Georges-Louis Bouchez met Vlaams Belang et PTB dans le même sac et exige un « cordon » contre tous les partis « extrêmes ». A l’heure où le MR attire des personnalités d’extrême droite et où Bouchez adopte lui-même plusieurs éléments de la rhétorique d’extrême droite, cette attitude est très hypocrite. Du côté néerlandophone, De Wever fait de même et a obtenu que Conner Rousseau (Vooruit) le rejoigne pour s’opposer aux coalitions avec le PTB. Nous en avons vu le résultat à Zelzate et à Borgerhout, où le PTB été débarqué des coalitions où il se trouvait précédemment avec Vooruit. Après la formation de majorités avec le PTB à Mons, Forest et Molenbeek, des questions ont été soulevées à chaque fois pour savoir si le « cordon » n’avait pas été brisé. Mettre sur un pied d’égalité un parti d’extrême droite qui prône le racisme et la haine et un parti de gauche basé sur le mouvement ouvrier ne sert qu’à affaiblir ce dernier afin de mener des politiques antisociales avec d’autant plus d’efficacité. Le cordon sanitaire contre le Vlaams Belang était le résultat d’une protestation antifasciste largement soutenue dans les années 1990. La droite veut oublier cela aussi avec la propagande de l’opposition à « tous les extrêmes ». Ci-dessous, un article de Verba (Liège) sur ce débat concernant le cordon sanitaire du côté francophone.
Désireux de saper l’idée d’un cordon sanitaire à l’encontre de l’extrême-droite, mais surtout de saboter d’éventuelles coalitions progressistes PS-PTB-Ecolo, le MR nous joue sa dernière pièce : le cordon imaginaire. À l’image d’Argon, le fameux malade hypocondriaque de Molière, Georges-Louis Bouchez et sa clique s’agite très fort en brandissant un péril démocratique : le PTB serait le nouveau péril rouge, les chars de Staline serait à nos portes et s’apprêterait à collectiviser la Belgique. Et en fait, pour une part, il a raison : la classe dominante peut s’inquiéter de voir le PTB être normalisé et accepté au pouvoir. Décryptage d’un psychodrame et d’une énième panique morale du petit caporal de Mons.
Les récentes élections communales ont marqué un tournant significatif dans le paysage politique belge, avec l’entrée du Parti du Travail de Belgique (PTB) dans plusieurs majorités communales : Mons (au grand dam de Gloub), Forest et Molenbeek en coalition avec Ecolo et le PS. Cette avancée du parti d’inspiration marxiste a suscité des réactions diverses, notamment celle de Georges-Louis Bouchez, président du Mouvement Réformateur (MR), qui a appelé à la mise en place d’un « cordon sanitaire » autour du PTB. Une tentative de plus d’affaiblir le cordon sanitaire envers l’extrême droite, mais également de continuer à diaboliser la gauche qui propose une rupture avec la politique pro-riches généralement appliquée.
Les calculs sont pas bons, Georges
Suite à la victoire électorale du MR aux élections régionales et fédérales, on n’entendait plus que lui. Le président du MR et son parti ont multiplié les saillies antisociales depuis leur réussite électorale jusqu’à se rendre encore plus détestables, même pour des membres de la bourgeoisie politique belge tel que Nicolas Martin (PS), bourgmestre sortant de Mons qui initiera la première majorité au PTB. le MR se croyait incontournable et une partie de sa direction pensait probablement que la détestation entre le PS et le PTB était suffisante. Mais c’était aussi sans compter une certaine volonté au PS, particulièrement dans le fief de Gloub, de laisser le MR trumpisant dans l’opposition, lui appliquant une forme de « cordon sanitaire » contre la droite radicale.
En réalité, les tendances trumpistes imprimées au MR principalement par GLB devraient pousser la réflexion dans cette direction : comment le PS peut-il encore justifier son entrée dans d’innombrables majorités aux côtés du MR…?
Le cordon sanitaire pour un parti de gauche ?
Le MR, écarté, doit se montrer offusqué, et il l’est en partie. D’où le « cordon imaginaire » qu’il nous sort de son chapeau aujourd’hui. Rappelons que le « cordon sanitaire » en Belgique est une stratégie politique qui consiste à isoler un parti d’extrême droite en refusant toute coopération ou alliance avec celui-ci. Historiquement, ce terme a été utilisé pour décrire le refus des partis dits démocratiques de collaborer avec le Vlaams Belang, d’extrême droite. Comme nous le rappelions dans un article de septembre dernier : un “cordon sanitaire” a été mis en place en 1991 sous la pression de mobilisations antifascistes de masse qui ont suivi le “dimanche noir”, la percée historique du VB.
L’objectif est de limiter l’influence de ce parti et d’empêcher que sa politique soit appliquée, en évitant de lui donner accès au pouvoir. Même si la pratique a montré que les partis dits « démocratiques », surtout ceux de droite, ont en réalité appliqué des politiques promises par l’extrême droite, par exemple à l’encontre des personnes migrantes.
