Trump bientôt en Belgique. Comment faire de sa visite une journée d’action réussie?

Photo: PPICS

Huit jours à peine après être officiellement entré en fonction, Donald Trump était déjà le président des États-Unis le plus impopulaire de l’Histoire. Avec 3 à 4 millions de manifestants, les mobilisations américaines du week-end de son investiture ont dépassé celles contre la guerre en Irak de 2003. Des actions ont aussi eu lieu ailleurs, comme à Londres où 80.000 personnes ont manifesté. Trump a très vite illustré dans la pratique à quoi revenait sa politique : dégradation des droits des femmes, mesures racistes, attaques antisyndicales et destruction de l’environnement comme dans le Dakota du Nord, où la construction d’un pipeline est relancée en dépit d’une opposition massive. Les 24 et 25 mai, Trump sera en Belgique. Commençons dès maintenant à mobiliser pour l’accueillir comme il se doit !

100 jours de résistance aux USA

Donald Trump ne s’en cache pas, c’est un milliardaire réactionnaire dont la richesse repose sur l’exploitation, qui glorifie les agressions sexuelles, incite aux violences racistes et désavoue la réalité scientifique selon son bon plaisir. Son ambition est d’utiliser les 100 premiers jours de sa présidence pour faire passer une série de contre-réformes antisociales essentiellement par décrets exécutifs. Il veut lancer la construction d’un mur à la frontière mexicaine, interdire l’accès aux USA aux ressortissants de pays majoritairement musulmans, accroitre fortement les expulsions de migrants ‘‘illégaux’’,…

Socialist Alternative, notre organisation-sœur américaine, appelle à ‘‘100 jours de résistance’’. Les actions spontanées sont impressionnantes et importantes, mais nous avons besoin de construire et d’intensifier la résistance. L’appel des ‘‘100 jours de résistance’’ défend l’idée d’un plan d’action allant crescendo vers le 8 mars (Journée internationale des femmes) et le 1er mai. Le 1er mai 2006, une grève des migrants s’était faite contre la politique d’expulsion. De telles actions sont à nouveau nécessaires. Il y aura également la ‘‘Journée de la Terre’’ le 22 avril qui pourra être une grande journée d’action contre les climato-sceptiques et leur associé politique de la Maison Blanche.

Solidarité internationale

Les mouvements de protestation sont très sensibles à la solidarité internationale. Les mobilisations américaines avaient entre autres été inspirées par la grève des femmes en Pologne et par les manifestations massives de femmes en Argentine. A leur tour, les actions de masse contre Trump ont résonné à travers le monde.

Ce fut aussi le cas en Belgique. Nous avons pris l’initiative de mener des actions de solidarité durant le week-end de la prestation de serment de Trump dans plusieurs villes. Beaucoup de jeunes ont été très positifs au sujet de ces actions, même si elles se sont déroulées avant les grandes manifestations des États-Unis. Depuis lors, il y a eu des actions anti-Trump à Bruxelles le 30 janvier devant la Bourse et le 12 février à l’ambassade des États-Unis, avec à chaque fois une bonne participation.

Il est possible de réunir des dizaines de milliers de personnes à Bruxelles les 24 et 25 mai. Cette manifestation permettra de renforcer le mouvement aux États-Unis et fera une différence!

Construire la résistance

Il ne suffira pas de manifester une fois. Trump ne jetera pas si facilement l’éponge. Pour renforcer les prochaines étapes, nous devons nous organiser et disposer d’une stratégie pour construire la lutte. Les jeunes peuvent jouer un rôle crucial, comme on le voit aux États-Unis.

L’organisation étudiante de Socialist Alternative, les Socialists Students, ont organisé de nombreuses manifestations étudiantes. En Grande-Bretagne, les Socialist Students (qui dépendent de nos camarades du Socialist Party) ont lancé des comités d’action dans les écoles et les universités pour organiser des actions de masse lorsque Trump sera à Londres. Cette visite de Trump a été déclarée ‘‘Jour X’’, en référence au début de la guerre en Irak en 2003. A l’époque, des comités d’actions avaient mobilisé des mois durant, en Belgique aussi, pour préparer des manifestations le jour où la guerre a commencé. En Belgique, ces actions avaient été particulièrement grandes grâce à la préparation de ces comités d’action.

