Le capitalisme est incapable d’atteindre l’égalité de genre

Selon le rapport 2024 du Forum économique mondial sur l’écart entre hommes et femmes, il faudrait encore 134 ans pour parvenir à l’égalité entre les genres. Cet absurde constat est une mise en accusation évidente du système capitaliste. Le Forum économique mondial est d’ailleurs optimiste : il ne tient pas compte du fait que le capitalisme nous fait aujourd’hui en réalité régresser.

par Laura Fitzgerald

Au Soudan, des femmes se sont suicidées en masse pour éviter d’être violées par des paramilitaires. En Afghanistan, les talibans font preuve d’une grande créativité pour promouvoir l’apartheid entre les genres. En plus de priver les filles d’éducation, ils interdisent aux femmes d’étudier dans les institutions médicales, ce qui a des conséquences désastreuses sur leur accès aux soins de santé. Il est également interdit aux femmes de chanter et même d’entendre la voix d’autres femmes.

L’extrême droite progresse en Europe, avec des victoires électorales majeures en Autriche et en Allemagne. Aux États-Unis, cinq des ministres de Trump sont des hommes accusés de harcèlement sexuel. Il ne fait aucun doute que le choix de ces hommes est une tentative délibérée de troller les féministes.

L’extrême droite est idéologiquement attachée au patriarcat, y compris à l’interdiction de l’avortement et à une vision qui cherche à enchaîner les femmes au foyer. L’indignation sélective de l’extrême droite face à la violence contre les femmes est liée à une vision du monde patriarcale et raciste : les hommes durs et machos de l’extrême droite doivent « protéger » les femmes blanches sans défense des hommes noirs, bruns et immigrés qu’ils diabolisent. Pendant ce temps, de nombreux héros des soldats d’extrême droite, de Trump au masculiniste Andrew Tate, sont des violeurs, des abuseurs de mineurs et des trafiquants d’êtres humains.

Les années 2010 ont été marquées par une vague féministe et queer mondiale, dont le mouvement Repeal en Irlande, Ni Una Menos en Amérique latine et plus globalement MeToo ou les grèves féministes. Mais nous assistons aujourd’hui à un retour de bâton important.

La montée de l’extrême droite découle directement du capitalisme contemporain. Il ne s’agit malheureusement pas d’une aberration marginale, c’est le capitalisme d’aujourd’hui. Nous vivons à une époque où le milliardaire Elon Musk, l’homme le plus riche du monde et le tech-bro geek et edgelord, peut posséder un géant des réseaux sociaux et siéger au cabinet de Trump tout en débitant sa stupide mais terrifiante diatribe à propos d’Andrew Tate. Les milliardaires comme Zuckerberg, qui préféraient auparavant faire semblant d’être plus éclairés, font tout ce qu’ils peuvent pour apaiser Trump et l’extrême droite. Zuckerberg a donc décidé de supprimer la vérification des faits par Meta et d’inclure l’allié de Trump, Dana White, dans son conseil d’administration.

La montée de la transphobie donne peut-être le meilleur aperçu de la mesure dans laquelle le système s’oppose aux libertés que les luttes féministes et queer défendent. La simple existence des personnes transgenres remet en question la structure de genre rigide, ce qui explique pourquoi elles sont si vicieusement ciblées. Cette structure de genre rigide, intrinsèquement patriarcale, sert grandement le capitalisme. Qu’il s’agisse des 10.800 milliards de dollars de soins non rémunérés que les femmes effectuent chaque année – travail qui reproduit la main-d’œuvre pour le capitalisme et permet l’exploitation des travailleurs, donc les profits du capitalisme – ou de l’idéologie machiste dont est imprégnée une grande partie de la propagande en faveur du capitalisme, il y a aussi le racisme, fortement présent dans la société, et qui a des répercussions dramatiques sur les droits humains, notamment dans les armées impérialistes et les puissances occupantes. Avec le sexisme, la queerphobie ou encore le validisme, cette haine de l’autre entretient la discorde au sein de la classe travailleuse. Le capitalisme promeut et s’appuie sur l’oppression de genre.

L’ensemble de la trajectoire de ce système infâme – l’enfer capitaliste défini par le génocide et l’écocide, qui perpétue une culture omniprésente dans laquelle les agresseurs sont récompensés tandis que les survivant.es sont dénigré.es, un système qui fait que le nombre record de sans-abri va de pair avec la richesse record d’une minuscule classe de milliardaires – indique sans aucun doute que le capitalisme ne pourra jamais parvenir à l’égalité de genre. Nous avons besoin d’un féminisme imprégné d’anticapitalisme, de socialisme et du sens de l’urgence.  

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Première page de Lutte Socialiste