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Rendez-vous: 08/03/25
Lutte et grève contre l’Arizona : sortons les droits des femmes de l’ombre !

Sur les 15 ministres du gouvernement fédéral De Wever, à peine quatre sont des femmes. Le Conseil des ministres restreint, le Kern, n’en compte d’ailleurs aucune. Ce Kern, un organe décisionnel du gouvernement fédéral, décidera donc entre hommes de mesures telles que l’avortement, les pensions, les jours d’inactivité assimilés et d’autres questions qui touchent les femmes de plein fouet.

par Katarina (Gand)

Lors de la première photo de groupe du gouvernement De Wever, il fallait bien chercher pour trouver les femmes ministres. Elles étaient malencontreusement placées à l’arrière, dans l’ombre. Bien sûr, une photo et la composition d’un gouvernement ne disent pas tout. Ce gouvernement d’hommes blancs s’intéresse-t-il aux questions féminines et place-t-il les femmes et les minorités de genre au centre des politiques qu’il envisage ? Ou bien la ligne hostile aux femmes peut-elle être étendue à la politique ? Nous examinons certains éléments de l’accord de coalition.

Nous mériterions certainement mieux ?

Les partis qui composent l’Arizona nous avaient promis que nous gagnerions plus. Cet accord de coalition prouve le contraire. La loi sur la norme salariale reste inchangée, l’index n’a pas été sauvegardé et sera remis sur la table fin 2026. La TVA sur certains produits sera augmentée. Lorsque l’un des partenaires ne travaille pas ou perçoit un revenu limité, les familles bénéficient d’un avantage fiscal, le quotient conjugal. Cette mesure sera progressivement supprimée. Étant donné que les femmes sont beaucoup plus susceptibles d’abandonner une partie de leur carrière pour s’occuper de tâches non rémunérées, cela signifie une baisse de leurs revenus.

L’enveloppe sociale est supprimée, ce qui signifie qu’il n’y a plus d’augmentation systémique des allocations et pensions les plus basses. Les femmes sont surreprésentées dans ces prestations et pensions les plus basses. De nombreuses personnes se retrouveront ainsi sous le seuil de pauvreté.

Les salaires minimums seront augmentés deux fois au cours de la législature, de 20 euros nets par mois. Il s’agit d’une ambition très limitée. Ce manque d’ambition affecte également de nombreuses femmes, car beaucoup d’entre elles travaillent dans les secteurs où les revenus sont les plus faibles.

Le gouvernement de l’Arizona prévoit de réduire fortement les services publics et les systèmes d’emploi public. Or, ce sont surtout les femmes qui utilisent les services publics et y travaillent.

Un travail flexible encore plus flexible ?

40 % des femmes travaillent à temps partiel. La majorité d’entre elles ne l’ont pas choisi volontairement, mais le font pour s’occuper de leurs enfants et d’autres personnes à charge. Beaucoup le font parce qu’elles ne trouvent pas de travail à temps plein ou parce qu’elles travaillent dans des secteurs qui offrent surtout des emplois à temps partiel. L’Arizona souhaite accroître les possibilités de travail à temps partiel, ce qui pourrait être possible avec des contrats à partir de 3 heures par semaine.

Le jour de fermeture obligatoire et le repos du dimanche sont en jeu. L’interdiction du travail de nuit sera levée. Il deviendra plus facile de remplir le temps de travail à l’année plutôt qu’à la semaine ou au mois. L’annualisation du temps de travail, c’est cela. Si vous travaillez 24 heures par semaine, l’employeur peut programmer 12 heures par semaine pendant les mois calmes et 36 heures par semaine pendant les mois chargés. En outre, les systèmes d’heures supplémentaires sont en train d’être revus et les heures supplémentaires non compensées deviendront de plus en plus possibles.

Les travailleur.euse.s sont de plus en plus poussés vers des régimes de travail plus flexibles, ce qui a des conséquences négatives directes sur l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée et sur la santé.

En moyenne, une femme effectue 33 heures de travail non rémunéré à la maison par semaine en plus de son travail. C’est ce que l’on appelle la double journée de travail. Aujourd’hui, deux sur trois crédit-temps sont utilisés par les femmes. Le gouvernement souhaite simplifier le système des crédits-temps et les congés pour les soins et les réunir en un crédit familial. Il est à craindre que cela ne conduise en réalité à des conditions plus strictes.

La pension devient plus inaccessible pour les femmes

On estime que 26,7 % des travailleurs n’ont pas une carrière de 35 ans d’emploi effectif au moment de la retraite. La carrière effective moyenne d’une femme est de 31,6 ans, contre 35,4 ans pour un homme.

Tout accès à la retraite anticipée devient pratiquement impossible. Le RCC, l’ancienne prépension, disparaît (sauf le RCC pour raisons médicales). Les conditions pour un crédit-temps fin de carrière sont relevées, avec des exigences de carrière strictes qui ne comprennent pas la maladie, entre autres. La condition de carrière pour une retraite anticipée (par exemple à 60 ans après 44 ans de carrière) devient plus stricte.

