Alice Holemans (28.10.1945 – 6.2.2025) est décédée des suites d’une longue maladie. Elle a milité toute sa vie contre toutes les formes d’injustice. Il y a plusieurs années, elle écrivait sur son blog : « La bataille est loin d’être terminée. Nous craignons qu’elle ne devienne, en ce qui nous concerne, l’activisme jusqu’au cercueil ». Avec obstination et malgré toutes les difficultés, Alice a tenu parole. Bien sûr qu’elle l’a fait. Quiconque l’a connue n’en aurait jamais douté une seule seconde.
par Geert Cool
Nous-mêmes, malheureusement, n’avons appris à mieux connaître Alice que tardivement. Le respect mutuel était grand, Alice était enthousiaste à propos des actions antifascistes de Blokbuster. Nous étions impressionnées par la campagne des Femmes contre le fascisme et nous nous sentions proches de la campagne de NAIS (Native Americans Information Site) pour la libération de Leonard Peltier, qui vient tout juste d’être libéré à un âge avancé. Nous nous sommes rencontrés lors de manifestations et d’activités militantes. Nous avons fini par parler – il le fallait – et la conversation n’a jamais cessé. Nous avons partagé des colères et avons essayé de faire quelque chose ensemble. Grâce à diverses actions, à la coopération au sein de Steunpunt Antifascisme et à notre stand commun annuel à Manifiesta, nous avons appris à mieux nous connaître, à tirer parti de nos idées et de notre militantisme respectifs.
Il est impossible de donner un aperçu de l’activisme d’Alice, d’un groupe de scouts actifs autour des droits et de la vie des peuples autochtones des Amériques à des campagnes pour des logements abordables (y compris une campagne majeure pour préserver la citée Neefsteeg dans le Seefhoek à Anvers), en passant par des actions de dockers dans les années 1970 et des manifestations antifascistes. La défense des droits des Palestinien.nes ou l’opposition à la machine de guerre de l’OTAN était évident pour Alice. Son opposition à l’oppression et à l’exploitation a toujours été totale, obstinée et sans équivoque. Se rendre au festival hardcore Ieperfest en tant que septuagénaire ne lui posait pas de problème, Alice appréciait les discussions au stand et la musique du festival. En toutes circonstances, elle a su reconnaître les autres rebelles. Toujours indépendante des partis, elle est devenue membre du PTB et, un peu plus tard, également du PSL.
Ces dernières années, sa santé s’est dégradée. Lorsque qu’une telle activiste ne peut plus descendre dans la rue, la frustration est grande. Alice a cherché à poursuivre son engagement et a pris en charge l’envoi des triangles rouges, aidée de plus en plus ces derniers mois par son mari et compagnon de lutte Marc. Elle nous a assuré que l’envoi des triangles se poursuivrait même après sa mort, une première décision de sa part alors que la fin devenait plus concrète. Alice insistait sur le fait que les tracts, les affiches et les stands devaient être combatifs, mais aussi beaux. Elle s’est battue toute sa vie pour du pain, mais aussi pour des roses. De belles roses.
Sa dernière manifestation a été la manifestation anti-NSV du 25 avril à Anvers. Entourée de sa famille, elle se devait d’être présente lorsque sa famille antifasciste est descendue dans la rue dans son propre quartier, le Zurenborg. Une vie d’activisme ne s’arrête jamais. Dans chaque triangle rouge déployé et porté, il y a un peu d’Alice. Dans chaque slogan que nous crions lors d’actions militantes, sa voix résonne. No pasaran !