Pourquoi ne pas répéter cette expérience aujourd’hui ? Rendre des grèves étudiantes possibles dépend avant tout de la construction d’un rapport de forces: combien de jeunes pouvons-nous impliquer, comment développer un soutien passif et attirer certains dans la participation active ? Ce qui est certain, c’est que la structure de notre protestation ne tombera pas du ciel. Il faut d’abord se rencontrer, discuter de ce qu’il convient de faire, développer de petites actions devant l’école ou dans notre quartier,… et, à partir de là, passer à des actions plus importantes.

Pouvons-nous gagner ?

Oui, bien entendu ! Celui qui ne se bat pas a perdu d’avance. Mais il faut alors envisager comment nous pouvons remporter des victoires. En 2003, les protestations contre la guerre en Irak ont été particulièrement importantes. Dans le monde entier, des millions de personnes étaient dans les rues, et pourtant Bush et Blair ont lancé leur guerre pour le pétrole. Cela pouvait-il être évité ? Nous pensons que oui. Comme nous l’avons noté alors, la protestation des jeunes était importante, mais il fallait des actions plus ambitieuses. Le mouvement des travailleurs a la capacité de tout mettre à plat en bloquant par la grève l’ensemble de l’économie, y compris l’industrie militaire. Des actions de grève pouvaient physiquement arrêter la guerre. Il y a eu quelques développements intéressants, y compris des grèves au port d’Oakland aux États-Unis, mais ce ne fut pas assez pour stopper l’intervention impérialiste.

Aujourd’hui, cette idée de la grève a plus rapidement fait son apparition. Il existe déjà des appels à la grève pour le 8 mars et le 1er mai aux Etats-Unis. Il faut encore concrétiser cet appel en impliquant le plus de collègues possibles afin également d’éviter d’éventuelles sanctions. La grève des chauffeurs de taxi à New-York contre le décret anti-immigration de Trump est un précédent très important.

De grandes actions lors de la visite de Trump et la construction d’un mouvement contre le racisme, le sexisme et les politiques antisociales, tant aux États-Unis qu’en Belgique, peuvent accroître la confiance de la protestation aux États-Unis. La situation politique de ce pays est très centrale dans le monde entier. Actuellement, Trump stimule la confiance des forces de droite. Imaginez donc ce que représenterait une victoire du mouvement social!

Qu’est-ce qui pourrait représenter une victoire ?

Cela ne suffira pas d’arrondir les angles de la politique de Trump. Lui et sa clique doivent dégager. Mais par qui le remplacer? Par une marionnette de Wall Street comme Hillary Clinton? Le mouvement contre Trump doit construire ses propres organisations politiques à partir des mobilisations de masse afin de prendre les rênes du pouvoir. Est-ce antidémocratique de lutter contre un président élu? La démocratie ne se limite pas à déposer un bulletin dans une urne tous les quatre ans en faveur du candidat qui a mis le plus d’argent dans sa campagne. Qu’est ce qui est plus démocratique que la mobilisation active des larges sections de la population dans les rues qui s’organisent pour défendre eux-mêmes leurs opinions?

La jeunesse se radicalise aux Etats-Unis, l’ouverture est croissante pour les idées socialistes. La nouvelle génération est consciente que le problème ne se limite pas à quelques figures au sommet de la société mais que c’est tout le système qu’il faut renverser. Le capitalisme est caractérisé par une grande concentration de richesses aux mains d’une petite élite avec des porte-paroles arrogants comme Trump (en plus de représentants plus rusés comme Clinton). Cette élite décide de tout. Il faut casser ce ‘‘business as usual’’.

Il faudra notamment veiller à éviter de tomber dans le piège que nous offre le capitalisme de choisir entre la globalisation destructrice d’une part et le protectionnisme et la guerre commerciale qui l’accompagne d’autre part. Ni les traités de libre échange ni le protectionnisme de Trump ne sont des solutions pour la masse des jeunes et des travailleurs. Concentrons-nous sur nos revendications : de bons salaires et des allocations qui permette réellement de vivre décemment, le renforcement des droits des femmes (droit à l’avortement,…), réinvestissement public massif dans les services publics (enseignement, soin de santé,…), transition énergétique vers le renouvelable,…

Cela exige de renverser le capitalisme pour construire une société gérée par et pour la population et non par la classe des milliardaires, au sein de laquelle les secteurs clés de l’économie (secteurs financier, pharmaceutique,…) ne soient plus contrôlés par une poignée de super-riches mais gérés par les travailleurs et les consommateurs dans le cadre d’une production démocratiquement planifiée pour répondre aux besoins de tous dans le respect de l’environnement. C’est ce que nous appelons le socialisme.

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