La pension légale exige une carrière minimale de 35 ans, dont au moins la moitié doit être effectivement accomplie chaque année (156 jours sur une semaine de travail de six jours). Les périodes assimilées (maladie, chômage, crédit-temps, congé de maternité…) ne pourront compter que pour 40 % de la carrière à partir de 2027, et tomberont très vite à 20 % en 2031. Les travailleuses bénéficient en moyenne de 39 % de périodes assimilées. Les périodes assimilées sont en plus soumises à une restriction du salaire fictif, de sorte que le montant de la pension est moins élevé.

L’introduction d’un malus de pension a pour effet pervers de pénaliser les travailleurs à temps partiel (4 emplois à temps partiel sur 5 sont occupés par des femmes).

Des systèmes comme la pension de survie et la pension de divorce sont progressivement supprimés. Il s’agit principalement de régimes dont les bénéficiaires sont des femmes. Il s’agit souvent de femmes qui sont restées à la maison pour subvenir aux besoins de la famille.

Les mesures du gouvernement Arizona en matière de pensions augmenteraient l’écart entre les pensions des hommes et celles des femmes à 42 %.

Chasser les malades et les chômeur.euse.s

En Belgique, plus d’un demi-million de travailleur.euse.s et d’indépendant.e.s souffrent d’une maladie de longue durée. 54,7 % de ces personnes sont des femmes. 60 % des malades de longue durée souffrant de troubles musculo-squelettiques et d’épuisement professionnel sont des femmes. Cela s’explique par le fait qu’elles travaillent dans des secteurs où la charge mentale et physique est importante, mais aussi par la double journée de travail et de famille. Le gouvernement Arizona souhaite une activation plus rapide des personnes malades. Il veut y parvenir en rendant les parcours de réintégration plus contraignants. Mais l’Arizona n’investit pas dans le travail et dans des systèmes de travail progressifs plus viables.

Le gouvernement De Wever s’attaque en priorité aux chômeur.euse.s, notamment en accélérant la dégressivité et en limitant les allocations dans le temps. Il y a à peu près autant d’hommes que de femmes au chômage, avec un peu plus de femmes parmi les chômeur.euse.s de longue durée. Cela s’explique notamment par le fait que les femmes sont plus nombreuses dans les systèmes d’emploi précaire. En outre, le retour sur le marché du travail est souvent plus difficile en raison des préjugés et de la division modifiée des rôles dans le travail domestique.

Le droit à l’avortement et la lutte contre la violence sexiste mis en veilleuse

En Belgique, l’avortement est aujourd’hui autorisé jusqu’à 12 semaines de grossesse. En outre, il existe un délai de réflexion obligatoire de cinq jours et l’avortement figure toujours dans le Code pénal. Malgré des années de travail de la part d’organismes spécialisés et de soutien populaire pour dépénaliser l’avortement et allonger le délai, le dossier de l’avortement a invariablement été utilisé comme passeport pour d’autres dossiers politiques. Résultat : rien n’a changé.

Il est probable que ce ne soit pas le cas aujourd’hui non plus. L’accord de coalition stipule : «Nous poursuivons le débat sociétal sur l’interruption volontaire de grossesse sur la base du rapport du comité d’experts. Nous modifions la législation actuelle sur l’avortement après consensus au sein des partis de la majorité. » Les partis majoritaires ont des points de vue trop différents pour parvenir à un consensus sur la prolongation du délai d’avortement. En réalité, cela signifie donc qu’il n’y aura pas d’adaptation de la législation.

En ce qui concerne la prévention de la violence sexiste, l’accord de coalition ne contient qu’une seule phrase. La poursuite du déploiement des Centres de Prise en charge des Violences Sexuelles est positive, mais elle se limite à ce qui a été décidé précédemment (trois nouveaux centres) alors que les besoins sont bien plus importants.

La place des femmes est dans la lutte !

L’Arizona est une menace sérieuse pour le bien-être de tous.tes. Les femmes sont très durement touchées par les mesures proposées. Les services et les systèmes utilisés par de nombreuses femmes risquent de disparaître ou d’être encore réduits. Les horaires et les régimes de travail des travailleuses risquent d’être étendus avec une flexibilité toujours plus grande, sans aucune reconnaissance du travail non rémunéré qu’elles effectuent.

Il est nécessaire de lutter contre ce gouvernement pour faire sortir nos droits et nos revendications de l’ombre. Des manifestations nombreuses et combatives le 8 mars, Journée internationale de lutte pour les droits des femmes, peuvent mettre nos revendications au premier plan de l’agenda. Ce faisant, nous renforcerons la mobilisation vers la grève générale du 31 mars et le plan d’action nécessaire par la suite.

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