
« S’il s’avère que rien n’a changé par rapport à ce qui circule actuellement, notre comité fédéral peut décréter une grève générale ». Pour les 35.000 manifestant.es du 13 janvier, cette déclaration de Thierry Bodson, président de la FGTB, n’avait rien de «prématuré» ni d’« irresponsable». La concrétisation des projets de De Wever et Bouchez sur les pensions pour l’enseignement et les chemins de fer, entre autres, a suscité une vague de protestation grandissante. L’arrogance post-électorale de la droite a reçu sa première réponse dans la rue.
par Geert Cool
Le discours des partis de l’Arizona et de leurs patrons est que l’austérité est indispensable, que le « plus grand assainissement budgétaire depuis les années 1980 » est inévitable. Ils mentent! Les entreprises belges cotées en bourse distribueront cette année des dividendes estimés à 6,4 milliards d’euros. Les cadeaux fiscaux aux grandes entreprises ont décuplé au cours des 25 dernières années pour atteindre 16 milliards d’euros par an. Les vrais patrons n’ont pas besoin de jouer un million de fois au loto pour s’enrichir aux dépens de nos travailleurs.
Pour eux, économiser sur nos conditions de vie est la priorité absolue. Nous avons d’autres attentes et d’autres besoins, qui sont urgents. De bons salaires et de bonnes conditions de travail, la pension à 60 ans, des logements accessibles et de qualité, des services publics renforcés, la fin de toutes les formes d’oppression, un monde sans guerre, sans pillages et occupations coloniales, la fin des génocides, une réponse à la menace existentielle de la crise climatique… En bref, nous voulons des perspectives d’avenir positives pour nous-mêmes et pour les générations futures.
La manifestation du 13 janvier dernier pourrait être suivie d’une journée d’action encore plus forte le 13 février. Comment développer davantage un rapport de force à notre avantage ? Il est essentiel d’informer et d’organiser les collègues, les amis et les voisins. Cela peut se faire au moyen de journaux d’information, tels que les éditions du Journal des pensions publiées par le front commun syndical en 2014 et 2018, ainsi que par du matériel numérique. Des séances d’information sur chaque lieu de travail peuvent permettre de prendre contact avec les collègues et d’expliquer les mesures prévues. Des assemblées militantes par secteur et par région peuvent permettre de prendre la température, d’affiner les revendications et de préparer les prochaines étapes du plan d’action. À partir de là, nous pouvons mobiliser pour des manifestations de masse et à des journées de grève, par exemple par secteur ou par région, dans la perspective de journées de grèves générales nationales. Il nous faut des assemblées du personnel et construire une implication soutenue. C’est ainsi que nous pouvons organiser le mouvement et faire barrage à la propagande mensongère de la classe dominante de plus en plus assourdissante.
L’Arizona fait partie de la « nouvelle normalité » d’un capitalisme à la dérive où la classe dominante recourt de plus en plus à l’autoritarisme et à la haine de l’autre afin d’imposer la toute-puissance de la maximisation des profits sur une société dont une couche de plus en plus importante est aliénée. Le trumpisme ne se limite pas aux États-Unis. Ici aussi, la tendance est à l’imposition brutale de politiques réactionnaires brutales. Le terrain est préparé pour une offensive contre les personnes issues de l’immigration, les réfugié.es, les chômeur.euses, les malades… et une limitation des possibilités de contestation de ces politiques. Des fonds supplémentaires sont alloués à la Défense et aux guerres. Un gouvernement composé à la fois de De Wever et de Bouchez comporte les partisans les plus ouverts du régime colonial sioniste en Israël et du génocide palestinien. Bouchez ouvre la voie pour l’extrême droite, au sens propre comme au sens figuré. Résister à l’Arizona signifie s’opposer à tout ce que cette coalition représente et construire l’unité de l’ensemble des personnes qui vont en souffrir, en premier lieu celles qui seront le plus durement touchées.
Si le mouvement des travailleur.euse.s parvient à stopper l’Arizona avant même qu’il ne soit formé, tout gouvernement ultérieur devra tenir compte de nos revendications et de notre contre-pouvoir. Imaginez de nouvelles élections dans un contexte d’intensification de la lutte pour de meilleures pensions et de meilleurs salaires, contre les génocides, contre la dévastation climatique, contre le racisme et la haine de l’autre… Imaginez si les syndicalistes et les activistes s’impliquaient activement dans la campagne électorale et que le PTB s’ouvrait pleinement à cette dynamique? Le résultat électoral pourrait être très différent. Cela préparerait le terrain pour populariser l’idée d’un gouvernement de la classe travailleuse dans toute sa diversité.
Dans un plaidoyer en faveur d’investissements supplémentaires dans la défense, un haut responsable militaire a déclaré: «Dire qu’il n’y a pas d’argent est un non-sens. La Belgique est un pays riche.» Il n’a pas tort. Mais la majorité de la population ne dispose d’aucun contrôle sur la richesse produite par notre travail et la nature. Les marxistes luttent pour une société socialiste dans laquelle ce n’est pas la classe parasitaire des capitalistes, mais la majorité de la population qui décide démocratiquement de ce qui est produit et de quelle manière. Cela exige de détenir collectivement les secteurs clés de l’économie.