L’extrême droite au pouvoir : le danger de Ninove

Dans la plupart des médias flamands, Guy D’haeseleer – premier bourgmestre d’extrême droite depuis la Seconde guerre mondiale – et sa liste Forza Ninove sont quasiment présentés comme d’innocents travailleurs sociaux. Le soir même des élections, certains journalistes francophones ont constaté que la réalité était tout autre : ils ont été insultés et bousculés par les militants d’extrême droite du Vlaams Belang. Lorsque l’extrême droite se sent pousser des ailes, comme c’est le cas à Ninove, cela s’accompagne inévitablement d’incidents et de violences.

Forza Ninove combine une politique de bouc émissaire, de racisme, de sexisme et de queerphobie avec une forme de charité et de service aux frais de la collectivité. Guy D’haeseleer reçoit par exemple un généreux salaire du Parlement, mais il n’y est guère actif. Sa politique n’a rien de social. Au contraire ! L’aide sociale est décrite avec condescendance comme un “ticket gagnant à vie” et une “politique de chouchoutage”. Outre la proposition d’économies d’efficacité sur le personnel communal, Forza Ninove veut introduire un “service communautaire local” obligatoire pour les personnes qui bénéficient de l’allocation de CPAS. Il ne s’agit donc pas d’une aide, mais d’un travail forcé permettant de se débarrasser immédiatement de certain.e.s employé.e.s gênant.e.s à la commune.

Comme de bien entendu, les personnes issues de l’immigration seront particulièrement visées, avec une chasse ouverte aux sans-papiers. Forza Ninove veut frapper le plus largement possible : “Pour les personnes qui résident déjà légalement ici, il n’y a de place dans notre société que dans la mesure où elles s’intègrent, contribuent à notre prospérité, se conforment à nos lois et à nos normes, respectent nos valeurs, notre culture et nos traditions.” Pour l’extrême droite, cela signifie des contrôles stricts sur les compétences linguistiques des personnes qui demandent un logement social, sur la composition des repas scolaires (pour vérifier si, une fois n’est pas coutume, il devrait y avoir quelque chose de halal sur la table !), sur le catalogue de la bibliothèque, sur le maquillage lors de la fête de Saint-Nicolas… Les subsides aux clubs culturels ou sportifs ne seront possibles que si l’on n’y parle que le néerlandais. Il promet également de contrer la “francisation” de Ninove. Pour faire respecter tout ça, l’extrême droite veut plus de répression avec le déploiement de services de sécurité privés et plus de Sanctions administratives communales (SAC).

Les promesses de lutte contre la corruption et le népotisme sont généralement les premières à être rompues une fois que l’extrême droite est en mesure d’elle-même distribuer postes et contrats. Cela se constate dans presque toutes les municipalités françaises où l’extrême droite est arrivée au pouvoir. Une enquête sur l’administration du Rassemblement national à Fréjus, près de Saint-Tropez dans le Var, a fait état d’une corruption et d’un népotisme généralisés et a parlé de “mafia”. Cette conclusion ne peut évidemment pas encore être tirée à Ninove, mais le fait que D’haeseleer ait immédiatement nommé sa belle-fille échevine indique la direction que prennent les choses.

L’extrême droite joue sur les frustrations et le désespoir individuels, en les dirigeant contre les personnes migrantes, les francophones ou même des ennemis abstraits tels que les “woke”. La tâche des antifascistes est d’établir l’espoir d’un changement social fondamental par le moyen de la lutte collective. La résistance syndicale doit s’organiser dans la région de la Dendre et ailleurs autour d’un programme de changement social.

L’extrême droite s’oppose à ces luttes. À Anvers, Filip Dewinter a obtenu le droit d’initiative dans les discussions de coalition pendant quinze jours. Il a mis sur la table un document dans lequel le droit de grève était explicitement limité, en le liant “à une obligation de service permanent et d’accessibilité de tous les éléments liés à nos entreprises, au domaine public et au port”. En résumé : la grève est autorisée, mais personne ne doit s’en apercevoir. Ainsi, l’extrême droite veut museler la méthode par laquelle la classe ouvrière a arraché toutes ses conquêtes sociales, le travail des enfants a été aboli et la Sécurité sociale introduite.

Avec les projets antisociaux du prochain gouvernement Arizona, le terreau de l’extrême droite va s’élargir. Une opposition de gauche forte et combative est nécessaire pour faire face aux scores de l’extrême droite. La lutte et les réponses collectives du mouvement ouvrier sont nécessaires pour traiter efficacement les problèmes sociaux et ainsi en finir avec le terreau sur lequel prospère l’extrême droite.

Partager :
Imprimer :
Première page de Lutte Socialiste