Comment la migration est devenue un problème déterminant en Allemagne

Le « Wir schaffen das » de Merkel appartient clairement au passé. Dans un contexte marqué par la montée de l’extrême droite et les problèmes économiques, presque l’ensemble du spectre politique allemand recourt de plus en plus à un discours anti-migrants. La première partie de notre dossier sur l’Allemagne était principalement consacrée à la crise économique que traverse le pays, qui redevient peu à peu « l’homme malade de l’Europe ». Dans cette deuxième partie, nous nous concentrons sur la question de la migration.

Dossier de Christian (Louvain)

Depuis la parution de ce dossier en néerlandais début décembre, certaines tendances mentionnées se sont confirmées. Les élections fédérales de février approchent. La semaine dernière, des milliers de manifestants ont tenté d’entraver l’accès à une conférence du parti d’extrême droite Alternative für Deutschland (AfD) qui s’est tenue dans la ville saxonne de Riesa, où les détails de sa plateforme de campagne ont été finalisés. Encouragée par les développements outre-Atlantique, la conférence a publiquement adopté les « rapatriements à grande échelle », également appelés « remigration ». Selon les derniers sondages, l’AfD est crédité de 20 % des intentions de vote, soit près du double par rapport à 2021.

La migration face aux avancées internationales de l’extrême-droite

Peu après sa réélection, Trump a déclaré qu’« aucun prix n’était trop élevé » lorsqu’il s’agit d’expulser massivement les migrants sans papiers. Il entend mettre en œuvre, dès le premier jour de son mandat, « la plus grande campagne d’expulsion de l’histoire des États-Unis ». Son colistier, JD Vance, a estimé qu’un million de personnes pourraient être expulsées chaque année.[1] Le système de réinstallation des réfugiés pourrait être complètement démantelé.[2] Trump affirme vouloir faire appel à l’armée ou à la garde nationale pour réaliser son projet. Il est vrai que, durant son dernier mandat, les mesures anti-migrants de Trump n’ont pas été à la hauteur de sa rhétorique outrancière. Il n’a, par exemple, jamais atteint les quelque 400 000 expulsions annuelles observées au début de l’administration Obama.[3] Toutefois, il est probable que la deuxième administration Trump sera mieux préparée que ne l’était la première. Quelle que soit l’ampleur des objectifs affichés, le trumpisme attise le débat sur l’immigration de l’autre côté de l’Atlantique.

En Europe, l’immigration est sans doute l’une des causes favorites de l’extrême droite. Elle regroupe des enjeux tels que l’insécurité et l’identité nationale, dans un contexte de concurrence féroce pour des ressources prétendument limitées au sein d’un système capitaliste en crise. La question de l’immigration offre ainsi d’innombrables opportunités de capitaliser sur le racisme et le ressentiment. Cependant, depuis plusieurs années, face à la crise de leur système, les partis traditionnels s’aventurent de plus en plus sur ce même terrain rhétorique. De surcroît, ces partis font adopter des lois sur l’immigration qui concrétisent d’importants aspects du programme de l’extrême droite.

Alors qu’en 2016, Orbán était quasiment le seul chef d’État de l’Union européenne à célébrer l’élection de Donald Trump, le tableau est bien différent aujourd’hui. En Italie, où Berlusconi a préfiguré le phénomène Trump, l’absence d’une alternative de gauche a conduit à l’élection du gouvernement Meloni, dont les racines plongent dans le passé fasciste du pays. On peut également mentionner le gouvernement de Geert Wilders aux Pays-Bas, ainsi que l’Autriche, où le Parti de la liberté (FPÖ) d’extrême droite est arrivé en tête lors des élections de septembre. En France, le Rassemblement national (RN) est désormais invariablement présent au second tour des élections présidentielles. Ce qui reste des Républicains (centre-droite) a totalement capitulé devant le RN. Le gouvernement de François Bayrou gouverne grâce au soutien du parti de Marine Le Pen. De nouvelles élections pourraient avoir lieu dès l’été prochain. Un point positif demeure : en France, il existe encore une offre politique de gauche.

Politique migratoire allemande – un cas emblématique

En matière d’immigration, l’Allemagne est depuis longtemps au cœur des polémiques concernant des politiques d’immigration jugées trop permissives. En 2015, 1,1 million de réfugiés, pour la plupart fuyant des conflits, notamment en Syrie et en Afghanistan, ont été accueillis en Allemagne. Entre 2015 et 2017, l’Allemagne a ainsi reçu environ la moitié de toutes les demandes d’asile déposées dans l’UE. Cependant, la politique de porte ouverte, le « Wir schaffen das » (Nous y arriverons) d’Angela Merkel, semble aujourd’hui bien lointaine. À présent, l’élite politique allemande, et en particulier les chrétiens-démocrates CDU/CSU de Merkel, est plus déterminée que jamais à se distancer radicalement de ses prétendues largesses passées. Merkel elle-même, dans une interview récente avec la BBC, affirme que la seule façon de lutter contre l’extrême droite est de mettre un terme à l’immigration illégale.[4]

La posture d’ouverture de 2015 n’avait déjà pas été une évidence. Lorsque Merkel a prononcé ses célèbres mots en août 2015, le mouvement de protestation islamophobe d’extrême droite Pegida (Patriotische Europäer gegen die Islamisierung des Abendlandes : Européens patriotes contre l’islamisation de l’Occident) était à son apogée.

