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Rendez-vous: 31/03/25
Construisons un plan d’action vers la chute du gouvernement !

Ça chauffe sur le rail. Il faut dire que la réforme des pensions qui se prépare est un véritable cataclysme : avec un calcul prenant en compte l’ensemble de la carrière et la suppression du régime préférentiel, le montant de nos pensions serait raboté de plus de 20 %. Pour le personnel roulant (conducteur·trice·s et accompagnateur·trice·s de train), la fin de la possibilité de partir en pension anticipée signifierait pour certain·es 12 années de travail supplémentaires ! Sans compter les menaces qui pèsent sur le statut, sur notre mutuelle et sur l’avenir de toutes celles et ceux qui font les chemins de fer. L’Arizona s’attaque aussi directement aux voyageurs et prévoit notamment la suppression de certains points d’arrêt.

par un cheminot

Deux syndicats minoritaires indépendants, le SIC et le SACT, ont organisé avec succès une grève de 9 jours entre la fin février et début mars. Ils ont devancé le front commun des syndicats traditionnels CGSP et CSC, qui avait annoncé plus tard son propre plan. Celui-ci consiste en quelques jours de grève chaque mois jusqu’au mois de juillet, en y incluant les dates d’actions intersectorielles et interprofessionnelles. A leur base qui réclamait un plan d’action encore plus dur, les dirigeants des syndicats traditionnels répondent : “nous sommes dans un marathon, pas dans un sprint !”.

La crainte de partir en grève “trop tôt, trop vite, trop fort” est légitime. Le gouvernement pourrait parier sur un essoufflement rapide des secteurs les plus à la pointe de la contestation, puis profiter du début de l’été pour faire voter ses pires réformes. Il est donc vrai que nous avons besoin d’un plan qui tienne dans la durée. Mais cela ne doit pas servir d’excuse pour ralentir les luttes ou se limiter à revendiquer de la “concertation”. Même amputé de moitié, le programme de l’Arizona serait inacceptable : il n’y a donc rien à négocier !

Construire notre solidarité

Nous sommes déterminé·e·s, mais ne nous voilons pas la face : ce gouvernement l’est aussi. De Wever et ses amis patrons sont prêts à supporter quelques journées d’actions syndicales si ça leur permet d’assurer plus de profits à long terme. Un plan d’action dur et bien conçu va donc être indispensable pour les faire plier. Il ne s’agit pas seulement de multiplier les jours de grève, mais aussi de construire un mouvement de solidarité avec toutes celles et ceux que l’Arizona met en danger.

On connaît la petite musique de la droite: faire croire que les contestataires ne sont qu’une “petite minorité”, qu’ils défendent “leurs privilèges”. Monter les salarié·es les un·es contre les autres. Le nouveau ministre de la mobilité Jean-Luc Crucke déplore que sur le rail, “ce sont deux petits syndicats qui représentent 5% du personnel qui décident de tout bloquer”. Mais monsieur le ministre, si seuls des responsables syndicaux étaient en grève, 99% des trains rouleraient… Si le rail est bloqué, c’est parce que des milliers de cheminot·es ont décidé de participer à l’action, certainement pas 5% !

La solidarité est notre meilleure arme pour répondre à la rhétorique de division. La solidarité sur nos lieux de travail, la solidarité entre secteurs, la solidarité avec toutes les couches de la population qui vont souffrir si l’Arizona est capable de mettre ses plans à exécution.

Un vrai plan d’action

Les réunions du personnel sur les lieux de travail sont indispensables pour informer tous nos collègues des enjeux et discuter démocratiquement des actions. Ce gouvernement s’attaque à nos conditions de travail, notre sécurité sociale, nos pensions, nos services publics. Mais il va aussi plonger un peu plus dans la galère celles et ceux qui l’étaient déjà : les parents solos, les allocataires sociaux, les minorités, les migrant·es. Les travailleur·euses les mieux organisé·es pourraient organiser des actions de solidarité avec les autres secteurs en lutte. Par exemple en publiant des messages de solidarité sur les réseaux sociaux, en organisant des visites sur les piquets de grève des autres, ou en tenant des assemblées en commun.

La grève générale du 31 mars est à mettre dans tous les agendas. Cette journée a le potentiel pour devenir une démonstration de force : en mettant l’économie du pays tout entier à l’arrêt, en s’attaquant à leurs profits, nous parlerons le seul langage que les puissants comprennent. D’autres actions doivent être organisées avant cela : une grève des services publics, des grèves tournantes, une participation massive à la journée internationale des droits des femmes du 8 mars … sont utiles pour construire progressivement la mobilisation.

