Avec des discours alimentant les stéréotypes de genre, accompagnés d’une radicalisation des jeunes, souvent influencés par des figures politiques et médiatiques qui minimisent ou banalisent les inégalités de genre et les discriminations, les jeunes sont les premières cibles du backlash présent sur les réseaux sociaux.
par Laurine (Liège)
Particulièrement sur TikTok, réseau social le plus à la mode aujourd’hui, la « trend » des tradwives a pris une grande place dans nos pages d’accueil : des femmes au foyer, qui se filment en train de faire le ménage, de cuisiner, de s’occuper des enfants, racontent leur journée, sur un fond musical attrayant.
Ce mouvement vend aux jeunes un mode de vie plus sain, sans prise de tête, en trouvant source dans la pseudo-nostalgie du « c’était mieux avant ». Malheureusement, celui-ci n’est pas aussi beau qu’il ne veut le faire croire. Ces fameuses tradwives sont anti-féministes, lgbtqia+phobes et anti-avortement. Pour celles-ci, le féminisme ne fait qu’alourdir la charge mentale des femmes. Ce n’est qu’en se concentrant sur leur foyer qu’elles pourraient s’épanouir.
Un exemple frappant est celui de l’influenceuse Hanéia Maurer. D’abord participante d’une émission de télé-réalité, la jeune femme a décidé de partir aux États-Unis, afin de « retrouver le droit chemin », dans la secte des Mormons. Dans ses vidéos, elle affirme avoir trouvé un foyer simple, un retour aux sources, loin d’un milieu capitaliste dans lequel elle était aliénée. Sous ses vidéos, les commentaires font froid dans le dos : souvent des jeunes, de 13-14 ans en majorité, écrivent leur envie d’elleux aussi, changer de vie et retrouver cette simplicité, et insistent sur le fait qu’être dans une secte, ne pourrait être « pas si mal que ça ».
En parallèle, la recrudescence de propos masculinistes sur les plateformes est tout aussi inquiétante. Avec Andrew Tate comme figure de proue, nombreux sont les influenceurs mettant en avant le mythe du « mâle alpha » et du « self made man », prônant un mode de vie capitaliste et misogyne. Ces hommes se basent sur des faits historiques fallacieux, afin rendre nécessaire un besoin de retour aux valeurs traditionnelles du foyer et de la femme soumise. Beaucoup ont recours à des micros-trottoirs, en abordant la question du « body- count » (nombre de partenaires sexuels) des femmes, de leur poids et de leur physique, dénigrant celles ne rentrant pas dans leurs critères de perfection. Ce phénomène venu des États-Unis s’implante de plus en plus chez les jeunes hommes en quête d’identité, assommés par des tutoriels ou des guides.
L’essor de ces deux pôles prenant le contrôle des réseaux sociaux témoigne d’une extrême droitisation inquiétante des jeunes générations. Ces courants, qui prônent des idéaux conservateurs et misogynes, véhiculent l’idée que le capitalisme pourrait être un refuge face à une société jugée trop complexe ou aliénante. Les influenceurs qui véhiculent ces messages séduisent souvent les jeunes en leur proposant une vision simplifiée et idéalisée du retour à des rôles traditionnels. Cependant, derrière cette façade, ces discours alimentent une vision dégradante des femmes et contribuent à la radicalisation des jeunes hommes vers des valeurs de domination et de soumission.
Face à cette dérive idéologique, il est capital de mettre en avant le fait qu’il est nécessaire de repenser en profondeur les fondements de notre société. Le 8 mars est un jour essentiel pour montrer notre unité face à l’injustice et aux inégalités persistantes. Loin des pièges idéologiques d’un capitalisme qui nourrit ces discours destructeurs, une transformation sociale plus profonde est la seule voie vers un avenir véritablement égalitaire.