La législation allemande sur l’asile a été sévèrement restreinte dès 1993 à la suite de l’incident de Rostock-Lichtenhagen. Cet incident, délibérément orchestré par les autorités à des fins politiques, a vu des centaines de personnes, menées par des éléments d’extrême droite, attaquer un abri pour réfugiés à l’aide de pierres et d’engins incendiaires. Il est possible que la chancelière ait accueilli favorablement l’arrivée des réfugiés, car la sympathie populaire largement répandue à l’époque ne lui permettait pas de les repousser violemment à la frontière. De plus, une partie du capital allemand voyait d’un bon œil ce que cet influx pourrait apporter au marché du travail. Une étude récente a montré que les réfugiés en Allemagne s’étaient globalement bien intégrés dans le marché de l’emploi. Cela pourrait indiquer que ce segment du capital a effectivement fait le bon choix.[5]

En revanche, l’ouverture envers les migrants n’a pas duré. Les réfugiés ont rapidement été identifiés comme une source de criminalité et d’insécurité, notamment dans le contexte de plusieurs attentats terroristes, dont certains ont eu lieu en Allemagne. Suite aux critiques concernant la couverture médiatique des incidents survenus lors des fêtes de fin d’année 2015-2016 à Cologne (vols et agressions sexuelles massives de femmes), les directives relatives à la couverture médiatique des délits ont été assouplies. Cela a entraîné une augmentation des mentions de l’origine (notamment étrangère) des suspects. Ce constat intervient alors que les statistiques criminelles n’ont pas révélé d’augmentation notable du nombre de criminels étrangers durant cette période.[6]

Merkel a tenté en vain d’imposer des quotas de migrants aux autres pays de l’UE afin de partager le « fardeau ». Dès lors, les gouvernements allemands successifs se sont concentrés sur la réduction du flux de réfugiés à un niveau minimal, notamment à travers des accords visant à réprimer la « migration irrégulière ». Cela inclut le traité de 2016 entre l’UE et la Turquie, ainsi que divers accords entre Frontex (l’Agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes) et les autorités libyennes. Les politiques de déportation et de refoulement de l’UE vers des pays tiers dangereux, où elle finance la détention dans des conditions inhumaines, sont responsables de plus de 30 000 décès de migrants en Méditerranée.[7]

Fantasmes d’extrême droite et chrétiens-démocrates

Il y a tout juste un an, en novembre 2023, des politiciens du parti AfD ont organisé une rencontre avec d’autres militants d’extrême droite pour discuter d’un « plan directeur » visant à expulser des millions de personnes d’Allemagne. Deux politiciens de la CDU/CSU étaient également présents. Les propositions incluaient même l’expulsion de citoyens allemands naturalisés jugés « encombrants » ou considérés comme « non assimilés ». Ce plan était présidé par Martin Sellner, le chef de file du Mouvement identitaire autrichien, adepte de la théorie du « grand remplacement ». Ce même Sellner avait déjà été invité quelques mois plus tôt par le NSV, l’organisation étudiante du Vlaams Belang, pour s’exprimer à l’Université catholique de Louvain (KUL).

Bien qu’il soit possible d’établir un parallèle avec la situation actuelle aux États-Unis, la réunion susmentionnée a dû se tenir à huis clos. Lorsqu’elle a été révélée par des journalistes en janvier 2024, cela a déclenché des manifestations rassemblant plusieurs centaines de milliers de personnes. Cette situation a contraint l’AfD à faire marche arrière, avec des démentis confirmant sa participation à la réunion tout en niant son adhésion au projet de « remigration » défendu par Sellner.[8] En plus d’une déclaration favorable à la SS émise par un haut responsable de l’AfD, c’est sans doute cette controverse, ainsi que les vastes mobilisations qu’elle a engendrées, qui ont conduit le RN français et les Fratelli d’Italia de Meloni à expulser l’AfD de leur groupe au Parlement européen.

Jusqu’à présent, le cordon sanitaire contre l’AfD reste solide dans les trois Länder de l’Est où se sont déroulées les élections de septembre. En Thuringe, une coalition entre la CDU, le Parti social-démocrate (SPD) et le Bündnis Sahra Wagenknecht (BSW) a été formée, tandis qu’une coalition SPD-BSW a été établie dans le Brandebourg. La Saxe pourrait envisager une coalition minoritaire entre la CDU et le SPD.

Si, en Allemagne, l’AfD ne fera sans doute pas partie du prochain gouvernement fédéral, les chrétiens-démocrates CDU/CSU qui dominent celui-ci s’orientent clairement sur l’AfD. Le 12 juillet dernier les ministres de l’Intérieur des régions appartenant à la CDU/CSU en réunion à Dresde publièrent une déclaration intitulée ‘Créer de la sécurité – pour un changement de cap dans la Politique d’asile.’[9] Les ministres se plaignent du manque de ressources des communes pour intégrer correctement un nombre excessif de réfugiés qui arrivent en Allemagne. Ceci, d’après eux, est en raison du manque d’engagement pour l’accord de Dublin de certains autres États membres de l’UE. Ils dénoncent la croissance de la criminalité violente chez les plus jeunes et réclament des moyens légaux pour permettre une « offensive de rapatriement ». Ils exigent notamment l’expulsion de criminels vers l’Afghanistan, la Syrie et la Libye, la suspension du regroupement familial, l’allongement de la liste des « pays sûrs » et l’externalisation de procédures d’asile vers des États tiers.

Dans les mois suivants, l’opportunité allait se présenter pour pousser un tel changement de cap.

Attaque de Solingen et élections régionales, contrôles aux frontières

Le 24 août, à Solingen en Rhénanie-du-Nord-Westphalie, une attaque au couteau lors d’un festival fit trois morts et huit blessés. Le crime fut ultérieurement revendiqué par ISIS. L’accusé est un réfugié syrien qui aurait dû déjà être expulsé l’année dernière vers son premier pays d’entrée dans l’UE, la Bulgarie. Cet incident fut fortement instrumentalisé lors des élections régionales de septembre en Thuringe, en Saxe et dans le Brandebourg. Des cris s’élevèrent dans les médias et presque tous les partis politiques réclamant l’application définitive des règles de Dublin, qui, dans la pratique, transfèrent la responsabilité de la majorité des réfugiés aux pays du sud de l’Europe. Le chef de l’opposition allemande Friedrich Merz (CDU) alla jusqu’à suggérer au gouvernement de déclarer l’état d’urgence national si les règles ne pouvaient être appliquées.[10]

À la suite des succès électoraux de l’AfD en Thuringe et en Saxe, le gouvernement fédéral de centre-gauche se pressa à donner écho à la surenchère anti-réfugiée. Il fallait agir pour « lutter contre l’immigration irrégulière et la criminalité transfrontalière ». Ainsi, le 16 septembre, le gouvernement étend les contrôles ponctuels des passeports pour les six prochains mois à toutes les frontières terrestres de l’Allemagne. De tels contrôles avaient déjà été introduits sur la frontière autrichienne durant la « crise migratoire » de 2015. En octobre 2023, ces mesures furent étendues aux frontières polonaises, tchèques et suisses.  Désormais, ces contrôles concernent également les frontières françaises, luxembourgeoises, belges, néerlandaises et danoises.

