignement en période de coronavirus.

« Nous avons du gel et des masques, mais la direction donne l’impression que c’est vraiment le maximum. Une collègue a craqué hier sous la pression de l’angoisse. Il faut dire que les couloirs ne sont pas aérés et que la plupart des locaux ont des fenêtres ouvrant soit sur la cour, soit sur la rue. Il y a donc beaucoup de bruit. Du coup, en rentrant dans certaines classes, on a l’impression de pénétrer dans un sauna, il y fait chaud et humide.

«Avec le nombre d’élèves mis en quarantaine ou malades, la charge de travail est considérablement plus lourde, puisque cela nécessite plus de suivi individuel. C’est un peu comme si les classes changeaient chaque jour sur base du va-et-vient. Et comme plus de collègues sont également absents, on nous demande de compenser, de surveiller des classes,… On nous demande de travailler beaucoup plus que d’habitude et il est très difficile de se concentrer sur les gestes barrières et les mesures sanitaires dans des conditions de rush constant.

« C’est un peu hypocrite : le service de Promotion de la Santé à l’École (PSE) rappelle au personnel qu’il faut respecter les règles sanitaires et garder une distance. Mais les conditions de travail ne le permettent pas et, même en pause, les salles des profs sont généralement très petites. Alors, on peut aller manger ailleurs dans une classe vide, mais sans y disposer de frigo, de four micro-onde,… Au final, nous travaillons dans un environnement risqué et les chiffres de contamination et de quarantaine l’illustrent amplement. Moi-même, je me suis inscrite pour un test de dépistage Covid, il a fallu plusieurs jours pour que je puisse le faire et 72 heures pour avoir les résultats : évidemment que le virus a le temps de circuler ! Les directions poussent les enseignants en quarantaine à travailler, mais il ne faut pas oublier qu’on doit aussi s’occuper de ses propres enfants chez soi.

« Nous avons besoin de masques jetables gratuits pour les élèves et les profs pour assurer qu’ils soient changés suffisamment souvent. Il nous faut de l’aide pour diminuer la charge du travail, nous devons avoir plus de personnel pour pouvoir travailler à un rythme moins élevé, pour suivre tous les élèves qui sont absents,…

« Sans encore parler de l’infrastructure, qui est un problème de longue date. Il n’y a pas si longtemps, on avait des élèves qui mangeaient à la cave de l’établissement. On appelle ça le sous-sol, mais c’est une cave. On a dû arrêter parce qu’il y avait des rats ! Mais maintenant, les réfectoires sont bondés… Il suffit de rentrer dans une banque ou une école pour voir les priorités dans cette société. Des banques resplendissantes et des écoles délabrées, ce n’est pas normal. Ce que les jeunes et le personnel, enseignant ou non, méritent, ce sont des écoles qui ressemblent à ce que sont les banques aujourd’hui. »

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