Augusto Pinochet est mort ce 10 décembre à Santiago du Chili, celui qui dirigea d’une main de fer le Chili de 1973 à 1990 est mort sans jugement, en tout impunité.
Stéphane Ramquet
Le 4 septembre 1970, Salvador Allende avait été élu président du Chili, avec un programme clairement orienté vers les travailleurs et les paysans pauvres du pays face aux candidats de droite.
Dès son élection il réalisa une série de réformes allant dans le sens du socialisme, notamment la nationalisation de la gigantesque industrie du cuivre, l’augmentation des salaires de 40 à 60%, le blocage des prix et l’amélioration du système de santé.
Il ne s’engagea pas sur la voie révolutionnaire, mais ces réformes défiaient tout de même de plein front le capitalisme et firent trembler la bourgeoisie chilienne. Celle-ci s’allia à l’impérialisme américain pour éviter que les masses chiliennes ne finissent par sortir réellement du cadre du capitalisme.
De la même manière que la « démocratie » est défendue par la bourgeoisie lorsque celle-ci ne menace pas son pouvoir absolu, la bourgeoisie n’hésite pas à utiliser la force lorsque la « démocratie » ne penche pas en sa faveur; c’est ainsi qu’un coup d’Etat fût organisé pour éliminer ce début de socialisme.
Salvador Allende refusa d’armer les ouvriers et les paysans qui le soutenaient, organisés en milices, et appela au calme. Ce geste menna à son suicide pour échapper à la réaction, le 11 septembre 1973.
Le général Pinochet fut choisi par la bourgeoisie afin de diriger le pays et la répression contre les opposants: utilisant le stade national comme prison à ciel ouvert contenant 40.000 personnes, sa répression fera 27 500 torturés, ainsi qu’au moins 2279 assassinées ou disparus.
Pinochet menera une politique économique libérale apauvrissant le petit peuple auquel Allende avait donné l’espoir d’une vie meilleure en utilisant les Chigaco Boys (économistes américains) comme conseillers.
Des années plus tard, une fois le pays remis au pas du capitalisme, une transition « démocratique » fut opérée pour rendre le pouvoir aux partis bourgeois civils qui n’organisèrent aucune forme de condamnation à l’encontre de leur sauveur le général Pinochet protégé par son immunité de sénateur.
Le dictateur sera mort sans jugement, mais le juge le plus sévère reste l’histoire et les travailleurs chiliens sauront à terme rendre justice en achevant ce qu’il avait brisé dans l’oeuf: le Socialisme au Chili!