Le PTB dans des majorités communales, des positions à saisir pour organiser la résistance face à la droite

C’était le tout dernier argument du PS: un vote pour le PTB, c’était un vote inutile puisqu’il refusait “de prendre ses responsabilités”. Maintenant ça y est, c’est fait, le PTB a “pris ses responsabilités”, au moins à Mons et à Forest au moment d’écrire ces lignes, en attendant Molenbeek et peut-être aussi Schaerbeek.

Article tiré de l’édition de décembre-janvier de Lutte Socialiste

On ne va pas trop s’attarder sur la colère noire de George-Louis Bouchez, mais ne boudons pas notre plaisir, ça faisait tout de même plaisir à voir. Après sa victoire électorale aux élections fédérales de juin, le MR imaginait pouvoir s’installer confortablement au pouvoir partout. À Mons et à Forest, le MR a été éjecté de la majorité malgré sa progression. De rage, le MR a imposé en représailles une clause anti-PTB dans l’accord provincial MR / PS / Engagés à Liège. Cet accord serait brisé en cas d’alliance avec le PTB dans l’une des communes liégeoises. Pour rester dans la majorité provinciale, le PS a dû accepter cette humiliation inédite dans l’histoire politique belge. Cela s’explique notamment par la situation des finances communales et la recherche désespérée de relais aux échelons de pouvoir capables de venir en aide aux localités.

À Liège, donc, le PS s’est à nouveau allié à la droite dure, ce qui n’a pas empêché les banques de snober la ville ! Dans le cadre du plan régional Oxygène qui vise à assurer des prêts pour les villes et communes, la banque Belfius a accepté de prêter de l’argent à quatre grandes villes, mais pas à Charleroi, ni à Liège… ni à Mons. Et pour cette dernière, c’était une surprise, survenue à dix jours à peine de la conclusion de l’accord de majorité. Un hasard ? Pas vraiment. En prévision des élections régionales, Belfius avait déjà il y a quelque temps annoncé qu’elle couperait l’accès aux prêts à un éventuel gouvernement wallon comprenant le PTB. Le patron de la banque, Marc Raisière, fait par ailleurs partie de la “galaxie Bouchez” et est régulièrement consulté par le président du MR.

Rupture ou accent?

Ce ne sont que les premières indications de ce que la droite et le monde des affaires sont capables d’imposer par la force l’idée qu’il n’y a aucune alternative à la politique dominante. Écraser jusqu’à l’idée-même d’une alternative, c’était au cœur de la stratégie de la Commission européenne face à la Grèce quand le parti de gauche Syriza a pris la tête du gouvernement, jusqu’à sa capitulation face aux marchés.

La situation ne sera pas simple pour effectivement imposer un changement de politique au niveau communal. Molenbeek fait ainsi partie des onze communes bruxelloises actuellement sous plan financier de la Région: en échange de cette aide régionale, les communes doivent appliquer une politique budgétaire stricte. Et c’est Molenbeek qui connait la situation la plus grave, avec un déficit de 9 millions d’euros l’an dernier.

Commentant l’accord de majorité montois, le journaliste du Soir David Coppi soulignait que si le PTB parlait d’une politique de “rupture” pour entrer dans une majorité, il s’agit en réalité plutôt d’accents qui ne modifient pas l’orientation politique globale suivie ces dernières années. En Flandre, le PTB était déjà dans une majorité communale à Zelzate, et a imposé un impôt aux grandes entreprises implantées sur la commune. C’était une inclinaison différente – et positive – mais elle n’a pas fondamentalement changé la vie dans la commune. Aujourd’hui, le PTB a été dégagé de la majorité par son partenaire, Vooruit, après une légère perte de vitesse électorale sur place.

La plus grande prise de responsabilité à respecter, c’est celle d’organiser la lutte. À trop vouloir être respectable et rester dans le carcan permis par les institutions, l’espoir d’un changement risque bien de pourrir et de devenir cynisme et frustration. C’est le terreau idéal pour la droite et son langage de mise en concurrence de la misère, où l’on oppose notamment les chômeur.euse.s aux travailleur.euse.s précaires en les convaincant qu’au final, ce sont les allocataires sociaux les responsables d’à peu près tout.

La crise sociale que nous connaissons est déjà profonde. A Bruxelles, on s’attend à dépasser le nombre de 10.000 personnes sans abri. Les associations de terrain remarquent une augmentation de 20% tous les deux ans. Et ça, c’est avant l’avalanche de mesures antisociales qui nous fonce droit dessus. Il nous faudra nous battre pour défendre nos conquêtes sociales, la perspective d’en arracher de nouvelles renforcera ce combat, et très certainement aussi si nous répondons à la radicalisation de la droite en étant sans équivoque sur l’absolue urgence de renverser le système capitaliste pour instaurer une société qui mobilisera, et expropriera, toutes les capacités techniques nécessaires à la satisfaction des besoins de tou.te.s.

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