Le système Schengen en danger ?

Bien que d’abord critiquées par de nombreux gouvernements de l’UE, à l’extrême droite, ces mesures sont très appréciées. En Belgique, le Vlaams Belang se félicita que l’introduction de ses mesures, pour lesquelles il affirme avoir longtemps plaidé, démontre que « les esprits en Europe mûrissent ».[11] En Hongrie, Orban, lui, se sent enfin « compris ». Il accueillit ostensiblement les Allemands et leur chancelier dans le club de ceux qui se sont réveillés aux méfaits de l’immigration.[12] Pour Geert Wilders aux Pays-Bas, la conclusion a été : « Si l’Allemagne peut le faire, pourquoi pas nous ? »[13]

Les médias parlent déjà de la fin du système Schengen. Ce qui est certain, c’est que ces contrôles par le plus puissant État de l’UE représentent une accélération de l’effritement du principe fondamental de l’espace Schengen, c’est-à-dire celui d’un espace de libre circulation sans contrôles aux frontières intérieures. Bien que de tels contrôles temporaires aient déjà été présents auparavant, l’initiative allemande a déclenché une nouvelle vague de mesures du même type. Les contrôles aux frontières intérieures sont autorisés par le Code des Frontières Schengen (CFS) comme mesure de dernier recours. Toutefois, de plus en plus, elles sont en train de devenir la règle plutôt que l’exception.

La France a rétabli les contrôles à toutes ses frontières terrestres, aériennes et maritimes avec le Luxembourg, la Belgique, l’Allemagne, la Suisse, l’Espagne et l’Italie pour une durée de six mois à partir du 1ᵉʳ novembre 2024.[14] L’Autriche a également réintroduit des contrôles aux frontières tchèque, hongroise et slovène. Aux Pays-Bas, le gouvernement Wilders a annoncé des contrôles dès la fin de novembre.[15]

La Belgique, où une coalition fédérale nettement plus à droite que la précédente est en cours de négociation, pourrait suivre ses voisins en matière de contrôles aux frontières.[16] C’est notamment le président du MR, Georges-Louis Bouchez, en phase avec sa trajectoire trumpiste, qui prône le renforcement des contrôles aux frontières nationales pour lutter contre l’immigration illégale.

Mesure surtout symbolique

Scholz se félicite déjà de la réduction du flux des réfugiés. Pourtant, au moment de l’introduction des contrôles, les nouvelles arrivées de réfugiés en Allemagne étaient déjà en baisse de 22 % par rapport à la même période en 2023.[17] 

En effet, ces contrôles qui se concentrent sur les grandes routes et les autoroutes ne sont pas particulièrement efficaces pour endiguer les flux migratoires. Même des politiciens locaux de la CDU expriment des critiques quant aux inconvénients causés aux citoyens qui traversent la frontière pour travailler ou faire des courses. Dans la Sarre, en moyenne, seul un passage frontalier sur 13 fait l’objet d’un contrôle aléatoire. Certaines critiques de droite suggèrent ainsi qu’au lieu de telles mesures symboliques, il faudrait redoubler les efforts pour sécuriser correctement les frontières extérieures de l’UE. Là, les conséquences mortelles seront moins visibles et ne gêneront pas les électeurs.

Malgré les tendances observées, la fin définitive du système Schengen que représenterait la réintroduction permanente et surtout plus systématique des contrôles aux frontières n’est donc pas assurée. Cela représenterait un coup administratif et économique considérable. De plus, la fin de ce que les citoyens européens considèrent comme l’une des réalisations les plus importantes de l’UE risquerait d’ébranler profondément la confiance dans le projet européen, tant sur le plan politique qu’en termes d’investissements.[18]

Surenchère ; qui saura dissuader les demandeurs d’asile ?

Scholz a déclaré mi-octobre que l’Allemagne devait commencer à expulser « à grande échelle » les migrants qui n’ont pas le droit de rester. Le gouvernement fédéral « feu tricolore » (SPD, Verts et libéraux, FDP) a approuvé le 23 octobre une loi visant à faciliter l’expulsion des demandeurs d’asile déboutés. Elle étend la garde à vue avant expulsion de 10 à 28 jours, autorise les perquisitions résidentielles pour obtenir des documents permettant d’établir l’identité d’une personne et, dans certains cas, supprime l’obligation de notifier à l’avance les expulsions.[19]

Pour les chrétiens-démocrates, ces mesures sont insuffisantes. Ils ont voté contre.  Lors de son congrès début octobre, le CSU (chrétiens démocrates de Bavière) s’est déclaré en faveur d’une limite aux requêtes d’asile. Celle-ci devrait être nettement inférieure à 100,000 par an. Les libéraux du FDP, alors encore au gouvernement, voudraient aussi aller plus loin ; de mettre les réfugiés obligés de quitter le pays au régime « Bett, Seife, Brot » (un lit, du savon et du pain).[20] Une coupe de toute aide financière à ceux qui résistent à se faire expulser promet que la misère augmenterait probablement l’insécurité et le recours à la criminalité. Le BSW reproche lui aussi au gouvernement de ne pas être assez conséquent dans sa politique migratoire.

