Dans la nuit du 28 au 29 octobre, une quantité de pluie dépassant les 600 litres/M³ s’est déversée dans les rues de Valence, déclenchant l’un des drames climatiques les plus meurtriers que l’Espagne du 21e siècle ait connu. Alors que le bilan humain s’élève à plus de 200 morts, le peuple espagnol s’est réuni pour protester dans les rues, dénonçant l’inaction du gouvernement face à la catastrophe climatique.
Par Odilon (Liège)
Pas de coupes budgétaires sans conséquences
Tenu pour responsable du drame, c’est sous les huées des manifestants que Carlos Mazon, Président de la région de Valence , a pris la parole ce 15 novembre dernier pour s’excuser auprès des habitants. Des excuses en demi-teinte, diluant sa responsabilité sous une couche de mauvaise foi et de sous-entendus malhonnêtes qui n’ont pas su apaiser la colère des victimes. En effet, les réactions insuffisantes des autorités face aux inondations n’ont fait qu’aggraver la situation, les messages d’alerte n’ayant été envoyés à la population que plusieurs heures après le début de la catastrophe et le gouvernement ayant refusé l’aide des pompiers des villes voisines. Mais derrière ces décisions désastreuses et meurtrières se cache un problème bien plus profond.
Entre coupe budgétaires dans le secteur de la santé ou encore de l’enseignement et la réduction de l’impôt pour les plus riches, c’est bien les exactions d’un gouvernement néo-libéral et conservateur qui ont poussé à la catastrophe d’octobre. Il n’est pas nouveau que les gouvernements capitalistes s’enfoncent dans un négationnisme climatique crasseux, et l’Espagne n’y a pas échappé. En effet, le phénomène de la “goutte froide” qui a frappé Valence, aggravé par l’urbanisation extrême et l’imperméabilisation des sols, n’est pas une chose nouvelle, mais est devenue bien plus courante avec l’avancée du réchauffement climatique. Ce constat évident est continuellement nié par les capitalistes, plaçant à leur habitude le profit comme leur priorité absolue. On a pu ici observer la preuve d’un manque d’intérêt pour les conséquences du bouleversement climatique par le gouvernement espagnol, n’étant visiblement absolument pas préparé à faire face à ces catastrophes.
L’impact des inondations atténué par la solidarité
Les évènements récents en Espagne ont également démontré la solidarité impressionnante dont peut faire preuve la population face à la crise. Ne pouvant pas accorder leur confiance à leur propre gouvernement pour les aider efficacement, c’est sur leurs pairs que les victimes des inondations ont pu compter.
Des milliers de personnes à travers le monde ont apporté leur aide aux sinistré.e.s, à distance et même sur place. Les images du roi impuissant fustigé par la foule montrent aussi que la colère a été un moteur de solidarité pour le peuple indigné.
Et en Belgique?
En observant le cas de l’Espagne, il ne faut pas rester dupe au sujet du parallèle à faire avec la situation de la Belgique face à la crise climatique. Si l’on se souvient bien des inondations meurtrières de juillet 2021, il est moins évident de penser au nombre de morts causé chaque année par la canicule. En 2022, il s’agissait de 1.200 décès dénombrés suite aux fortes chaleurs, et à la gestion désastreuse de ces dernières par les autorités. Malgré l’alerte que ce chiffre représente, le gouvernement belge fait la sourde oreille et ne se contente que de quelques propositions largement insuffisantes par rapport à l’étendue des dégâts climatiques.
Il est évident que ce sont les mêmes raisons capitalistes qui poussent notre gouvernement à négliger cette question et que dans le cas d’un évènement de l’ampleur des inondations de Valence, la population risquerait de se trouver dans la même situation.
Si des leçons doivent être retenues de ces récents évènements, c’est évidemment par commencer que notre confiance ne peut pas être placée dans des partis néo-libéraux traditionnels, mais également que la solidarité peut naître dans une ère de crise capitaliste extrême.
La crise climatique est là, nous devons nous y adapter dès maintenant et totalement repenser le territoire, de l’urbanisme – en intégrant la nouvelle norme des événements climatiques extrêmes – à la gestion des rivières. Cela implique une extension des services publics et de la protection civile, avec des moyens à hauteur des risques et des besoins, mais aussi un plan public d’isolation des bâtiments quartier par quartier sur la totalité du territoire de manière à limiter les émissions de gaz à effet de serre liées au chauffage.
Cela exigera également des mesures comme l’expropriation des bâtiments inoccupés pour raison spéculative pour y loger les personnes sinistrées, ou encore des grandes entreprises du secteur des assurances et de la construction pour que ces secteurs soient placés sous contrôle et gestion démocratiques de la collectivité. De cette manière, nous pourrons réduire nos émissions tout en protégeant la population et ses conditions de vie. Les organisations de gauche et les syndicats doivent impérativement axer leurs propositions et leur action sur ce qui est nécessaire pour faire face au péril climatique, pas sur ce qui est acceptable en restant dans le carcan du système capitaliste !