Les professeurs sont-ils des fainéants ?

Judith enchaine depuis 15 ans des contrats temporaires dans différentes écoles en tant que professeur d’art plastique. Nous lui avons posé cette question lors d’une action du front commun syndical bruxellois tenue à la mi-mai à Bruxelles.

‘‘Les enseignants sont complexés par l’image que leur renvoie la société, et du coup, ils n’osent pas revendiquer, mettre en avant la pénibilité de leur travail. Mais il y a 1000 pénibilités dans notre travail ! La première, c’est la précarité. Je connais une prof qui a été nommée au bout de 26 ans ! 26 ans à ne pas savoir où tu bosseras demain ! C’est vraiment très pénible moralement d’être balancée d’école en école sans savoir si tu y seras encore l’année suivante. On peut pas s’investir, participer aux projets de l’école, …

‘‘Après évidemment, il y a un problème criant de manque de moyens qui rend le travail très pénible. Les classes sont surpeuplées (quand t’as 26 élèves, vas y pour leur expliquer à tous la matière en fonction de leur niveau, de leurs faiblesses, etc. c’est ce qu’ils veulent qu’on applique ‘‘l’enseignement différencié’’, c’est très joli, mais c’est impossible à mettre en place dans ces conditions !) et puis il y a un problème de place, de moyens techniques, etc…

‘‘Par exemple, je suis prof d’art plastique dans une école communale. L’école, pour acheter du matériel pour mes classes, ne peut me donner un budget que de 1€ par élève pour l’année ! Je ne peux rien faire avec ça ! Et évidemment que je ne peux plus demander aux élèves, qui ont déjà dû payer énormément en début d’année (on saigne aussi les parents !) Donc du coup, t’es là avec tes 26 ados en face de toi, tu peux rien leur proposer de pédagogiquement intéressant, et tu dois gérer, alors tu sors de l’argent de ta poche…

‘‘Un autre élément de pénibilité, c’est qu’il faut se rendre compte qu’aujourd’hui, les enfants sont bien plus difficiles qu’avant. Rien d’étonnant avec le manque de budget, et puis le fait qu’aller à l’école aujourd’hui (‘‘pour quoi faire ?’’), ça ne te garantit même plus un emploi, plus du tout !

‘‘Et faut se rendre compte, que quand on est en classe, on a pas une seule seconde de répit, on doit être alerte en permanence, donner cours, gérer une classe, veiller au calme, à ce que chacun travaille, etc. c’est hyper usant. Donc, si on ne peut pas le faire dans de bonnes conditions, rien d’étonnant à constater qu’un jeune prof sur 2 n’exerce pas ce métier plus de 8 ans !’’

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