Le SPD et les Verts sont ainsi attaqués depuis la droite. Ils sont accusés de créer de faux espoirs d’une réduction des arrivées de réfugiés et des déportations à grande échelle alors que leurs mesures, surtout symboliques, n’ont aucune chance d’arriver à de tels résultats. D’après le CDU/CSU le contraste entre la rhétorique et la réalité alimente le soutien à l’AfD et au BSW. Les chrétiens démocrates prétendent s’attaquer plus sérieusement au problème, barrant ceci faisant aussi le passage aux extrêmes. Ils prônent ainsi des mesures dites efficaces, par exemple, l’externalisation des procédures d’asile vers des pays tiers sûrs. L’examen de cette mesure avait même déjà été inclus dans le contrat de coalition du gouvernement « feu tricolore ». En trois ans, cet examen n’a toutefois jamais eu lieu. Probablement, cela est-il dû au fait de son impopularité auprès d’une partie de l’électorat « progressiste » ou de gauche.[21] 

Externaliser la politique de l’asile

L’Australie a commencé à mettre en place un traitement extraterritorial de l’asile dès 2001. Des demandeurs d’asile furent notamment envoyés à Nauru (2001-2007) puis sur l’île de Manus en Papouasie-Nouvelle-Guinée. Illégale, selon le droit international, cette approche a causé des conditions de vie terribles pour les réfugiés. Ceci a particulièrement entraîné de nombreux suicides, y compris parmi les enfants. Malgré cela, ou plutôt à cause de cela (à des fins de dissuasion), une majorité de pays de l’UE sont désormais intéressés à suivre la même voie. Peu après le passage du nouveau pacte européen sur les migrations et l’asile de mai 2024, un groupe de 15 États membres dirigé par le Danemark a demandé à la Commission européenne d’examiner une possible sous-traitance de ses demandeurs d’asile.[22] Le futur gouvernement allemand Merz appuiera sans doute une telle démarche.

Le gouvernement de Meloni en Italie a cherché à jouer un rôle de pionnier en fournissant un modèle pour d’autres gouvernements. Le protocole signé entre l’Italie et l’Albanie en 2023 prévoit de confier à l’Albanie le traitement allant jusqu’à 36 000 demandes d’asile par an, soit 3 000 par mois.[23] Les premiers migrants ont été envoyés en Albanie à la mi-octobre, mais le camp de Gjäder reste aujourd’hui vide. Le projet est pour l’instant bloqué par des juges italiens qui ont ordonné à deux reprises le renvoi de demandeurs d’asile en Italie. C’est notamment la très longue liste de pays « sûrs » qui soulève des questions. Les migrants concernés venaient d’Égypte et du Bangladesh. Outre les obstacles juridiques, l’externalisation se heurte à des problèmes de coûts élevés et des difficultés à trouver des pays de « décharge » adaptés. Par ailleurs, l’évolutivité présente un grand problème. Selon les estimations les plus généreuses, le programme Italie-Albanie permettrait de traiter seul un cinquième des migrants traversant actuellement la Méditerranée.[24]

Surtout pas de « largesses » !

Suivant la philosophie « Bett, Seife, Brot », le Bundestag débat aussi présentement de l’introduction d’une carte de paiement destinée aux demandeurs d’asile. 14 des 16 Länder (régions) allemands s’étaient mis d’accord fin 2023 et en avril, le feu vert avait été donné au niveau fédéral.  D’abord testée dans quelques petites villes bavaroises, elle a déjà été introduite dans plusieurs régions et communes à travers le pays. Au niveau fédéral, elle devrait arriver avant la fin de l’année. La mesure prévoit que les demandeurs d’asile reçoivent leurs prestations sur une carte à utiliser uniquement dans les magasins locaux et pour payer certains services. L’accès au cash serait limité à 50 euros par mois. Cette politique repose sur la stigmatisation des réfugiés comme recevant des prestations plus que généreuses, ce qui leur permettrait d’envoyer de l’argent à l’étranger. On prétend que cela devrait, entre autres, rendre l’Allemagne moins attractive aux réfugiés.[25]

Une telle approche reflète la trajectoire de la politique migratoire un peu partout sur le continent. En France, notamment, le débat sur la suppression de l’aide médicale d’État (AME), une aide qui assure des soins gratuits aux sans-papiers, ne cesse de refaire surface. Malgré sa valeur non seulement humanitaire, mais aussi de santé publique, la droite traditionnelle soutient largement les efforts du RN pour la supprimer. Quel qu’en soit le prix, réduire les migrants au rang de pestiférés ne peut qu’être utile au discours d’extrême droite.[26]

Maigres alternatives de « gauche » …

Il est inquiétant de constater que la seule force politique qui propose quelque chose qui ressemble quelque peu à une position alternative, Die Linke, a presque disparu de la scène politique. Le BSW, qui s’est séparé de Die Linke et a dépassé celle-ci électoralement et dans le débat public, suit volontiers le glissement général vers la droite sur la question migratoire observé dans l’ensemble du spectre des partis traditionnels.

Depuis sa fondation au début de l’année, le discours migratoire du BSW s’est déplacé encore plus à droite. La devise du BSW « Vernunft und Gerechtigkeit » (raison et justice) sous-entend un appel à ce qui est raisonnable d’après les règles du système. Le raisonnement de Wagenknecht accepte pleinement les prémisses d’un ordre économique où les travailleurs sont obligés de se battre l’un contre l’autre pour les miettes laissées par les patrons, un monde d’États-nations où il faut d’abord s’occuper « des siens ». Wagenknecht exige que la fraude à l’aide sociale soit combattue, près de la moitié des bénéficiaires de l’aide sociale étant des non-citoyens, venus en Allemagne non pas à cause d’un ordre mondial inégal source de conflits impérialistes, mais parce que la politique allemande de migration et d’intégration a échoué. D’après elle, « un État-providence fort ne fonctionne que si tout le monde ne peut pas y immigrer. » L’écrasante majorité des demandeurs d’asile arrivés de « pays tiers sûrs » ne devrait avoir « ni droit à une procédure ni à des prestations ». Les réfugiés reconnus ne devraient avoir droit aux allocations sociales qu’après avoir d’abord cotisé. L’argent économisé devrait être « utilisé pour des retraites plus élevées et de meilleurs soins de santé pour notre propre population ». La politique migratoire du Danemark est notamment pointée comme un exemple à suivre.[27]

Die Linke, désormais beaucoup moins en vue, se positionne plus ou moins correctement dans plusieurs débats autour de la migration. Par rapport à l’extension des contrôles aux frontières, elle décrit particulièrement qu’une « revendication fondamentale de l’extrême droite, vieille de plusieurs décennies, a [ainsi] été satisfaite. Enfin, une reprise des contrôles aux frontières allemandes. Voilà donc le progrès de l’auto-proclamée Coalition du progrès. »[28] Par ailleurs, dans le débat sur les cartes de paiement, Die Linke affirme à juste titre que, loin d’être trop généreuse, l’aide financière que perçoivent les demandeurs d’asile est déjà inférieure au minimum existentiel.

