Les salaires dans le collimateur… Il est temps de riposter !

L’action syndicale réussie du 13 janvier a montré qu’il y a une grande volonté de stopper l’agenda de droite de la coalition Arizona. Dans les services publics en particulier, l’enseignement néerlandophone et les transports publics en tête, un signal fort a été envoyé à l’élite politique: ses politiques de démolition se heurteront à une forte résistance. Pour les dirigeants syndicaux, cela devrait être le signal du lancement d’un plan d’action sérieux unissant l’ensemble de la classe ouvrière de notre pays dans sa lutte contre les intérêts du capital.

Par Frederik De Groeve, délégué syndical et co-initiateur du comité de grève de Gand-Sud en 2014

L’organisation patronale Flamand Voka, avec d’innombrables commentateurs dans son sillage, a crié son incompréhension à l’annonce de cette grève «prématurée ». Après tout, aucun gouvernement n’a encore été formé, alors, selon le raisonnement, pourquoi se mettre en grève? L’objectif du Voka & co est de jeter du sable dans les yeux des travailleurs et de discréditer les syndicats autant que possible. Après tout, la liste des attaques de la droite contre la classe ouvrière est connue depuis longtemps et la meilleure réponse est d’impliquer le plus grand nombre possible de personnes dans la résistance. La journée d’action du 13 janvier était donc une étape indispensable dans la construction d’un mouvement capable d’arrêter ce gouvernement avant même qu’il n’ait eu la chance d’atteindre sa vitesse de croisière.

Qu’est-ce que De Wever & co nous réservent? Un petit échantillon de la liste des horreurs.

Malgré une augmentation considérable des marges des profits, De Wever veut continuer à interdire les négociations salariales libres, comme le prévoit la détestable loi sur les normes salariales. Ce transfert de plusieurs milliards d’euros n’est toutefois pas suffisant (il ne le sera jamais !) pour le patronat. C’est pourquoi le prochain gouvernement veut à nouveau grignoter l’index santé déjà limité en le calculant sur une moyenne de 12 mois au lieu des 4 mois actuels. Concrètement, il veut nous faire payer les hausses de prix à la caisse pendant une année entière sans adapter nos salaires ou nos avantages en conséquence. De plus, en cas de forte inflation (+4%), c’est-à-dire lorsque nous avons le plus besoin de l’index, une restriction supplémentaire serait introduite pour les salaires supérieurs à la moyenne (c’est-à-dire pour la moitié des travailleurs !), tandis que les bénéfices des actionnaires et les dividendes ne seraient pas touchés.

Le travail de nuit ne commencera à l’avenir qu’à partir de minuit au lieu de 20 heures, ce qui entraînera d’importantes pertes de salaire. La semaine de travail pourra être portée à 48h sans que les syndicats puissent y veiller. Retour progressif à l’époque de Daens?

La coalition Arizona veut nous faire avaler cette pilule amère en mettant en œuvre une réforme fiscale qui nous permettrait d’augmenter notre salaire net. Cependant, lorsqu’on commence à regarder qui paiera pour ce transfert fiscal, la tromperie de De Wever devient vite évidente. En effet, outre les attaques contre l’index, ils veulent faire passer le taux de TVA de 6 à 9% et augmenter les accises sur les carburants. De plus, ces augmentations de taxes seraient exclues du calcul de l’index! Ce que nous obtenons en plus en termes nets, nous le perdrons doublement sous la forme d’autres taxes.

De plus, le tax shift représente une nouvelle attaque contre les moyens des services publics et de la sécurité sociale, déjà sous-financés. La part indirecte de nos salaires, qui est utilisée pour les hôpitaux, les garderies, les écoles, les pensions et autres prestations, diminue encore. Les listes d’attente déjà scandaleusement longues pour les soins de santé et les services publics vont tout simplement s’allonger sous ce gouvernement. C’est le terreau idéal pour renforcer la haine et la division au sein de la société. Le Vlaams Belang du côté néerlandophone n’a plus qu’à récolter les fruits pourris de cette coalition lors des prochaines élections.

Organiser la résistance

Les syndicalistes combatifs ont aujourd’hui la responsabilité d’organiser la résistance contre ce gouvernement de droite et de former ainsi l’épine dorsale d’un mouvement social plus large prônant un modèle de société différent et socialiste. La lutte à venir ne doit pas seulement viser à jeter cette coalition de droite à la poubelle. Nous devons également avoir l’ambition de construire une alternative. Un premier pas nécessaire pour cela est de renforcer les liens entre les syndicalistes combatifs en mettant en place des comités de grève, au-delà des frontières de son lieu de travail. Nous devons tirer les leçons du mouvement de 2014 et oser aller de l’avant là où nous nous sommes arrêtés. Si nous restons les bras croisés, nous avons perdu d’avance. Si nous nous battons, nous pouvons gagner !

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