Dans un système démocratique où l’extrême droite est reine, que pensez d’un parti dit démocratique ?
Au sein d’une société de classes, la démocratie ne peut pas être neutre. En réalité le système aujourd’hui favorise la droite et l’extrême droite, et favorise l’application d’une politique allant dans cette direction.
Le projet politique de l’extrême droite, outre son inhumanité, brise l’article premier de la très libérale Déclaration universelle des droits de l’homme : « Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits ». Pas de bol pour Gloub, le PTB est de gauche et donc hors de ce cordon. Même les politologues belges s’accordent à dire que le parti d’inspiration marxiste est démocratique. Mais l’essentiel pour Bouchez, c’est de faire un ramdam pour tenter de rendre la gauche infréquentable, et ainsi éviter que sa politique anti-super riches soit appliquée.
Si le PTB est tellement pris en grippe par le MR de GLB, c’est aussi parce que le PTB établit en partie de son programme sur les intérêts réels de la classe travailleuse, et la crainte d’une arrivée au pouvoir du PTB est en effet ressentie comme un péril rouge pour le MR et une couche importante de la classe dominante en Belgique. De son côté, le PS a souvent élaboré une partie de son programme en s’inspirant de la classe travailleuse mais a, à de nombreuses reprises, jeté ses engagements et son programme aux oubliettes en arrivant au pouvoir.
Retourner au temps de la discorde à gauche, et éviter qu’un programme de gauche soit appliqué
L’objectif du trumpiste montois n’est pas tellement d’ostraciser son ennemi politique héréditaire comme il aime le clamer, mais surtout de rétablir le statu quo qu’il a lui-même amené à briser : retourner au moment où le PS et le PTB ne pouvaient pas se saquer. Le PTB était ainsi auparavant une réserve de voix captives qui affaiblissait le parti socio-libéral PS. Reste à voir comment le PTB va se débrouiller avec son allié de circonstance dans les différentes communes où il participe aux majorités. Reste à charge au PTB de faire ses preuves et de montrer à la classe travailleuse belge qu’un autre avenir est possible.
La fédération liégeoise du PS ouvre (déjà) la boîte de pandore
Du côté du PS, des craquelures apparaissent déjà dans ces nouvelles coalitions « progressistes » : Le PS liégeois (Accompagné de la coopérative personnelle de François Schreuer : Véga (les soi disant verts de gauches)) ont déjà signé avec le MR la première clause anti-progressiste de Belgique. Le PS liègeois ne s’alliera pas aux partis d’extrême droite, mais également au partis dits « d’extrême gauche » et ce au niveau communal, supra communal et régional. Cette clause n’est pas tellement étonnante étant donné le dédain et l’hostilité dont fait preuve le bourgmestre cacochyme de Liège à l’égard du parti marxiste. Ce dernier avait déjà insulter en septembre la conseillère communale Céline Fassotte (PTB) de « connasse ».
Cette clause , au-delà des inimitié PTB-PS, a aussi et surtout été signée pour des raisons de politique politicienne. Cette clause a également ouvert la brèche qu’attendais le MR : ce dernier fanfaronne à tue tête qu’il imposera des clauses anti-PTB dans tout le pays.
Un cordon de mots qui s’envolent … qui s’envolent
A défaut de pouvoir imposer partout cette fameuse clause, le MR souhaiterait qu’un cordon sanitaire rhétorique se fasse autour du PTB. Ne nous laissons pas avoir, si l’extrême-droite et l’extrême-gauche peuvent user de techniques rhétorique similaire (Populisme, parler franc, anti-élite …), les projets politiques sont totalement différents.
De plus, si le VB est régulièrement sujet à des attaques en justice (Rappelons nous que le procès de Dries Van Langenhove n’est pas si loin) pour des propos racistes et des outrances xénophobe, le PTB n’a pas dû faire face à de telles occasions. Bizarre, c’est comme si ce parti respectait les obligations démocratiques que lui impose son réformisme électoraliste ?
On vous attends dans la rue
L’objectif de Bouchez semble clair : récupérer un électorat traditionnellement acquis aux partis de droite et d’extrême droite en radicalisant le discours libéral. Cette stratégie se traduit par des attaques frontales contre la gauche, qu’il présente comme une menace pour les libertés individuelles et le modèle économique libéral. Une stratégie déjà employée en France qui a conduit à la droitisation de la quasi-totalité du champs politique français. Il est du devoir du camp progressiste de tout faire pour ne pas finir comme la France :
Rejoignez-nous dans les rues, sur vos lieux de travail, dans vos quartiers. Organisez-vous en collectifs, en syndicats, en associations. Chaque action compte, chaque voix s’élève pour faire trembler les fondations de ce système injuste. N’oublions pas les mots de Marx : « Les prolétaires n’ont rien à perdre que leurs chaînes. Ils ont un monde à gagner. »
Lutter contre l’extrême-droitisation de notre champ politique est aussi lutter pour notre émancipation future. A vos mégaphones, camarades ! L’année promet d’être chargée !