Toutefois, la politique de Die Linke est très loin d’être à la hauteur de ce que devrait être son rôle. Beaucoup de ses positions sont anodines et confuses, en partie le résultat de vastes divergences internes, de quoi décourager les militants engagés dans les luttes. Là où Die Linke a pris part à des gouvernements régionaux, elle a d’ailleurs participé aux expulsions de réfugiés. Sa position sur la cause palestinienne est de loin inférieure à celle du BSW. Dans sa déclaration sur les nouveaux contrôles frontaliers, elle préconise aussi que pour assurer la sécurité, il faut plutôt s’en prendre à l’islamisme. À cette fin, elle prône un mix d’investissements publics et de mesures répressives.

Répression politique ; Israël et son génocide

Même si, en tant que socialistes, nous opposons l’islam politique de droite (par exemple, nous prenons une part active au soutien au mouvement « femmes, vie, liberté « en Iran) et entendons qu’il est nécessaire de combattre ses expressions violentes, nous sommes également extrêmement conscients du danger de donner davantage de pouvoirs répressifs à l’État bourgeois. Les exemples, allant des luttes pour la décolonisation à la « guerre contre le terrorisme », sont légion. Par ailleurs, est-il dangereux de laisser la souveraineté d’interprétation, que cela concerne « l’islamisme » ou d’autres catégories vilipendées, à l’État bourgeois. C’est d’autant plus vrai que cet État est actuellement en prise à une radicalisation dans une direction répressive, raciste et islamophobe.

La position particulièrement répugnante et complicite de l’État allemand à l’égard du génocide à Gaza, même selon les critères de l’impérialisme occidental, est un parfait exemple de ce danger. L’opposition au Sionisme ou tout bonnement aux crimes de l’État d’Israël est assimilée à l’antisémitisme. Tout au plus, l’actuel gouvernement d’extrême droite en Israël peut être critiqué, mais cette critique ne peut jamais s’étendre au système colonial / d’apartheid en tant que tel. Dans le discours officiel, ce « nouvel antisémitisme » se situe surtout auprès de la « gauche radicale » et parmi les musulmans. À ce titre, les militants sont criminalisés et le mouvement de solidarité avec la Palestine se voit privé de son droit de manifester. Ceci donne aussi l’occasion à l’extrême droite, laquelle bien sûr admire l’apartheid et les boucheries coloniales, de se blanchir de sa profonde haine des juifs et de son négationnisme.

Une résolution définissant l’antisémitisme presque exclusivement comme une opposition au sionisme et permettant le refus ou le retrait du financement des chercheurs et des artistes exprimant leur soutien aux droits des Palestiniens a été récemment approuvée par le Bundestag. Seul le BSW a voté contre, tandis que Die Linke s’est honteusement abstenue. Après le vote, l’AfD a félicité les Verts d’avoir enfin compris qu’en Allemagne, les migrants musulmans sont la principale source de l’antisémitisme contemporain.[29]

« Valeurs allemandes »

Selon le récit officiel de l’État allemand, les Juifs en Allemagne, qu’ils aient la citoyenneté israélienne ou non, sont censés exprimer une loyauté inconditionnelle à l’État d’Israël, sous peine d’être réduits au silence. Une récente une du magazine Der Spiegel a notamment identifié l’ambassade d’Israël comme « l’ambassade juive ». Les Juifs ne sont valorisés que dans la mesure où ils font partie du projet sioniste expiatoire, une pierre angulaire de la légitimation de l’État bourgeois allemand.[30] En tant que tels, ils ne peuvent pas véritablement être considérés comme allemands. Ce projet expiatoire est aussi commodément aligné sur l’impérialisme occidental dirigé par les États-Unis. Compte tenu de la réalité géopolitique post-invasion de l’Ukraine, la bourgeoisie allemande s’est vue obligée de redoubler son alignement sur Washington.

Après les attaques du 7 octobre, le ministre allemand de l’Intérieur Faeser et le leader du SPD Klingbeil ont appelé à « l’expulsion des partisans de l’Hamas ». Des propos similaires sont également venus de la CDU, dont le secrétaire général a même appelé à la « révocation » de la citoyenneté allemande. Qui peut faire confiance à ces politiciens pour décider ce qui constitue un soutien de l’Hamas ? De plus, étant donné leur soutien actif au génocide, ils n’ont aucune légitimité pour porter un jugement là où de telles sympathies pourraient exister.

Même si l’expulsion ou la révocation de nationalité pourrait rester exceptionnelle, les refus du séjour permanent ou de la naturalisation pourraient devenir des mesures généralisées.[31] Plus récemment, le ministre de l’Intérieur a déclaré que ceux qui partagent, aiment ou commentent le slogan pro-Palestine « Du fleuve à la mer » sur les réseaux sociaux ne seraient pas éligible d’obtenir la citoyenneté allemande.[32] Ces déclarations ont depuis donné lieu à de nouvelles lois. La nouvelle loi allemande sur la citoyenneté exige que les candidats déclarent leur conviction que l’État d’Israël a le droit d’exister. Un ensemble de lois initialement destinées à simplifier le parcours vers la citoyenneté pour les migrants de première génération a ainsi été reformulé comme une mesure visant à garantir le respect des « valeurs allemandes ».[33] Bien entendu, les cibles implicites de ces lois sont les musulmans.