Il faut aussi planifier l’après 31 mars. Nous ne voulons pas revivre les mêmes erreurs qu’en 2014, ou après une mobilisation extraordinaire, les dirigeants syndicaux avaient progressivement abandonné les actions. En construisant patiemment un plan d’action qui avance crescendo, en mobilisant le plus largement possible, nous pouvons gagner.

S’informer et s’organiser !

Il est essentiel d’informer et d’organiser les collègues, les amis et les voisins. La droite, les « experts » en tout genre et les médias de masse nous inondent quotidiennement de mensonges et de propagande. Notre meilleur antidote repose sur la réaction la plus collective possible. Quelques suggestions.

  • En prenant connaissance de ce que les mesures de l’Arizona signifient concrètement, on ne peut être qu’en colère. Nous pouvons encourager ce sentiment de rébellion avec des journaux d’information, à l’image des éditions du « Journal des pensions » publiées par le front commun syndical en 2014 et 2018. Bien entendu, des versions numériques de ces journaux sont également nécessaires.
  • L’organisation de séances d’information sur chaque lieu de travail permet d’entrer en contact avec les collègues et d’expliquer les mesures prévues.
  • L’organisation d’assemblées militantes par secteur et par région permet de prendre le pouls des syndicalistes, d’affiner les revendications et de préparer les prochaines étapes du plan d’action.
  • Définir des manifestations et des journées de grève par secteur ou par région sont utiles pour accompagner des campagnes ciblées sur ce secteur ou cette région.
  • Des actions nationales de grève générale sont bien entendu nécessaires. Faute de réponse satisfaisante, après une première grève de 24 heures, une prochaine grève plus importante et de plus longue durée peut être annoncée, par exemple de 48 heures. Des actions intermédiaires (par secteur, par région, etc.) peuvent servir d’élan vers celle-ci.
  • Il nous faut des assemblées du personnel régulières et démocratiques afin de construire une implication solide et l’engagement le plus large possible. C’est la meilleure façon d’organiser le mouvement de lutte et de faire barrage à la propagande mensongère de la classe dominante.
  • L’auto-organisation est cruciale. Les initiatives qui réunissent des activistes de divers horizons, comme Commune Colère, renforcent cette approche.
  • Cette auto-organisation doit aussi nous permettre d’oser parler sans entrave du type de société que nous voulons et de la manière d’imposer notre alternative collective.

Nous renforcer en étant conscient.es des pièges

La faiblesse incite à l’agression. Tout mouvement de lutte a donc intérêt à se prémunir contre d’éventuelles faiblesses. Trois points essentiels.

1/ Préserver notre unité. Toutes les formes possibles de division vont être attisées. La droite raconte que les fonctionnaires sont des privilégié.es parce que certain.es ont une pension qui leur permet de payer une maison de retraite ? Ce n’est pas un privilège, ça devrait être un droit pour tout le monde. Les divisions communautaires seront aussi ravivées tandis que le racisme est la donnée constante d’un agenda de droite. La campagne « anti-woke » vise de la même manière à semer la discorde. Ce ne sont pas les personnes transgenres qui attaquent nos pensions, c’est le boys club capitaliste représenté par l’Arizona qui s’en charge.

2/ Une stratégie pour gagner. Un plan, ce n’est pas simplement une suite d’actions. La force d’un plan d’action réside dans sa capacité d’escalade, chaque action construisant consciemment l’élan vers la suivante. L’avertissement selon lequel nous devrons courir un marathon et non un sprint ne doit pas servir d’excuse pour faire du sur-place. Sans une lutte sérieusement organisée, la colère conduit à la frustration et au cynisme. De toute façon, même un marathon exige beaucoup d’efforts et un entraînement régulier pour franchir la ligne d’arrivée. Il ne doit pas non plus y avoir d’excuses pour laisser planer une quelconque ambiguïté quant à notre objectif : la chute du gouvernement. Pas en 2029, mais le plus tôt possible ! Attendre les élections ne nous a jamais menés nulle part, c’est par nos propres actions que nous forçons les choses à se produire.

3/ La clarté sur ce que nous voulons. En 2014, l’écho a été grandissant en faveur d’un impôt sur les fortunes, mais cette revendication a été déviée vers un « tax shift », un transfert fiscal qui, au final, n’était pas du tout dans notre intérêt. Des revendications clairement exprimées consolident le mouvement de lutte et réduisent la possibilité de nous emmener dans une voie de garage. Nous voulons un véritable impôt sur la fortune, des investissements massifs dans les services publics, la réduction collective du temps de travail, la pension à 60 ans, la préservation de la retraite anticipée… Nous lions tout cela à la nécessité d’une société où la majorité sociale décide réellement de tout, y compris de ce qui est produit et de quelle manière, afin de satisfaire les besoins sociaux.

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Première page de Lutte Socialiste