La catastrophe de Soma : le pire désastre minier au monde en 40 ans

La catastrophe minière de Soma a choqué la Turquie : le nombre de décès officiels est aujourd’hui de 301. Ce fut la pire catastrophe minière de l’histoire turque, la pire au monde en 40 ans et la 19e dans l’histoire des pires catastrophes minières mondiales. Ce n’est pas un hasard, la Turquie est l’un des trois pays au monde à n’avoir pas signé les règles de l’Organisation Internationale du Travail sur la sécurité dans les mines.

Par Co?ku M?hc?, Sosyalist Alternatif (CIO-Turquie)

Les déclarations du Premier ministre Erdogan (pour qui les mines comprennent ‘‘naturellement’’ des risques mortels), les divers problèmes survenus au cours de l’opération de sauvetage et le manque d’informations officielles claires ont donné lieu à une explosion de colère à Soma, colère qui s’est étendue à tout le pays suite à la violence exercée par des représentants du gouvernement, dont Erdogan lui-même, contre des proches de victimes qui manifestaient.

En raison de la pression issue de leurs membres, trois des six confédérations syndicales ont appelé à une grève générale d’une journée le jeudi 14 mai ainsi qu’à des manifestations dans les centres villes. Cette grève ne fut toutefois pas très efficace, en raison du bas taux de syndicalisation en vigueur en Turquie et à cause du poids des structures bureaucratiques de la plupart des syndicats. Mais les travailleurs de grandes usines comme Bosch, Renault ou encore Ford sont entrés en grève pour la première fois en dix ans ! Une manifestation massive a eu lieu à Soma, à l’instar d’autres grandes villes comme Istanbul, Ankara et Izmir. Comme prévu, la police anti-émeute a violemment attaqué les manifestations.

Les mineurs de Soma sont entrés en grève sans l’accord ou l’autorisation de leur syndicat officiel. Leur grève se poursuit, malgré la pression et les menaces des propriétaires de l’entreprise minière. Ils ont notamment exigé, et obtenu, la démission des principaux responsables syndicaux locaux, plus impliqués dans la collaboration avec la société minière que dans la protection de leurs affiliés. Ensuite, les mineurs ont été protester devant le siège de l’organisation nationale des mines, en revendiquant principalement la renationalisation des mines.

Les revendications et préoccupations des mineurs de Soma sont partagées par de nombreux mineurs et autres travailleurs à travers tout le pays. Des catastrophes similaires peuvent avoir lieu dans d’autres « pièges à rats » où les conditions de travail ne sont fondamentalement pas meilleures. Il est essentiel que leur lutte soit élargie pour donner lieu à un puissant mouvement de masse contre le régime meurtrier et corrompu de l’AKP.

Une journée nationale de grève dans l’industrie minière pour exiger la renationalisation de l’ensemble de l’industrie minière sous le contrôle des travailleurs pourrait être une première étape destinée à élargir le mouvement. Une grève générale massive et bien préparée pourrait secouer le gouvernement jusqu’à ses fondements et amener la lutte sociale à une nouvelle étape, qualitativement différente. La mise en place de comités d’action devrait aussi être à l’ordre du jour afin de coordonner la lutte actuelle et de poser les bases du remplacement du gouvernement capitaliste de l’AKP par un gouvernement des travailleurs.

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