D’ailleurs, l’Allemagne n’est pas un cas exceptionnel. Aux Pays-Bas, à la suite des émeutes d’Amsterdam en novembre, le gouvernement Wilders cherche à élargir les possibilités du retrait du passeport des Néerlandais ayant la double nationalité. Une telle loi visant des individus accusés de terrorisme, introduite en 2017 et rendue permanente en 2022, pourrait ainsi être étendue à « l’antisémitisme ».[34] Des immigrants de deuxième ou troisième génération pourraient ainsi être menacés d’expulsion du pays.[35]

La politique des partis établis accroît non seulement le racisme systémique, mais alimente également le discours de l’extrême droite, facilitant son ascension et encourageant des groupes violents à passer à l’acte. Une récente enquête par l’Agence des droits fondamentaux de l’Union européenne (FRA) a révélé que les musulmans de l’UE ont connu depuis 2016 « une forte augmentation » (voir plus de 39 %) du racisme et de la discrimination dans leur vie quotidienne. Les taux de racisme les plus élevés ont été enregistrés en Allemagne, ainsi qu’en Autriche et en Finlande.[36]

L’Allemagne (et l’Europe) a besoin de migration

Avec l’approfondissement de la crise capitaliste, le système a besoin de l’échappatoire de la haine anti-migrants. C’est ainsi que la surenchère sur ce thème est devenue monnaie courante parmi à peu près tous les partis bourgeois. Pourtant, à ce stade, ceci comporte aussi des risques majeurs. D’une part, en normalisant l’extrême droite, cela peut lui ouvrir une voie vers le pouvoir. De l’autre part, il y a le fait qu’actuellement toutes les économies développées ont un besoin structurel d’immigration pour rester compétitives. Selon les experts, en raison de la baisse de la main-d’œuvre couplée au vieillissement de la population, l’Allemagne a besoin d’une migration annuelle d’environ 400 000 travailleurs qualifiés. Outre les facteurs démographiques, l’immigration contribue également à compenser le manque d’investissement dans des domaines tels que l’éducation. Elle aide aussi à trouver du personnel pour des secteurs dans lesquels la logique du marché et l’austérité ont créé des conditions de travail désastreuses et un niveau de rémunération inacceptable. Des secteurs essentiels, tels celui de la santé et des soins ou encore de l’agriculture, en sont de parfaits exemples. Même en période de récession, le besoin d’immigrants reste donc assez important.[37]

C’est ainsi que les mêmes experts qui prônent l’externalisation des procédures d’asile se soucient aussi de l’impact économique des contrôles aux frontières internes de l’UE et de l’image anti-immigration qui pourrait effrayer de potentiels migrants dont l’économie aurait besoin. La bourgeoisie allemande a déjà fait l’expérience des méfaits d’une rhétorique anti-migrants outrancière. Lors d’une précédente crise structurelle, à savoir au début du mandat du chancelier Gerhard Schröder, le gouvernement visait à recruter 20 000 informaticiens à l’étranger, notamment en Inde. Le slogan de la CDU lors des élections régionales, « Kinder statt Inder » (des enfants plutôt que des Indiens), avait nui à ses efforts.[38] Encore aujourd’hui, l’Allemagne connaît un grand retard dans le secteur de l’IT.

La tension entre les intérêts économiques et la recherche de boucs émissaires est toujours présente. Parallèlement à l’intensification de la rhétorique anti-migrants contre les réfugiés, comme étrangers illégaux, profiteurs et criminels, l’Allemagne simplifie les procédures de citoyenneté. Selon la nouvelle loi introduite en juin, la même qui exige la reconnaissance d’Israël, les étrangers peuvent désormais obtenir la nationalité allemande après cinq ans de résidence dans le pays au lieu de huit ans auparavant. En outre, la nouvelle loi autorise à présent également la multiple citoyenneté, ce qui signifie que les candidats à la naturalisation n’ont plus besoin de renoncer à leur citoyenneté précédente.[39]

Des programmes élaborés visant à discipliner et à expulser les demandeurs d’asile coexistent avec des pratiques de longue date d’un recrutement actif à l’étranger, par exemple aux Balkans pour le travail dans les Ehpad et les maisons de retraite. La bourgeoisie allemande est tout à fait favorable à une approche à l’immigration qu’elle qualifie de « gagnant-gagnant ». Un exemple d’une telle approche furent les accords convenus entre le chancelier allemand et le président kényan William Ruto en septembre. Ces mesures visent à permettre à des Kényans qualifiés de s’installer en Allemagne, tout en facilitant un rapatriement plus rapide des migrants Kényans qui se verraient refuser le droit de séjour. 

Jusqu’à présent, l’expérience de gouvernements d’extrême droite encore pragmatiques quant aux besoins du capital pourrait aujourd’hui encore rassurer la bourgeoisie. Tout en cherchant en grande pompe à externaliser les procédures d’asile en Albanie, le gouvernement de Meloni espère, par exemple, faire venir 10 000 infirmières indiennes en Italie en 2025.[40] Cependant, la fenêtre d’Overton s’est déjà déplacée très loin vers la droite et restreint ce que les gouvernements, même sans la participation de l’extrême droite, peuvent faire. Les gouvernements qui vont à contre-courant de la politique de plus en plus dure à l’encontre des migrants sans papiers se font rares. Ainsi, le cas de l’Espagne, qui prévoit d’accorder des permis de séjour et de travail à environ 900 000 sans-papiers au cours des trois prochaines années pour répondre à un besoin croissant de main-d’œuvre, fait désormais figure d’exception.[41] Il n’est pas certain que l’extrême droite au pouvoir dans des États plus puissants comme la France ou l’Allemagne n’agisse pas de manière beaucoup plus décomplexée qu’en Italie, pays plus lourdement endetté et dépendant. De plus, la surenchère anti-migrants pourrait encore devenir incontrôlable face à des crises toujours plus profondes et multiples.

