Un salut nazi, voici le message envoyé par Elon Musk lors de l’investiture de Donald Trump. Voici bien l’extrême-droite fascisante, raciste, masculiniste et décomplexée qui vient d’arriver à la tête de l’empire états-unien. Elle est représentée par ses plus puissants capitalistes, cette “broligarchie” comme l’appelle Carole Cadwalladr dans le journal The Guardian.
Par Jonas (Liège)
Né sous le régime ségrégationniste de l’apartheid en Afrique du Sud, fils d’un actionnaire d’une mine d’émeraude en Zambie, mais présenté comme un self-made man de génie, Musk est le profil parfait de l’AltRight (droite alternative) Trumpiste. Il a racheté Twitter pour imposer son agenda anti-woke en trafiquant les algorithmes et en enlevant toute régulation contre les harcèlements racistes, sexistes ou anti-LGBTQIA+. On se souvient de ses tweets appelant à la guerre civile en Angleterre lors des émeutes racistes en août dernier ou qui soutiennent des complotistes antisémites.
À l’image de Henry Ford dans les années 1920, Elon Musk soutient l’extrême-droite européenne dès qu’il le peut, en Angleterre Tommy Robinson ou dernièrement en Allemagne l’AFD, reliée à divers groupes nazis. De même, il a témoigné de son soutien à Nétanyahou dans son entreprise génocidaire à Gaza.
Musk a misé sur le bon cheval
Après avoir bombardé la campagne de Trump à coup de 120 millions de dollars, le propriétaire de Tesla, X et SpaceX se retrouve bien récompensé. Non seulement les actions de Tesla ont gagné 15%, mais en plus ce grand libertarien se retrouve à la tête du nouveau département de l’efficacité gouvernementale. On lui donne la main pour détruire l’appareil public ainsi que les réglementations contraignantes. C’est 30% du budget fédéral qu’il compte couper avec la même tronçonneuse que Javier Milei en Argentine.
De plus, Trump combine un programme protectionniste à une violente agressivité envers l’Union européenne. Tesla va obtenir l’hégémonie totale aux États-Unis, en tenant la tête sous l’eau aux marques européennes qui dépendent de l’exportation. Il cherche aussi à faire plier l’Union européenne sur les restrictions qu’elles mettent sur le marché des données. Le duo Trump et Musk forme un bélier de l’impérialisme états-unien contre le vieil impérialisme européen en pleine déperdition. Il y a une contradiction entre les deux qui pourrait faire surface au sujet de la Chine, dont Elon Musk est tout à fait dépendant, et contre laquelle Trump est à couteaux tirés. Mais pour le moment, il est question que le plus riche des milliardaires rachète la filiale étasunienne de TikTok sous la menace que cette dernière soit tout simplement interdite.
L’histoire s’accélère
Cette fois-ci, Trump a les mains libres, il domine le Parti républicain et les deux chambres sont avec lui. Trump déclarait même durant la campagne “Vous n’aurez plus à voter après”. Nous sommes bel et bien dans un tournant ouvertement autoritaire, lorsque la grande bourgeoisie – la classe dominante – décide qu’il est dorénavant dans son intérêt de sortir de la démocratie. En face, la pression sociale se fait de plus en plus forte, notamment suite à la pandémie de covid-19. Selon Human Right Watch, “les 50 % d’Américains les plus pauvres [ne détiennent] que 1,5 % seulement de la richesse privée du pays”. On a vu apparaître un certain nombre de grèves : professions médicales, enseignant·es, scénaristes, ouvrier.ères, dockers. Près de 500.000 personnes ont participé à l’une des 342 grèves recensées aux États-Unis en 2023. Et n’oublions pas que sans les mobilisations pour la Palestine, Trump n’aurait pas forcé Nétanyahou au cessez-le-feu (aussi fragile qu’il soit).
Cette vague mondiale d’extrême droite est résistible. Nous devons absolument nous organiser, consolider nos campagnes antifascistes, rester mobilisé·es et solidaires dans toutes les luttes contre le capital, contre l’impérialisme et contre toutes les oppressions.