Reconstruire la gauche

L’avenir qui nous est proposé est un avenir dans lequel le prix à payer pour l’exercice de droits démocratiques fondamentaux comme la liberté d’opinion, d’association ou de manifestation sera excessivement élevé pour de larges pans de la population, celle d’origine immigrée, sans parler des demandeurs d’asile. La création de couches de la classe ouvrière qui ne sont tolérées que si elles se conforment à « nos valeurs », c’est-à-dire aux intérêts de la bourgeoisie et de son État, stigmatise également la dissidence parmi les couches qui sont moins à risque. La surenchère droitière sur l’immigration divise, affaiblissant ainsi le potentiel de lutte de la classe ouvrière dans son ensemble.

Cependant, les capitalistes dépendent entièrement de la classe ouvrière, une classe ouvrière de plus en plus diversifiée, de plus en plus issue de l’immigration, pour faire fonctionner leur système. La tendance à la droite n’est inévitable que si le capitalisme reste incontesté, sans qu’aucune alternative systémique réelle et structurée. Une restructuration de la gauche est inévitable, mais c’est une course contre-la-montre.

Face à la crise environnementale existentielle à laquelle l’humanité est confrontée, de nombreux jeunes en Allemagne ont peut-être considéré les Verts comme le moindre mal. Mais face à la fausseté de plus en plus criante de l’écologisme-progressiste moral de ce parti impérialiste libéral, il y a des limites. Une récente scission dans l’organisation de jeunesse des Verts sous le label « Zeit für was Neues » (un temps pour du nouveau) déclare vouloir contribuer à un « parti de gauche fort » avec l’intention de construire une conscience de classe, non pas parmi les « capitalistes verts et les petits-bourgeois », mais parmi la population travailleuse.[42] Quel que soit le résultat de ce réalignement, éventuellement au profit de Die Linke, c’est un signe qui donne espoir que face à une droitisation générale de la politique électoraliste, des changements de conscience sont toujours possibles. Ces changements n’atteindront toutefois l’ampleur nécessaire que s’ils sont l’expression de véritables mouvements de masse en lutte pour un avenir vivable pour tous.


[1] https://www.reuters.com/world/us/inside-trumps-plan-mass-deportations-who-wants-stop-him-2024-11-06/           

[2] https://www.democracynow.org/2024/11/12/stephen_miller_second_trump_admin_immigration

[3] https://econofact.org/immigrant-deportations-trends-and-impacts       

[4] https://www.bbc.com/news/articles/c3e8y1qly52o

[5] Mais cette même étude a constaté une utilisation sous-optimale des compétences des réfugiés, beaucoup d’entre eux étant surqualifiés pour les emplois qu’ils occupent. https://www.euronews.com/business/2024/05/01/majority-of-germanys-open-door-refugees-have-entered-the-labour-force         Pour la cohorte arrivée en 2015, le taux d’emploi en 2022 était de 64 %, contre 77 % pour l’ensemble de la population allemande. Le salaire horaire brut médian des arrivants en 2015 était de 1,20 € au-dessus du seuil de bas salaire (12,50 €). https://www.euronews.com/business/2024/05/01/majority-of-germanys-open-door-refugees-have-entered-the-labour-force

[6] https://www.dw.com/en/german-media-respond-to-new-rules-on-reporting-ethnicity-of-criminals/a-38251869 Le fait que les médias, à peu d’exception près, ne mentionnent la nationalité des personnes suspectés de crimes que si celle-ci est étrangère, a renforcé un lien implicite entre immigration et criminalité

D’après les statistiques de la police allemande (2018-2019) près de 70 % des crimes étaient commis par des ressortissants allemands. Dans les reportages télévisés et les journaux la nationalité des suspects étrangers étaient toutefois mentionnés respectivement 19 et 32 fois plus souvent que leur part statistique.

https://mediendienst-integration.de/artikel/wie-oft-nennen-medien-die-herkunft-von-tatverdaechtigen.html

Une étude sur le cas de la ‘Sächsische Zeitung’ démontre que mentionner systématiquement les origines des criminels augmente la saillance relative de la criminalité des autochtones et réduit ainsi les inquiétudes de ces derniers à l’égard de l’immigration, brisant ainsi le lien implicite entre immigration et criminalité.

https://academic.oup.com/ej/article-abstract/134/657/322/7238467?redirectedFrom=fulltext

[7] https://missingmigrants.iom.int/region/mediterranean https://www.tni.org/en/publication/outsourcing-oppression De plus, sur les quatre dernières années deux fois plus de migrants d’Afrique subsaharienne pourraient avoir trouvé la mort traversant le Sahara que la Méditerranée. https://unric.org/en/migration-twice-as-many-migrants-die-crossing-the-sahara-than-the-mediterranean-sea/

[8] https://www.aljazeera.com/news/2024/1/20/tens-of-thousands-protest-in-germany-against-far-right-party

[9] Dresdner Erklärung der Innenministerinnen und -minister von CDU/CSU in den Ländern vom 12. Juli 2024: Sicherheit schaffen – für einen Kurswechsel in der Asylpolitik

[10] https://www.euractiv.com/section/migration/news/german-cdu-suggests-national-emergency-to-curb-migration/  

[11] https://www.vlaamsbelang.org/nieuws/duitsland-voert-grenscontroles-de-geesten-rijpen-europa

[12] https://www.politico.eu/article/viktor-orban-hungary-germany-finally-waking-up-migration-consequences-border-protection-control/ 

[13] https://www.bbc.com/news/articles/cq5dvzj81g3o

[14] https://www.brusselstimes.com/1276174/france-to-temporarily-reintroduce-controls-at-borders-including-with-belgium-tbtb               

[15] https://www.brusselstimes.com/1289020/netherlands-latest-of-belgiums-neighbours-to-introduce-border-controls Actuellement 11 pays de l’UE ont mis en place des contrôles aux frontières ; l’Autriche, l’Italie, la Slovénie, la Norvège, le Danemark, la Pologne, la Finlande, la Suède, l’Allemagne, la France et les Pays-Bas.

[16] https://www.brusselstimes.com/1279596/is-schengen-on-the-way-out-new-border-checks-challenge-open-europe

[17] https://www.bbc.com/news/articles/clyvglq47y9o 

[18] https://economy-finance.ec.europa.eu/document/download/40321e7d-fa57-4a6b-8047-f208dca5e1a0_en?filename=box3_en.pdf Plusieurs modèles ont été élaborer pour calculer l’impact de telles mesures à l’échelle de l’UE. L’impact sur les travailleurs et les voyageurs transfrontaliers de l’UE, le transport routier de marchandises et l’administration publique pourrait entraîner une perte cumulée du PIB entre 5 à 18 milliards d’euros par an. Il est aussi question d’une augmentation des prix sur les produits importés de 1 à 3%. Selon encore un autre modèle, l’impact négatif sur le PIB dès 2025 serait d’environ 0,2 à 0,5 % pour la zone euro (soit 20 à 55 milliards d’euros).

[19] https://apnews.com/article/germany-migration-deportation-cabinet-ed036246d7d4c6b7816f430d495dacf9            

[20] https://taz.de/Bett-Brot-Seife-Vorstoss/!6040914/ 

[21] https://www.merkur.de/politik/scholz-erhaelt-harte-kritik-von-migrationsforscher-das-ist-reine-illusion-zr-93387285.html

[22] https://fr.euronews.com/my-europe/2024/05/16/15-pays-de-lue-demandent-lexternalisation-de-la-politique-dimmigration-et-dasile     

[23] Des migrants secourus en Méditerranée seraient ainsi envoyés directement en Albanie et ne mettront jamais les pieds en Italie. Les personnes envoyées en Albanie doivent provenir de 22 « pays sûrs » et ne pas présenter de signes de torture, de maladie ou de vulnérabilité, ni faire partie de familles nucléaires voyageant ensemble. Les demandes d’asile seraient examinées par des juges en Italie via un lien en ligne dans un délai de 28 jours et l’expulsion se ferait aux frais de l’Italie. https://edition.cnn.com/2024/10/16/world/italy-first-migrants-albania-intl/index.html https://www.proasyl.de/news/italiens-deal-mit-albanien-kein-modell-fuer-deutschland/

[24] https://www.swp-berlin.org/10.18449/2024A12/    

[25] https://www.rbb24.de/politik/beitrag/2024/08/bezahlkarte-fluechtlinge-bund-verzoegerung-suche-anbieter.html   

[26] https://www.euractiv.fr/section/droits-et-systemes-de-sante/news/malgre-un-systeme-de-sante-deja-fragile-le-nouveau-gouvernement-questionne-laide-medicale-detat/         

[27] https://www.krisis.org/2024/kein-geld-fuer-die-welt-das-buendnis-sahra-wagenknecht-appelliert-an-den-eigennutz-und-bedient-die-ressentiments-ihrer-klientel/

https://bsw-vg.de/deutschland-aber-vernuenftig-und-gerecht

[28] https://www.dielinke-sachsen-anhalt.de/aktuell-1/detail/europaeische-idee-bewahren-rechtsstaatlichkeit-verteidigen-menschenrechte-schuetzen/             

[29] https://www.counterfire.org/article/the-german-malaise-deindustrialisation-a-rising-right-and-a-weakened-left/     

[30] https://www.theguardian.com/commentisfree/2023/nov/13/germany-jewish-criticise-israel-tv-debate       

[31] https://verfassungsblog.de/migrationsrecht-und-antisemitismus/        

[32] https://www.middleeastmonitor.com/20240929-germany-to-deny-citizenship-to-those-using-pro-palestinian-slogan-on-social-media/  

[33] https://www.middleeastmonitor.com/20240627-germany-imposes-israel-loyalty-test-with-new-citizenship-law/    

[34] https://www.volkskrant.nl/politiek/oude-zorgen-over-denaturalisatie-laaien-weer-op-mensen-met-dubbele-nationaliteit-krijgen-andere-status~b66e4aa4/?referrer=https://www.google.be/

https://www.volkskrant.nl/politiek/kabinet-zoekt-naar-manieren-om-antisemitisme-aan-te-pakken-afnemen-paspoort-voorstelbaar~b901cf23

[35] https://www.parool.nl/columns-opinie/essay-amsterdam-is-een-door-en-door-joodse-stad-maar-amsterdam-is-ook-een-door-en-door-islamitische-stad~b4a0c329/ 

[36] https://www.turkiyetoday.com/turkiye/exponential-rise-in-islamophobic-incidents-in-germany-and-austria-report-shows-69616/               

[37] Ceci a naturellement aussi de lourdes conséquences pour les pays d’Europe de l’Est qui font face à la dépopulation. Même de nombreux pays néo-coloniaux ont aujourd’hui une natalité fortement en baisse. Il y a un exode de main-d’œuvre qualifié des pays néo-coloniaux. Il y a plus d’infirmières d’origine ghanéenne travaillant pour la santé publique en Grande-Bretagne (NHS) qu’il n’y a d’infirmières au Ghana. Voir: Monde Diplomatique, Manière de voir n°194 : Immigration – Avril Mai 2024.

[38] https://www.ndr.de/fernsehen/sendungen/panorama/archiv/2000/Kinder-statt-Inder-Die-Parolen-eines-gescheiterten-Zukunftsministers,erste7444.html  

[39] https://schengen.news/berlin-is-processing-german-citizenship-applications-3-times-faster/         

[40] https://www.dw.com/en/eus-immigration-balancing-act-luring-foreign-workers-despite-far-right-pressure/a-70818052#:~:text=The%20government%20recently%20announced%20it,to%20bring%20here%20about%2010%2C000.%22               

[41] https://www.nytimes.com/2024/11/21/world/europe/spain-migrants-residency-work-permits.html

Pour ne pas idéaliser la situation, alors que les migrants en provenance des anciennes colonies espagnoles sont favorablement accueillis même à droite de l’échiquier politique, les migrants africains sont confrontés à davantage d’hostilité et d’obstacles. https://www.nzz.ch/english/how-spain-is-focusing-on-openness-in-the-immigration-debate-ld.1858408

[42] https://www.sozialismus.info/2024/09/zeit-fuer-was-neues-rot-statt-gruen/     

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